Première conférence de presse du Représentant spécial Roger Meece

20 aoû 2010

Première conférence de presse du Représentant spécial Roger Meece

Kinshasa, 18 août 2010 - Le nouveau Représentant du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC), et Chef de la Mission pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO), est entré en fonction le 26 juillet dernier. En trois semaines, il a rencontré de nombreux officiels congolais et effectué une tournée à l'Est, qui l'a conduit en Province Orientale et dans les Kivu. M. Meece a également participé ce mercredi à la conférence de presse hebdomadaire de la MONUSCO. Transcription des questions/réponses.

Le Représentant spécial : Bonjour à vous tous et bonjour aussi à nos auditeurs. D'abord, je voudrais ajouter aussi mes condoléances personnelles aux familles des victimes, nos soldats qui ont perdu la vie en travaillant pour l'établissement de la paix et la stabilité de ce pays et de la région. Je peux ajouter que je [présente] mes condoléances à toutes les victimes qui continuent à souffrir aux mains de ces groupes armés qui menacent la stabilité et la paix dans la région, surtout à l'est du pays.

Je viens d'arriver il y a plus ou moins trois semaines pour prendre mes fonctions comme représentant personnel du Secrétaire Général. Je voudrais dire que c'est un grand privilège de me retrouver encore ici au Congo et surtout avec les Nations Unies. Et c'est un plaisir réel aussi d'avoir l'occasion d'être parmi vous ici au Congo encore.

J'ai commencé à faire des visites initiales avec les autorités congolaises, avec des ambassadeurs et des diplomates. Mais j'ai pris aussi une semaine, la semaine dernière, en visite à l'est du pays, qui a duré toute la semaine en visitant des régions de Dungu, Bunia, Goma et Bukavu, pour mieux comprendre la situation, avoir l'occasion de voir personnellement la situation qui existe à l'est du pays. Et je voudrais continuer à visiter l'intérieur le plus souvent, mais je continue aussi mes visites de présentation et d'installation ici à Kinshasa.

Je voudrais vous dire en bref que, c'est évident pour moi d'avoir l'occasion de revenir au Congo quand on a déjà [accompli] des progrès importants, mais il est aussi évident qu'il reste encore beaucoup de choses à faire. Et je suis convaincu que nous pouvons continuer toujours à faire le progrès, construire sur la fondation déjà établie par beaucoup de monde, à travailler en partenariat avec le gouvernement, les autorités congolaises ainsi que les autres partenaires, pour assurer le futur, la paix, la réussite du pays que le peuple congolais mérite bien.

Alors, je suis venu pour contribuer à cet effort. Je reste toujours optimiste pour le futur, malgré les défis malgré, les difficultés. Et je me considère très privilégié d'avoir une équipe que je trouve ici à la MONUSCO et les agences des Nations Unies avec qui je peux travailler.

Avec ces mots de présentation, je suis ouvert à vos questions.

Question 1
Eyenga Nsana / LE POTENTIEL : M. le Représentant Spécial, nous sommes très intéressés par votre tournée, que vous venez d'effectuer à l'est. (...) Vous avez été à Dungu, à Bunia, comme vous l'avez dit, à Goma et à Bukavu. Voulez-vous nous faire un peu l'état des lieux de votre tournée. Ca va ? Ca ne va pas ? Quels sont les problèmes ? Parce que vous avez évoqué, au cours de votre tournée, la présence des groupes résiduels. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour stabiliser ? Ca, c'est la première préoccupation.

Il y a aussi l'aspect électoral. Vous avez eu des entretiens ici avec les autorités pour appuyer et accompagner le processus électoral, d'autant plus qu'il y avait une mission des Nations Unies qui était ici. Qu'en est-il exactement ?

Question 2
Nkiere Mayi / AGENCE CONGOLAISE DE PRESSE : M. le Représentant Spécial, vous avez été en tournée en Ituri, à Goma également. D'après vous, qu'est-ce qui peut être à l'origine d'une telle attaque de la part des agresseurs contre les casques bleus ? Parce que, vous venez de rentrer de là, et apparemment tout était calme. Nous sommes quand même surpris que des agresseurs viennent attaquer les casques bleus dans leur camp !

Question 3
Flaviens MUSANS / 2ASTV : M. le Représentant Spécial, [dans] votre rencontre avec les différentes autorités de Kinshasa, vous avez retracé vos priorités, entre autres l'appui aux élections et la formation de différentes unités de la Police Nationale Congolaise. Mais sur le plan sécurité, vous n'avez rien dit. Qu'est-ce que vous pensez par rapport à cela ?

