Opération militaire à Beni : « Nous avons un mandat d'appui aux FARDC, mais ce n'est pas une opération conjointe », précise Leila Zerrougui

La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Leila Zerrougui, répondant aux questions de la presse locale à Goma. Photo MONUSCO

19 nov 2019

Opération militaire à Beni : « Nous avons un mandat d'appui aux FARDC, mais ce n'est pas une opération conjointe », précise Leila Zerrougui

Betyna Ipanga Lydie

La MONUSCO apporte un appui médical et logistique aux Forces armées congolaises (FARDC) actuellement engagées dans des opérations militaires à Beni contre les groupes armés, dont l’ADF. La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Leila Zerrougui, l’a précisé lors de son récent séjour au Nord Kivu, alors qu’elle répondait aux questions de la presse locale à Goma.

 

« Le gouvernement a décidé une opération offensive. Nous ne sommes pas associés à cette opération. Nous n’avons pas fait une planification conjointe. C'est une décision du gouvernement d'aller en offensive contre un groupe armé », a indiqué la chef de la MONUSCO.

 

Selon M. Zerrougui, bien qu’elle ne soit pas associée à cette opération, la MONUSCO apporte cependant aux FARDC un appui selon la distribution des tâches établies entre les deux parties.

 

« Nous apportons un appui en ce qui concerne les zones qui restent derrière, pour ne pas, justement, permettre l'infiltration et des vengeances sur la population. Nous assurons tout ce qui est appui médical, pour transporter les blessés, pour s'en occuper. Nous travaillons sur l'appui logistique qu'on peut avoir », a-t-elle précisé.

 

La MONUSCO tient à son mandat de protection des civils. C’est ainsi qu’elle estime qu’une opération conjointe avec les FARDC doit être planifiée, en amont, afin de protéger au maximum les populations civiles.

 

« Selon la résolution [du Conseil de sécurité des Nations Unies], les opérations conjointes doivent être préparées, avec une planification conjointe. Si je n'ai pas préparé l'opération, je ne vais pas y aller à l'aveuglette. Je ne sais pas ce qui va se passer. Après, je ne peux pas protéger les civils, et je vais être responsable de ça », a-t-elle expliqué.

 

Pour la cheffe de la MONUSCO, il s’agit d’éviter d’avoir « plus de civils tués que des [membres] des groupes armés tués ».

 

« La guerre, elle n'est pas facile à mener. Il faut savoir où on va, qu'est-ce qu'on veut, etc. Donc, pour le moment, on suit l'opération que les autorités ont décidé d'engager contre ce groupe armé [ADF]. Nous n'avons pas d'objection à ça et nous apportons aussi l'appui pour protéger les populations et renforcer les capacités des FARDC », a-t-elle ajouté.

 

La Représentante spéciale a par ailleurs souligné l’importance de l’appui logistique et médical apporté à l’armée congolaise.

 

« Si je suis soldat, je vais pour faire la guerre et je vois que mon collègue est blessé et que personne ne le ramasse, je ne suis plus motivé pour aller à la guerre. Donc, sortir les blessés et les soigner, ça motive les gens. Parce que si vous voyez que quelqu'un a reçu une blessure et qu'on le laisse sur le carreau, ce n'est pas rien », a-t-elle expliqué.