Jean-Pierre Lacroix : « La population nous dit : ‘Restez et soyez plus présents’ »

Jean-Pierre Lacroix : « La population nous dit : ‘Restez et soyez plus présents’». Photo MONUSCO/Ascain Zigbia-Tayoro

21 oct 2021

Jean-Pierre Lacroix : « La population nous dit : ‘Restez et soyez plus présents’ »

Lydie Betyna

Au deuxième jour de sa visite officielle en République démocratique du Congo, jeudi 21 octobre 2021, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les opérations de paix, a rencontré le chef de l’État Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la Cité de l’Union africaine, à Kinshasa. 

Outre les questions sécuritaires, les deux personnalités ont évoqué les prochaines élections générales prévues en RDC en 2023. Jean-Pierre Lacroix a réitéré l’engagement des Nations unies à apporter leur soutien et, ce, à la demande du gouvernement congolais. Il a aussi exprimé l’espoir que ce processus se déroule de manière apaisée.

La veille, le Secrétaire général adjoint avait échangé avec le Premier ministre Sama Lukonde Kyenge sur diverses questions dont celles liées au plan de retrait progressif et échelonné de la MONUSCO, la Mission de l’ONU en RDC. 

Pas de départ inéluctable de la MONUSCO

« Il n'y a absolument pas de plan qui aurait prédéterminé le départ inéluctable de la MONUSCO dans trois ans, quatre ans, ou cinq ans, parce que ce serait un calendrier artificiel détaché de l'évolution des conditions dans le pays, de la réalité du pays », a déclaré Jean-Pierre Lacroix aux journalistes qui l’interrogeaient à la sortie de l’audience avec le Premier ministre.

Selon lui, ce retrait progressif est lié à l’atteinte de plusieurs objectifs conjointement définis par le gouvernement congolais et les Nations unies, parmi lesquels la réalisation des progrès concernant la situation sécuritaire et la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, le respect des droits humains ou encore la promotion de la femme. 

M. Lacroix a ainsi évoqué avec Sama Lukonde l’indispensable mise en œuvre des réformes nécessaires pour les Forces armées congolaises (FARDC). 

« Il y a des efforts à faire du côté de la réforme du secteur de sécurité, notamment des réformes nécessaires et indispensables pour les FARDC ; parce qu’établir durablement un climat de sécurité renforcé (…), ça veut dire faire en sorte que les FARDC puissent assurer une présence permanente, notamment dans les zones qui sont reconquises sur les groupes armés, après les interventions conjointes », a-t-il expliqué. 

Le chef des opérations de paix de l’ONU a particulièrement salué « l’excellent esprit de coopération » dans lequel ce plan de transition a été conjointement préparé.  

« Nous sommes convenus de faire le maximum et vous pouvez compter sur la détermination de la MONUSCO et de tout le Système des Nations unies, pour mettre en œuvre maintenant ce plan de transition », a-t-il assuré. 

Des échos positifs de la part des populations 

Bien qu’il y ait encore des efforts à faire dans le domaine sécuritaire, le chef des opérations de paix de l’ONU s’est réjoui des échos positifs reçus de la part des représentants de la population dans les secteurs où la MONUSCO est déployée. 

« Dans les zones où nous sommes présents, où nous pouvons être presents - ce qui n'est malheureusement pas le cas pour toutes les zones, parce que nos moyens sont ce qu'ils sont - la population nous dit : « Restez et soyez plus présents », a-t-il expliqué.  

Jean-Pierre Lacroix pense que le défi, aujourd'hui, revient à renforcer à la fois l'utilisation et la valeur ajoutée des moyens disponibles, dont la Brigade d’Intervention de la Force de la MONUSCO (FIB). 

« Nous avons beaucoup travaillé, notamment pour renforcer la Brigade d'intervention, la FIB, qui est aujourd'hui plus solide. Mais nous travaillons aussi sur l'ensemble de nos capacités, notamment nos capacités sécuritaires (…) et nous avons aussi une coopération avec les FARDC qui s'est nettement renforcée et améliorée », a-t-il assuré. 

Le chef des opérations de paix de l’ONU estime qu’il faut poursuivre et renforcer cette dynamique encourageante afin de faire face aux nombreux défis encore présents.