Journée internationale de la paix : des jeunes de Bunia et Fataki sensibilisés à la tolérance et la fraternité

Plusieurs messages ont été lancés par les casques bleus en direction des participants et des communautés locales, notamment la nécessité de se focaliser sur la paix et le refus de rejoindre les groupes armés. / Photos MONUSCO

23 sep 2022

Journée internationale de la paix : des jeunes de Bunia et Fataki sensibilisés à la tolérance et la fraternité

Jean-Tobie Okala

C’est avec des élèves et leurs enseignants que la journée internationale de la paix observée le 21 septembre de chaque année a été commémorée ce mercredi en Ituri. A Bunia d’abord, ce sont des casques bleus bangladais qui ont réuni une cinquantaine d’élèves, dont 30 filles, et leurs encadreurs au camp militaire de Ndoromo, pour les conscientiser sur l’importance de la paix, un comportement qui se cultive dès le bas âge, à l’école, en famille. Ces enfants ont ainsi appris ce que la guerre coûtait au pays, comment elle hypothéquait leur avenir et le développement de la province.

Le commandant du Secteur Nord des casques bleus de la MONUSCO en Ituri, le général Mushin Alam, les a invités à cultiver l’esprit de tolérance et de fraternité partout où ils se trouvent et de ne jamais recourir à la violence pour résoudre ce qui peut les opposer les uns aux autres.

« Vous êtes tous et d’abord Ituriens et Congolais, peu importe d’où vous venez ou votre origine communautaire. Le Congo est votre pays, l’Ituri votre province. Vous êtes l’avenir de ce pays et de cette province ; nous sommes ici pour la paix et rien d’autre, que l’on ne vous mente pas. Avec la paix, vous pourrez aller à l’école sans vous faire attaquer, voyager partout en toute sécurité, vous lancer dans des affaires sans crainte… », les a-t-il harangués. Pour clôturer cette activité, un concours de dessin a été organisé au cours duquel ces enfants devaient représenter leurs propres symboles de la paix. 

Du côté de Fataki, à 85 km de Bunia, dans le territoire de Djugu, ce sont des casques bleus népalais qui ont réuni à la base militaire de la MONUSCO une quarantaine de personnes, dont sept femmes, parmi lesquelles des élèves, des enseignants, des jeunes leaders, ainsi que des déplacés internes. C’était pour les sensibiliser à cohabiter pacifiquement et à renforcer la cohésion sociale entre les communautés Hema et Lendu vivant dans les groupements de Djaiba et Fataki.  

Les enseignants, pédagogues par excellence, ont été ciblés pour « enseigner » à leurs élèves l’amour du prochain, la tolérance mutuelle, l’acceptation de l’autre, la culture de la différence et de la contradiction, sans recourir à la violence.  

Plusieurs messages ont ainsi été lancés par les casques bleus en direction des participants et des communautés locales ; notamment la nécessité pour tous et toutes de se focaliser sur la paix et comment œuvrer pour tenter de faire cesser les massacres et tueries de civils qui continuent dans la province ; l’engagement des jeunes, des femmes et de la société civile à soutenir les efforts de paix en s’abstenant de tout comportement de nature à attiser les tensions sociales ; le refus de rejoindre quel que groupe armé que ce soit, etc. 

« Je suis très contente que la MONUSCO ait organisé cette activité ici chez nous qui a réuni toutes les communautés. On a dialogué et discuté des causes qui créent la guerre. C’est très bon puisque maintenant nous savons ce que nous devons faire à l’école et les leaders communautaires aussi savent désormais ce qu’ils doivent faire », a ainsi déclaré Evelyne D’dza Tsesi, directrice de l’école primaire CHU de Fataki. 

Pour elle, la paix est indispensable à la survie des communautés. « Si on a la paix, le cœur sera doux et on se promène sans peur, on cultive aussi les champs sans peur. La paix signifie beaucoup de choses ici chez nous. Les sites de déplacés sont près de la base de la MONUSCO, les gens ne se déplacent pas au-delà, ils n’ont pas à manger à cause de la peur et de l’insécurité, les enfants n’ont rien à manger, ils n’étudient pas à cause de l’insécurité, tout le monde est misérable parce qu’on n’accède pas aux champs », a-t-elle déploré. Elle invite donc la MONUSCO et le gouvernement congolais à travailler davantage pour accélérer le programme DDRC-S et ouvrir la voie au développement de Fataki et ses environs.

Même son de cloche du côté de Stéphane Dhedja, représentant des jeunes sur le site des déplacés de Djaiba, pour qui le gouvernement doit tout faire, avec l’appui de la MONUSCO, pour restaurer la paix et éviter que de nombreux jeunes continuent à aller grossir les rangs des groupes armés. « A cause de cette guerre, nous n’avons pas accès aux champs, les enfants n’étudient pas, rien à manger, les veilles mamans sont entrain de souffrir. Nous voulons la paix. La MONUSCO doit tout faire pour accompagner le gouvernement afin de restaurer la paix chez nous, parce-que nous, jeunes, voyons qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont enrôlés dans les groupes armés à cause du chômage », a-t-il affirmé. 

Ce à quoi les autorités de la MONUSCO adhèrent totalement. Au cours d’une rencontre avec la presse à Bunia, Marc Karna Soro, le chef de bureau de la MONUSCO en Ituri, a rappelé que « la MONUSCO est en train de préparer sa sortie du pays. Le gouvernement, que ce soit au niveau national ou provincial, est activement engagé pour mobiliser des ressources pour l'opérationnalisation du PDDRC-S » 

« Nous supplions ces gens qui continuent à répandre la mort, les rancœurs et la frustration d'arrêter avec cette violence…. Nous continuons de tout mettre en œuvre pour essayer d’aider les communautés à retrouver la paix », a-t-il expliqué. 

M. Soro a néanmoins encouragé les communautés à s’impliquer dans la construction de cette paix qui ne sera pas faite sans elles. « Une partie des instruments de la violence provient de la communauté. Les groupes armés que nous avons en Ituri, dans leur grande majorité, en dehors des ADF, sont tous des groupes armés constitués de jeunes originaires d’Ituri, originaires des communautés qui ont toujours vécu ici ensemble. Il est grand temps que les communautés elles-mêmes, ensemble, se lèvent comme un seul homme ou une seule femme et qu’elles disent : ça suffit, pour que la paix puisse revenir et que le développement puisse prendre son envol », a-t-il insisté.