Protection des civils : la Monusco renforce les capacités des Chefs de Groupements en Territoire d’Uvira

31 déc 2016

Protection des civils : la Monusco renforce les capacités des Chefs de Groupements en Territoire d’Uvira

Uvira, le 30 décembre 2016 – La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, Monusco-Uvira, à travers sa Section des Affaires civiles, a organisé ce jeudi 29 décembre une séance de renforcement des capacités des Chefs de Groupements du Territoire éponyme. Quatorze participants ont pris part à cette formation, dont onze Chefs de Groupements et de Localités. L’objectif de cette capacitation était d’amener ces autorités coutumières à mieux collaborer avec les Services de sécurité, notamment les Fardc, la Police nationale congolaise, la Direction Générale de Migrations (DGM) ou encore l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), en vue d’un meilleur partage et en temps réel d’informations à caractère sécuritaire. Les Groupements et Localités sélectionnés pour cette formation sont ceux qui connaissent en effet une insécurité chronique, un environnement caractérisé par des assassinats ciblés, mais également par des affrontements réguliers entre Fardc et groupes armés, avec des déplacements de populations.

Cette initiative de la Monusco fait suite à plusieurs constats ayant mis en lumière la faible collaboration entre les autorités locales et les Services de sécurité. Plusieurs fois ainsi, il a été observé que la population des Moyens Plateaux (Bidjombo, Kijaga, Nakasherwe, Katala ou Katonyera) par exemple subit des exactions de groupes armés depuis de nombreuses années, avec déplacements de civils, sans que de telles informations parviennent aux différents Services de sécurité pour des actions appropriées dans le cadre de leur protection. En clair, les autorités coutumières ne feraient pas toujours le travail de renseignements et de rapportage qui est attendu d’elles, en vue de permettre aux Services de sécurité étatiques de prendre des actions idoines en matière de protection des civils. Par ailleurs, il a été établi que les affrontements entre les Fardc et les rebelles burundais des Forebu dans la localité de Bumba à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest d’Uvira n’auraient jamais pu avoir lieu si les Chefs coutumiers avaient reçu au préalable une formation sur l’identification des menaces, et s’il n’y avait pas eu de méfiance entre les différents Services de sécurité et les autorités coutumières.

Ainsi, au cours de cet atelier, les participants ont d’abord été formés sur l'identification des menaces dans leurs Entités respectives ; ensuite ils ont été « briefés » sur le mandat de la Monusco et les différents mécanismes de protection des civils mis en place par la Mission onusienne. Enfin, ils ont été sensibilisés sur leur rôle en tant qu’acteur de la protection des civils.

Pour terminer, les participants se sont dits satisfaits de cette formation qui a duré une journée ; ils ont souhaité que la Monusco multiplie ce genre de séminaires et surtout les étende aux autres parties prenantes de la chaine sécuritaire afin de réduire les violations des droits de l'homme commises par certains agents de l’ordre ; le cas par exemple de certains militaires Fardc ou d’autres agents de l’Etat qui tracassent les populations, érigent des barrières illégales pour percevoir des taxes tout aussi illégales, comme c’est le cas notamment à Nalubwe, Kirungu ou Biziba dans le Groupement de Kijaga… Ils ont enfin demandé à la Monusco de plaider auprès de la hiérarchie des Fardc pour le redéploiement des troupes dans des endroits où il n’en existe plus depuis plusieurs années et où les populations civiles affirment être à la merci des groupes armés.

Jean-Tobie Okala

Photos: Monusco/F​orce & DDR-RR