Le Représentant spécial : Merci pour les questions. D'abord, concernant la visite à l'est même, comme [je l'ai fait] remarquer pendant la visite aux membres de la presse ainsi qu'à d'autres, d'abord c'est un voyage bien sûr de connaissance pour moi, pour commencer à refaire la connaissance des régions que j'ai visitées dans le passé, mais en particulier pour mieux comprendre les conditions actuelles qui existent : les problèmes, les défis ainsi que ce qu'on a déjà [accompli].

J'ai déjà dit au début que j'ai remarqué qu'on a déjà fait un progrès important dans plusieurs sens, et j'ai pris note de cela aussi durant la visite ; mais, bien sûr, il reste encore des choses à faire. MONUC est devenue MONUSCO, et on a ajouté le [mot] « stabilisation » dans notre nom. Il me semble très juste, et en particulier à l'est du pays, peut-être parce que nous avons des tâches à faire dans plusieurs sens. On part toujours de la sécurité, et c'est juste. C'est important. Il faut commencer avec des conditions de sécurité adéquates pour nous permettre de progresser dans plusieurs autres domaines. Mais en même temps, pour la stabilisation, commencer avec la sécurité bien sûr, mais il y a plusieurs autres secteurs. Par exemple, nous avons des programmes que nous faisons dans le secteur de la justice civile ainsi que militaire. Ca, c'est important. C'est une partie de la sécurité, mais c'est aussi une partie importante de l'augmentation de la capacité des institutions de l'Etat, donc clef pour la stabilisation, la réussite à long terme du pays. On a évoqué aussi la question de la formation de la police. Je crois que c'est aussi un autre aspect clef pour le futur du pays parce que, bien sûr, il faut avoir une PNC avec la capacité d'assurer la sécurité à travers toutes les régions, tous les districts du pays qui sont en place, avec la capacité de remplir leur devoir. Donc, ça c'est aussi un aspect important du point de vue de la stabilisation mais lié aussi aux conditions de sécurité.

Il y a le travail qui est en train d'être fait. Par exemple, j'ai visité au Sud-Kivu des projets impressionnants avec l'implication de nos unités de la MONUSCO de génie, coordonnés par l'Office International de Migration, pour la construction des routes. Très important pour la normalisation du commerce pour permettre la circulation libre des personnes et des biens. Ca aussi, c'est un aspect important pour la sécurité — assurer la sécurité à long terme. Il y a aussi des projets pour la construction des casernes pour les FARDC. Ça aussi, ce sont des projets coordonnés par l'Office International de Migration. Ça aussi, je le considère très important. Et je suis très content de voir cette coordination entre la MONUSCO, l'OIM et les autres partenaires pour la réalisation de ces projets.

Donc, en bref, ça veut dire qu'il y a des liens entre la question de la sécurité, qui a tellement d'importance, ainsi que la stabilisation et donc la réussite à long terme du pays. Ce sont les choses que j'ai commencé à voir pendant cette visite. Bien sûr, je continue à approfondir ma connaissance de tous les aspects, des précisions de différents dossiers, (...) aussi dans nos échanges, notre partenariat avec le gouvernement, les autorités comment nous pouvons mieux faire, comment nous pouvons continuer à améliorer les conditions et faire achever nos objectifs communs de façon le plus efficace possible.

Pour les élections, bien sûr, j'ai déjà dit plusieurs fois que, dans les différentes réunions, c'est une priorité bien précisée par le gouvernement ; c'est une priorité pour nous de jouer notre rôle à soutenir ces élections pour assurer la tenue des élections libres et transparentes comme on a fait en 2006. Vous avez évoqué la mission d'évaluation des besoins qui a été ici. Ils ont travaillé pendant deux semaines. Plus de deux semaines. Et, à mon avis, ils ont fait un très bon travail en coordination avec la Commission Electorale Indépendante ainsi qu'avec les autorités du gouvernement pour commencer à concrétiser la planification des ressources dont on a besoin pour assurer le soutien logistique, par exemple de notre part, et pour bien commencer, en forme très concrète, la mise en [œuvre] de différents aspects. Bien sûr, l'enregistrement des électeurs a déjà commencé ; il reste beaucoup de choses à faire. Je suis très confiant, très optimiste pour cet exercice. Bien sûr, j'ai assisté ici à la tenue des élections en 2006. J'étais très impressionné par le travail qui a été fait à cette époque par la Commission Electorale Indépendante avec l'implication de la MONUC et des autres partenaires. Et il me semble que nous sommes à un bon début pour assurer aussi une réussite de ce cycle selon le calendrier annoncé par la Commission Electorale Indépendante récemment il y a, je crois, une ou deux semaines.

