Beni : la MONUSCO renforce les capacités des agents pénitentiaires de la prison centrale
Face à l’insécurité croissante dans les établissements carcéraux congolais, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), à travers son Unité d’appui à l’administration pénitentiaire, a organisé une session de renforcement des capacités à l’intention des agents de la prison centrale de Beni. Cette formation, tenue les 18 et 19 avril 2025, a été conduite en partenariat avec la Légion Nationale d’intervention (LNI) de la Police nationale congolaise et la Police de la MONUSCO (UnPol).
Ce programme a ciblé les agents en charge de la sécurité de la prison de Kangbayi, dans une démarche proactive visant à anticiper les risques d’émeutes, d’évasions massives et d’attaques extérieures. « C’est un renforcement des capacités sur les techniques d’intervention et de maintien de l’ordre dans l’établissement pénitentiaire. Il y a aussi une formation sur la prévention des incidents en milieu carcéral », explique Tsongo Makelele, directeur de la prison centrale de Beni.

Conçue initialement pour accueillir 250 détenus, la prison centrale de Beni en héberge aujourd’hui plus de 1 450, soit un taux de surpopulation de plus de 600 %. Une promiscuité extrême, qui engendre des tensions fréquentes et accroît les risques de mutinerie. À cela s’ajoute la nature sensible des détenus, dont un grand nombre est issu de groupes armés opérant dans la région. « La prison est située dans une zone opérationnelle, ce qui la rend vulnérable à des attaques extérieures. Nous devons être prêts à y faire face », souligne le directeur Makelele.
Entre menaces internes et périls extérieurs
La sécurité de la prison est compromise non seulement par les risques d’attaques armées de l’extérieur, mais aussi par des dysfonctionnements internes. Fiston Baleko, commandant du détachement de la Police affecté à la prison, tire la sonnette d’alarme : « Certains agents ne maîtrisent pas les fondamentaux de la sécurité pénitentiaire. On trouve dans la prison des objets interdits : boissons, chanvre, couteaux… Ce sont des éléments qui alimentent les violences entre détenus ».
Cette réalité justifie l’importance de la formation, comme le souligne Faustin Nyembo, commissaire supérieur et l’un des formateurs de cette session : « Il ne s’agit pas seulement d’enseigner des techniques, mais de changer les mentalités et les méthodes de travail. Nous remettons à niveau l’ensemble du personnel - pénitentiaire, civil et militaire - pour qu’il puisse assurer une sécurisation efficace de la prison ».
Une formation aux multiples bénéfices
Cette formation s’inscrit dans une stratégie globale de prévention des incidents, avec pour objectif de doter les agents de compétences solides en matière de gestion des crises, de self-défense, de contrôle des foules et de détection des risques. Pour le directeur de la prison, cette initiative arrive à point nommé : « Les bénéficiaires doivent s’approprier ces méthodes pratiques. Cela permettra de diminuer les risques d’incidents, et de professionnaliser davantage notre personnel dans la gestion des situations délicates ».
À travers ce programme, la MONUSCO réaffirme son engagement à soutenir les autorités congolaises dans la réforme et la sécurisation du système carcéral. Dans un contexte où les prisons deviennent des cibles privilégiées pour les groupes armés, renforcer la résilience des établissements comme celui de Beni est devenu un impératif sécuritaire national.
