Beni : la MONUSCO forme des acteurs judiciaires à la lutte contre le financement du terrorisme

Un atelier de formation consacré à la lutte contre le financement du terrorisme s’est ouvert mardi 17 juin 2025 à Beni, dans la province du Nord-Kivu.

17 juin 2025

Beni : la MONUSCO forme des acteurs judiciaires à la lutte contre le financement du terrorisme

Martial Mukeba wa Mukeba

Un atelier de formation consacré à la lutte contre le financement du terrorisme s’est ouvert mardi 17 juin 2025 à Beni, dans la province du Nord-Kivu. Organisé par la section d’appui à la justice de la MONUSCO, cet atelier de onze jours a pour objectif de renforcer les capacités de dix magistrats, inspecteurs de police judiciaire et agents des services de sécurité afin de leur permettre d’identifier et d’enquêter efficacement sur les circuits financiers liés aux activités terroristes.

Parmi les groupes armés actifs dans la région figure l’ADF (Forces démocratiques alliées), d’origine ougandaise et présent en République démocratique du Congo depuis les années 1990. Accusé de massacres de milliers de civils, ce groupe a prêté allégeance en 2019 à l’État islamique, qui revendique certaines de ses attaques sous l’appellation ISCAP (État islamique en Afrique centrale).

Selon un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies publié en juin 2023, le réseau de l’ADF dépasse les zones de Beni, Lubero et de l’Ituri, entretenant des liens avec des affiliés de l’État islamique en Somalie, au Mozambique et en Afrique du Sud. Ces connexions reposent sur un système financier opaque impliquant des intermédiaires, des entreprises et des plateformes de transfert d’argent.

C’est dans ce contexte que Ghislain Toe, coordonnateur de la section d’appui à la justice de la MONUSCO à Beni et représentant du chef du sous-bureau, a ouvert les travaux en soulignant la nécessité d’une réponse judiciaire adaptée aux menaces émergentes. « Le financement du terrorisme constitue une menace transnationale, facilitée par les technologies modernes, les plateformes numériques et des circuits informels échappant aux mécanismes traditionnels de contrôle. Face à cela, la réponse judiciaire doit être structurée, déterminée et orientée vers l’efficacité », a-t-il déclaré.

Pour lui, il ne suffit plus de réprimer les actes terroristes, il est essentiel de s’attaquer aux mécanismes de financement qui les rendent possibles. Il a précisé que ce type de formation permet aux professionnels de la justice de mieux appréhender les flux financiers suspects, de renforcer la coopération avec les institutions nationales et internationales, et de rester vigilant face à l’évolution constante des stratégies utilisées par les groupes terroristes.

Après une première session tenue à Bunia du 2 au 13 juin 2025, cette formation se poursuivra à Kinshasa avec une session finale dédiée à la formation des formateurs. Au total, trente magistrats, policiers et agents civils congolais bénéficieront de l’encadrement de deux experts de la MONUSCO spécialisés en analyse criminelle et en investigation numérique.

L’objectif est de renforcer l’efficacité des acteurs de la chaîne pénale dans l’identification des flux financiers illicites, la compréhension des outils numériques utilisés par les groupes armés et l’application de sanctions conformes au droit national et aux standards internationaux.

À travers cette initiative, la MONUSCO réaffirme son engagement en faveur de la protection des civils, en appuyant le renforcement des institutions judiciaires et sécuritaires. En dotant les acteurs locaux de moyens de faire face aux nouvelles formes de criminalité, elle contribue à une réponse durable contre le terrorisme dans l’est de la RDC.

 

Follow the MONUSCO channel on WhatsApp