Concernant la question de l'attaque contre nos personnels ce matin, comme le général l'a dit, nous sommes en train de faire l'enquête. Je préfère ne pas faire de la spéculation à ce point de qui et de quoi exactement. Bien entendu, c'est une grande préoccupation. Nous allons continuer à obtenir tous les faits, et on va vous communiquer l'information dès qu'elle sera disponible. Mais il ne semble pas très utile de faire de la spéculation à ce point.

Finalement, on a évoqué le projet pour la formation de la police. J'ai déjà parlé de l'importance que j'accorde à ce secteur. Nous faisons déjà beaucoup d'activités dans ce domaine. Mais il y a une requête déposée chez nous par le gouvernement pour une nouvelle initiative très importante aussi pour augmenter les efforts, et nous sommes en train d'étudier comment nous pouvons mettre en [œuvre] ce projet. C'est quelque chose d'important. Nous essayons de tout faire pour continuer et même élargir nos efforts dans ce domaine.

Question 4
Venant Vudisa / RTNC : M. le Représentant Spécial, vous avez dit que vous ne voulez pas spéculer autour de cette attaque, mais permettez quand même qu'on y revienne. Quelle lecture faites-vous de ce regain de tension quelques semaines après votre prise de fonctions ? Un mauvais départ pour vous ? C'est une question.

De deux, outre le volet sécuritaire, M. Alan Doss, votre prédécesseur, a consenti beaucoup d'efforts pour que les institutions de Bretton Woods viennent à la rescousse de la RDC pour son développement et sa reconstruction. M. Roger Meece va-t-il s'impliquer dans cette dynamique pour que ces institutions financières viennent en aide à la RDC ou se contentera-t-il de dire « autre mandat, autre mission » ?

Question 5
Roger Marley / CMC TV : M. Roger Meece, les forces négatives qui envahissent la République Démocratique du Congo sont généralement à la recherche de ce qu'on appelle le « Lebensraum. » Si vous étiez allemand, vous auriez compris la force explicative de ce mot, mais je traduis quand même : c'est l'espace vital. Alors, au Rwanda, il existe une initiative très intéressante : c'est celle de la prévention des conflits par des projets de développement social. Puisqu'il s'avère que les forces négatives qui attaquent la République Démocratique du Congo ne veulent pas quitter notre territoire, est-ce qu'il existe au sein de la MONUSCO un programme ou une initiative qui viserait à transformer ces forces négatives en agents de développement social tel que ça se fait au Rwanda ?

Question 6
Dovin Ntelolo / L'OBSERVATEUR : M. le Représentant Spécial, vous venez de prendre vos fonctions dans un contexte post-conflit. Cependant, il existe encore des groupes résiduels dans l'est du pays. Ainsi, quelle seront vos priorités ? Si vous voulez, qu'est-ce qui va caractériser votre mandat ?

Le Représentant spécial : Merci pour ces questions. D'abord, je vois qu'il y a plusieurs questions concernant toujours les groupes armés et la situation sécuritaire surtout à l'est. Ce que je voudrais dire, d'abord c'est évident qu'il reste encore — et j'ai parlé de cela quand j'étais à l'est — des menaces à la population civile, des menaces à la stabilité de la région posées jusqu'à présent, malgré tous les efforts faits pendant ces années, par ces groupes armés. Bien sûr, il y a des groupes étrangers —il y a malheureusement des congolais aussi — qui menacent la stabilité, la paix de la population. Et c'est évident qu'il est important de tout faire pour minimiser et éventuellement éliminer cette menace des groupes armés, soit leur origine soit leur motif. Parce que pour [accomplir] la stabilité durable de la région, pour obtenir la réussite de la région dans tous les sens — économique, social, et autres — il faut avoir des conditions de sécurité.

