Beni : des assises pour renforcer la protection des populations face aux menaces du M23

Cette rencontre a permis aux membres des comités locaux de protection (ville et territoire) d’échanger avec les acteurs en charge de la gestion des alertes afin d’évaluer et d’améliorer les stratégies de coordination.

5 mar 2025

Beni : des assises pour renforcer la protection des populations face aux menaces du M23

Ado Abdou

La province du Nord-Kivu traverse actuellement une crise sécuritaire aggravée par la reprise des combats entre le groupe armé M23 et les forces gouvernementales. Le territoire de Beni, également exposé à cette menace, doit adopter une approche proactive afin de renforcer son système d’alerte et d’assurer une réponse efficace et adaptée.

Dans cette perspective, les membres des comités locaux de protection de la ville et du territoire de Beni se sont réunis le 4 mars 2025 à Beni-ville. Cette rencontre fut l’occasion d’échanger avec les acteurs en charge de la gestion des alertes - notamment les autorités provinciales et locales, ainsi que des représentants des FARDC et de la PNC - afin d’évaluer et d’améliorer les stratégies de coordination en vue d’un environnement plus sûr.

Selon Jean-Paul Kapitula, coordinateur urbain de la protection civile de Beni, « les alertes précoces et les réponses rapides sont essentielles pour aborder les questions de protection et de sécurité. Ces assises doivent se concentrer sur le renforcement du système d’alerte précoce, particulièrement en cette période de turbulence. La ville et le territoire de Beni ont besoin de quiétude et de cohésion pour que règnent la paix et la sécurité ». Cette rencontre visait ainsi à évaluer les mécanismes d’alerte existants, à identifier leurs faiblesses et à proposer des améliorations pour les rendre plus efficaces.

Un territoire en proie à de nombreux défis sécuritaires

Face au risque d’extension du conflit dans le territoire de Beni, l’administration provinciale a sollicité l’appui de la MONUSCO, via sa section des Affaires civiles, afin de renforcer la gouvernance participative locale en matière de sécurité, notamment à travers le service de la protection civile. Cette demande se justifie d’autant plus que, depuis que cette crise menace la région, le nombre d’alertes et les réponses sécuritaires fournies par les autorités locales ne cessent d’augmenter.

Par ailleurs, Beni est déjà confrontée à une menace persistante : la présence des rebelles des Allied Democratic Forces (ADF) ainsi que de divers autres groupes armés disséminés sur son territoire. Face à ces dangers multiples, « la MONUSCO a mis en place un certain nombre d’outils et de mécanismes », a rappelé Obatoki Adam Salami, chef par intérim du sous-bureau de la MONUSCO à Beni. Il a notamment cité les assistants de liaison communautaire (CLA) et les comités locaux de protection (CLP) comme instruments clés de cette stratégie.

Grâce au réseau des alertes communautaires, les comités locaux de protection signalent les menaces aux assistants de liaison communautaire, lesquels répercutent ensuite ces alertes aux autorités compétentes. Un dispositif qui jusqu’à présent s’est révélé efficace et qui a permis de sauver de nombreuses vies.

Il convient de souligner que ces assises interviennent à un moment où Beni est devenue la capitale provinciale provisoire. Les autorités provinciales s’y sont installées, nécessitant une adaptation du système d’alerte existant à cette nouvelle réalité. Une coordination renforcée et une diffusion efficace des alertes sont essentielles pour garantir des réponses rapides et appropriées.

Évaluer les mécanismes existants pour mieux les optimiser

Outre la section des Affaires civiles, la MONUSCO était également représentée à cette rencontre par la Police des Nations Unies (UNPOL) et par la Brigade d’intervention de la Force de la MONUSCO (FIB). Selon Jean-Paul Kapitula, ces acteurs jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des mécanismes d’alerte précoce : « La Brigade d’intervention de la MONUSCO appuie les FARDC, tandis que la police de la MONUSCO soutient la PNC. Comme vous l’avez constaté, l’armée congolaise et la police nationale congolaise sont présentes. Les partenaires sont là, le gouvernement est là. Il s’agit de déterminer qui fait quoi, avec quels moyens et comment. L’objectif est d’évaluer les contributions du gouvernement et des partenaires, ainsi que les besoins à combler. Nos partenaires nous aideront dans ce sens », a déclaré Jean-Paul Kapitula. Il en va de la quiétude, de la paix et de la sécurité dans le territoire de Beni.