Kasaï Central : Libération de plus d’une centaine de mineurs incarcérés pour association au mouvement insurrectionnel Kamuina Nsapu

Kasaï Central : Libération de plus d’une centaine de mineurs incarcérés pour association au mouvement insurrectionnel Kamuina Nsapu
7 mar 2017

Kasaï Central : Libération de plus d’une centaine de mineurs incarcérés pour association au mouvement insurrectionnel Kamuina Nsapu

Entre Décembre 2016 et Février 2017,  l’Auditorat Militaire de Garnison de Kananga et de Tshikapa ont  procédé à la libération de plus d’une centaine d’enfants  incarcérés, dont certains depuis Aout 2016, pour association au mouvement insurrectionnel Kamuina Nsapu.  Ces enfants ont été capturés par les Forces armés de la République Démocratique du Congo (FARDC) au cours de différents affrontements avec ladite milice.  Un dernier groupe de 20 enfants dont 1 fille a éte  libéré  le 23 Février 2017 faisant suite au plaidoyer de la Section Protection de l’enfant de la MONUSCO et ses partenaires.  Cette libération fait partie des efforts des autorités de la province du Kasaï Central pour  pacifier la province en proie aux violences depuis plus de six mois, suite à la mort de Jean-Pierre Pandi, chef traditionnel du groupement  de Kamuina Nsapu, du secteur Dibatayi, dans le district de Tshimbulu, territoire de DIBAYA, à environ 150 km au sud de Kananga au Kasaï Central.

La milice porte le nom du chef traditionnel Kamuina Nsapu, qui militait depuis début 2016 pour sa reconnaissance par les autorités congolaises ainsi que la prise en charge de ses charges coutumières.

Ces enfants âgés de 4 à 16 ans disent avoir été recrutés en août 2016 dans différents villages des provinces du Kasaï. Ils ont été utilisés comme gardiens des fétiches et éclaireurs. Ils portent comme armes, des bâtons et des couteaux.

 Les enfants affirment avoir été trempés et lavés, par différents Chefs dont ils ignorent les noms, dans une eau prétendument magique en signe d’initiation pour appartenir au groupe. Ils déclarent qu’on leur a remis des bandeaux rouges à mettre sur la tête ou à l’un des bras, après la séance de « Tshizaba », cérémonie rituelle sensée les rendre invulnérables et immortels face aux balles.

Après avoir fait boire aux enfants un liquide prétendument magique, les chefs les envoient en mission pour conquérir les villes et villages des provinces Kasaïennes. Ils affrontent alors régulièrement les forces de sécurité, par vagues et dans différentes localités. Ces affrontements ont déjà fait plusieurs morts dans la population, dans les rangs des forces de sécurité et au sein de la milice elle-même. Aussi, selon OCHA, à la mi-janvier 2017, près 216.000 personnes représentant environ 36.000 ménages ont été déplacées à cause de ces violences qui durent depuis août 2016. Ces personnes auraient, selon OCHA, trouvé refuge au Kasaï Oriental et dans les forêts avoisinantes.

Ces enfants ont été capturés par les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pendant les différents affrontements et remis au Tribunal pour enfants.  Après leur libération, ils ont tous été encouragés à ne plus participer au mouvement de la milice avant de rejoindre un centre de transit en vue de leur prise en charge et leur réinsertion dans leurs familles.

Il faut rappeler que, compte tenu de la stabilité qui a longtemps prévalu à l’ouest de la RDC,  la MONUSCO a fermé ses bureaux dans cette partie du pays, notamment dans les Kasaïs en 2013, pour ne laisser que des antennes composées de quelques dizaines de personnes à Kananga et à Mbuji-Mayi. Près de 90% de l’effectif de la MONUSCO a alors été redéployé à l’Est de la RDC où persistaient encore quelques poches d’insécurité.

C’est donc pour soutenir les efforts du Gouvernement congolais à juguler la situation, que depuis décembre 2016, la MONUSCO renforce la présence militaire dans les Kasaïs. Ce renforcement s’est traduit par une présence notamment à Kananga au Kasaï Central et le déploiement de trois bases temporaires mobiles dans trois zones de cette province à Tshimbulu, Luiza et Kabeya Kamwenga pour la protection des populations civiles.

La MONUSCO a aussi décidé de renforcer son effectif civil depuis 2017 en dépêchant une mission pluridisciplinaire d’évaluation de la situation sécuritaire avec les autorités du Kasaï Central, du Kasaï Oriental, de Lomami et du Kasaï, sur les pistes de solution pour ramener le calme.

C’est dans ce cadre qu’une délégation française du Conseil de sécurité des Nations a effectué une brève mission à Kananga au Kasaï Central, le jeudi 02 mars 2017 pour se rendre compte de la situation sécuritaire ainsi que du renforcement et du déploiement des effectifs militaires et civils de la Monusco sur le terrain afin de voir quel pourrait être l’évolution du nouveau Mandat de la Mission à adopter au plus tard fin mars 2017.

Par Biliaminou Alao