Je voudrais dire, concernant la question de priorité, que la protection des civils reste toujours la première priorité bien précisée par le Conseil de Sécurité pour notre Mission, la MONUSCO. Donc, en ce sens, la préoccupation avec ces groupes, ou bien n'importe qui, qui menace la sécurité des civils, reste toujours notre priorité, notre préoccupation. Et nous travaillons toujours avec les FARDC et toutes les personnes intéressées pour tout faire pour éliminer cette menace. Les opérations militaires constituent une partie de ce problème. Il y a aussi les autres, desquels j'ai parlé plus tôt, par exemple le développement du commerce, la normalisation, l'accès par route, qui donnent aussi le bénéfice à la sécurité d'augmenter la circulation et la vie normale de la région. Mais certainement, les groupes armés continuent à être un gros problème, une menace à la population. Nous continuons nos efforts à soutenir les FARDC et nos propres opérations pour s'adresser à ces problèmes. Pour les groupes étrangers, c'est important, il me semble, toujours de tout faire, le maximum possible, pour obtenir le rapatriement chez eux. Mais en tous cas, c'est la priorité : minimiser, éliminer la menace des groupes armés qui [pèse] toujours sur la stabilité de la région.

Pour l'autre question du long terme, c'est dans le domaine de la stabilisation, si vous voulez, dans notre mandat, j'ai dit que, il me semble, en général, on peut parler de la priorité sur notre mandat de faciliter l'établissement de l'autorité de l'Etat à travers tout le territoire congolais. Et donc, c'est nécessaire de tout faire pour augmenter, faciliter la capacité des institutions de l'Etat. J'ai cité plusieurs déjà : la police, le secteur de justice. Je peux [citer] d'autres aussi. Mais ça, c'est dans le domaine de ce que nous faisons et nous continuons à faire [de ce domaine] une priorité [en tant que] MONUSCO. Je voudrais aussi ajouter que ce n'est pas une question uniquement de la MONUSCO. Nous approchons ce problème, et certainement, c'est mon approche personnelle de voir toutes les agences des Nations Unies avec la MONUSCO comme une famille onusienne. Donc, en travaillant ensemble, en collaboration le plus proche possible. Et c'est aussi une priorité précisée par le Secrétaire Général d'avoir une « Nations Unies », et donc c'est une question de coordonner entre la MONUSCO et toutes les agences, [pour] maximiser l'impact de nos programmes, d'assurer la coordination de nos efforts, d'utiliser les ressources disponibles à chacun pour avoir un impact maximum, et donc d'encourager à faciliter le développement du pays. C'est ça qu'il faut faire ; c'est ça qui est important pour [accomplir] la réussite de la population, du pays, de la région, la stabilité ainsi que le développement économique que nous cherchons ensemble avec le gouvernement et d'autres partenaires.

Question 7
Steve Wembi / MIGRANT 2 MIGRANT : M. Roger Meece, après votre entretien avec les autorités locales de la RD Congo, vous avez été dans trois provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et la Province Orientale. Maintenant, ma question est de savoir, quelle est selon vous la province la plus insécurisée ?

Deuxièmement, vous avez évoqué aussi la question des élections, la tenue des élections en 2011. Aujourd'hui en RDC, il y a un problème qui touche la publication du nouveau calendrier électoral. Comme la MONUSCO a un nouveau mandat, donc la stabilisation en RDC, les élections, c'est la politique. Il y a le politique, les politiciens maintenant qui revendiquent. Les autres rejettent ce calendrier électoral. Que pense la MONUSCO pour stabiliser ? Parce que si ça continue comme ça, je ne sais pas que sera l'apocalypse ?

Question 8
Philémon Longonya / RTG@: Je reviens sur votre récente visite en Province Orientale, notamment à Bunia, où vous avez déploré le fait qu'il y avait toujours des forces résiduelles et vous avez promis le soutien de la MONUSCO aux FARDC pour éradiquer cette présence. Depuis cette déclaration jusqu'à ce jour, qu'est-ce que vous, disons la MONUSCO a fait concrètement en ce qui concerne l'appui aux FARDC pour éradiquer ces forces ?

Question 9
Maurice Liengo / 7SUR7.CD : M. le Représentant Spécial, je voudrais que vous éclairiez un peu ma lanterne, parce que quand je vous ai suivi tout à l'heure, vous avez déjà effectué des visites dans quelques provinces, mais je ne vous ai pas entendu parler de la province de l'Equateur. Devrons-nous penser que la situation humanitaire qui est fort préoccupante là-bas ne semble pas émouvoir la MONUSCO ?

