La MONUSCO appelle à mettre fin au phénomène d’enfants soldats

10 juil 2015

La MONUSCO appelle à mettre fin au phénomène d’enfants soldats

«Les parents et toutes les couches sociales doivent s’impliquer dans la lutte contre le recrutement des « Kadogos », ou enfants associés aux forces ou groupes armés.» Tel a été l’appel lancé mardi 6 Juillet 2015 à Bunia dans la salle polyvalente de la ville par le représentant du Chef de division de l’Ituri, lors de la cérémonie de lancement des « 30 jours d’activisme contre l’utilisation des enfants dans les conflits armés ».

«Cette campagne vise à interpeller les différentes couches sociales sur le danger que représente de ce fléau qui ronge l’avenir des enfants et surtout des filles,» ont indiqué les sections Protection de l’Enfant et Genre de la MONUSCO, qui ont organisé cette campagne en partenariat avec le bureau Genre et Famille de la ville de Bunia, et l’association des jeunes reporters de l’Ituri.

Cette campagne de sensibilisation à la lutte contre le recrutement d’enfants soldats, a démarré avec une marche au son de la musique jouée par les jeunes reporters.

Puis le programme s’est poursuivi dans la salle polyvalente de la ville, où l’assistance a eu droit à une série de discours. D’abord celui prononcé par le porte-parole des enfants reporteurs, Nathan Mugisa, fustigeant la présence de certains enfants communément appelés « Kadogo » au sein des groupes armés au sud d’Irumu et en territoire de Mambasa.

«Les groupes armés enrôlent les enfants et les adolescents afin de leur faire commettre les mêmes basses besognes que les adultes, et les soumettent aux pires corvées, dans le Sud Irumu et dans le territoire de Mambasa, » a dit Mugisa.

Et de préciser : « humiliés, certains enfants sont utilisés comme combattants, d’autres comme porteurs, cuisiniers, messagers, éclaireurs, porte- bonheurs, espions et surtout comme esclaves sexuels voire soumis au mariage forcé et précoce avec les chefs de guerre….»

La place de l’enfant, c’est l’école et en famille et non dans les forces armées, a-t-il poursuivi, en paraphrasant Martin Kobler. En effet, dans un discours prononcé le 12 février dernier, le Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU en RDC et Chef de la MONUSCO, disait : «la place des enfants est à l’école et non sur le champ de bataille. Donnons-leur des crayons, des stylos et des cahiers et non des armes».

Nathan Mugisa a conclu son allocution en invitant « tous les enfants soldats à se rendre » et en appelant les « jeunes à résister aux groupes armés et que des efforts continus soient mis en œuvre pour que les enfants puissent jouir de leurs droits. »

Pour sa part, la MONUSCO a estimé que c’est à l’Etat congolais qu’il revient en premier lieu de mobiliser les efforts dans cette lutte qui doit être permanente.

« Ici, l’Etat est interpellé parce que la responsabilité de créer les conditions propices pour la sécurité de nos enfants incombe en premier lieu à l’Etat et ensuite aux parents qui doivent par ailleurs s’assurer que leurs enfants ne sont pas enrôlés dans les groupes armés, et cela est un combat continue,» a déclaré Julius Fondong, des affaires politiques et représentant le Chef de bureau de la MONUSCO.

Quant au représentant du Chef de division en Ituri, Paluku Bana Kawa, il a invité l’assistance à scander un « Non » retentissant au recrutement d’enfants soldats, avant de souligner que la lutte contre ce fléau est l’affaire de tous, y compris des enfants eux-mêmes.

Cette campagne pour la protection des droits des enfants a été organisée en marge du 25e anniversaire de l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, célébré le 26 juin de chaque année. Selon Célestine Assuie, de la section Protection de l’Enfant de la MONUSCO, cette charte a introduit un point important dans la protection des enfants lors les conflits armés en relevant l’âge du recrutement à 18 ans plutôt qu’à 15 ans, comme stipulé dans le Statut de la Cour pénale internationale. La date du 26 juin 2015 marque également le 10e anniversaire d’une des résolutions très importantes utilisée par les acteurs de la protection de l’enfant, à savoir la résolution 16/12 du conseil de sécurité de l’ONU..»

Signalons que cette campagne qui va durer 30 jours est organisée conjointement par les sections Genre et Protection de l’enfant de la MONUSCO en collaboration avec le Bureau Genre et famille de l’Ituri. Elle va mettre un accent particulier sur le problème du recrutement des jeunes filles par les groupes armés.

Laurent Sam OUSSOU