Le Représentant spécial : Merci beaucoup. D'abord, concernant les élections, on a évoqué qu'il y a l'activité politique liée aux élections. Bien sûr, c'est le caractère des élections dans tous les pays. Mais pour nous, en ce qui nous concerne, c'est de travailler, de faire d'abord le soutien logistique pour permettre à la Commission Electorale Indépendante, et éventuellement la CENI récemment adoptée par l'Assemblée nationale et le Sénat, d'assurer les conditions qui vont permettre l'exercice démocratique, transparent et juste. Dire qu'il existe des problèmes qui risquent de perturber les élections, mais bien sûr, ça c'est le cas. Mais c'était le cas aussi, je voudrais vous le rappeler, en 2006. Et finalement on est arrivé, je crois, à [réunir] des conditions qui ont permis un exercice réussi des élections. Il me semble qu'on est déjà sur le bon chemin vers la tenue des élections l'année prochaine au niveau national, aussi — que j'espère bien (...) —dans des circonstances justes, transparentes, démocratiques. Nous faisons de notre mieux pour assurer le soutien logistique et autre pour permettre la tenue des élections comme telles. La politique, la campagne interne des politiques, c'est quelque chose [au] peuple du Congo de décider. Nous sommes concernés par les conditions qui vont permettre au peuple congolais d'exercer leur droit de choisir leurs représentants, leur chef de l'Etat dans des circonstances de transparence des élections démocratiques. C'était fait en 2006 ; je suis confiant qu'on puisse le faire encore l'année prochaine.

Pour les groupes armés, cette question... Je voudrais vous rappeler que j'ai fait la tournée à l'est la semaine dernière. Donc, en parlant des actions concrètes depuis quelques jours, c'est peut-être un peu prématuré de parler de cela, mais je voudrais vous assurer, comme j'ai essayé de dire aussi à l'est, que ça reste encore une priorité. Bien sûr, en parlant de la stabilisation, comme je l'ai dit plus tôt, il faut commencer avec des conditions de sécurité pour la population, pour la région. Donc, notre priorité, en travaillant en partenariat avec les FARDC, est toujours d'assurer ces conditions. Je voudrais vous assurer que nous faisons de notre mieux toujours dans ce sens pour continuer à réduire la capacité de ces groupes armés et éventuellement éliminer la menace à la population et à la stabilité posée par ces groupes-là.

En parlant de l'Equateur, je voudrais dire simplement, si je ne l'ai pas dit plus tôt, je voudrais souligner ici que la visite que j'ai faite la semaine dernière, ce n'est qu'une visite initiale. J'ai bien dit, même au président Kabila, que je voulais commencer à voyager à l'intérieur le plus tôt possible. C'est par ces visites que je peux mieux comprendre la situation sur le terrain. J'ai commencé avec ce voyage ; ce n'est pas du tout mon dernier à l'intérieur du pays. Je compte visiter toutes les provinces, tous nos bureaux. C'est important d'assurer et de faire quelque chose à tout niveau à travers le territoire congolais, selon nos ressources, selon nos moyens, pour améliorer la condition, les problèmes en face du peuple congolais, soit en Equateur, soit dans les autres provinces. Donc, ce n'est qu'une visite initiale la semaine dernière. Il ne faut pas penser que c'est une préoccupation unique à l'est. Bien sûr, il y a un certain aspect de l'est [qui est] particulier, surtout avec la présence des groupes armés, mais je suis très sensible aussi des besoins qui existent ailleurs. Et finalement, je voudrais dire que je ne vois pas qu'il semble utile de faire une comparaison entre une province et une autre, mais c'est simplement pour dire, par rapport aux groupes armés par exemple, [quelle que] soit la province où ils sont basés, il est important, je le répète, de tout faire au maximum possible pour réduire la menace qu'ils posent à la population, à la stabilité. Donc, on peut discuter de telle situation, de telle province, mais en général, partout où on trouve ces groupes qui continuent à menacer, à fonctionner comme une menace à la stabilité, à la population, nous faisons un effort en partenariat avec les FARDC et les autorités pour faire réduire l'effet et la menace que ces groupes posent.

Question 10
Marthe Boswandole / LA REPUBLIQUE : M. le Représentant Spécial, j'ai compris que vous vous refusez de tout commentaire par rapport à la situation qui s'est passée la nuit dernière, mais j'aimerais quand même obtenir votre réaction à chaud, parce que selon ce que le général venait de nous dire, dans un combat qui a duré cinq à six minutes, les assaillants ont réussi à tuer trois de vos soldats, en blesser sept sur une douzaine, alors quelle lecture faites-vous de la capacité militaire de vos troupes ?

Question 11
Papy Kalokola / LA LIBRE ORIENTALE : Je voudrais revenir sur la visite à l'est du Représentant Spécial, M. Roger Meece. Est-ce que, lors de votre passage à l'est, vous avez eu — je parle plus précisément du Nord-Kivu — à visiter les différents centres de négoce, notamment à Isanga et à Rubaya, que la MONUSCO est en train de construire ?

Et puis, je voudrais avoir peut-être votre entendement sur ce que la Mission actuelle de la MONUSCO attend de ces centres de négoce ? Parce qu'il se tient aussi tout à l'heure, depuis lundi d'ailleurs, une conférence sur l'exploitation illégale des ressources naturelles... C'est vrai, dans le passé, il y a eu aussi d'autres rencontres du genre mais qui se focalisaient sur le genre et les violences sexuelles, mais pour le moment, c'est un peu particulier parce qu'on insiste sur les droits de l'homme. La question est de savoir, à quand l'opérationnalité de ces assises ? Parce que, de conférence en conférence, il reste qu'on passe pour le moment aux actes.

Question 12
Samuel Benoît Bukasa / LA REVOLUTION : M. le Représentant Spécial, je me dis que la guerre doit se faire à deux fois, c'est-à-dire sur le plan des armes et sur le plan mathématique, dans le sens où, si les armes n'arrivent pas à donner une solution au problème qui est sur terrain, chercher à négocier que ces assaillants ou que ces rebelles qui tourmentent la population congolaise puissent comprendre qu'il est temps de cesser la guerre et d'arriver à s'intégrer dans la population pour chercher le développement de la RDC. Alors, ma question est de savoir, est-ce que la MONUSCO continue à chercher à les rencontrer pour qu'ils puissent intégrer le schéma de la paix établi par les Nations Unies pour notre pays ?

Le Représentant spécial : D'abord, concernant l'attaque ce matin, je ne peux que répéter le choc que j'ai senti, et la tristesse, pour la perte de nos soldats. Malheureusement, je peux vous rappeler que ce n'est pas la première fois qu'on a perdu des soldats de paix de la MONUC dans le passé, MONUSCO actuellement. Nous allons continuer nos efforts. J'ai toute la confiance dans nos personnels de faire leurs efforts. Ce sont des soldats professionnels. C'est une perte très triste, mais je vous assure que nous allons continuer nos efforts dans tous les sens contre les menaces posées par les différents groupes armés, y compris le groupe qui a fait cette attaque ce matin.

On a posé une question de centres de négoce. Je n'ai pas eu l'occasion de visiter les centres pendant ce voyage. Mais les centres sont importants comme une partie de l'effort contre l'exploitation illicite des ressources. C'est aussi quelque chose d'important pour le futur du pays. J'ai l'habitude de parler de la normalisation du commerce. Il me semble quelque chose d'important en tous sens. Le centre de négoce n'est qu'une partie de la stratégie pour arriver à cette normalisation. C'est un effort, il me semble, qui exige des relations de la région. Et bien sûr, on a vu une amélioration nette de ces relations régionales depuis quelques années. Il y a des efforts aussi déjà en cours par différents gouvernements à l'étranger pour contrôler l'achat des ressources obtenues par des moyens illégaux. Et je crois que nous devons continuer les efforts à tous les niveaux, y compris les centres de négoce, pour arriver à cette normalisation, à l'exploitation par les opérateurs économiques légitimes et éliminer l'exploitation illicite qui continue à nourrir les problèmes de la région.

Finalement, je voudrais vous dire que la pression militaire, évidemment, est toujours importante mais ce n'est pas la seule. Et du point de vue de la volonté de la population, je suis personnellement convaincu que la grande majorité des congolais est devenue trop fatiguée des combats, des violences depuis longtemps. On ne veut qu'avoir une vie normale, [mener] une vie dans des conditions de sécurité et avoir la stabilité. Donc, dans ce sens, nous faisons nos efforts, comme je l'ai dit, pour éliminer cette menace posée par les groupes armés et permettre à cette majorité — la grande majorité des congolais — de poursuivre leur vie. Bien sûr, il faut prendre d'autres actions aussi. Et j'ai déjà parlé de l'importance des efforts dans le sens de la stabilisation, qui est aussi liée aux conditions de sécurité. Tout est lié. Nous allons continuer nos efforts à tous les niveaux, dans tous ces secteurs. Nous continuons toujours à chercher comment nous pouvons améliorer, comment nous pouvons être plus efficaces, mais ça reste toujours notre priorité, notre mandat pour la MONUSCO.

Finalement, (...) je voudrais vous dire encore que c'est un plaisir ré