Khassim Diagne à Bunia : « Il faut privilégier d’autres approches pour amener les communautés à se réconcilier durablement »

Khassim Diagne à Bunia : « Il faut privilégier d’autres approches pour amener les communautés à se réconcilier durablement ». Photo MONUSCO/Jean-Tobie Okala

17 juin 2021

Khassim Diagne à Bunia : « Il faut privilégier d’autres approches pour amener les communautés à se réconcilier durablement »

JEAN TOBIE OKALA

Au cours de sa deuxième visite en Ituri, mercredi 16 juin 2021, près de quatre mois après sa prise de fonction, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l'ONU en RDC, chargé des opérations et de la protection, Khassim Diagne, a estimé que le « tout militaire » ne devrait pas être la seule option pour une paix durable dans cette région.

Le chef adjoint de la MONUSCO invite à privilégier d’autres approches, communautaires par exemple, pour accompagner les opérations militaires pendant cet état de siège et ainsi espérer une paix pérenne. 

Le Représentant spécial adjoint l'a affirmé à la sortie d'une audience avec le gouverneur militaire de province. Avec le général Johnny Nkashama, Khassim Diagne a fait le tour de la situation sécuritaire en Ituri marquée par des tueries quotidiennes perpétrées par des groupes armés.


Situation sécuritaire tendue

Cette visite arrive dans un contexte particulier : en effet, depuis le 6 mai dernier la province vit sous un régime d'état de siège, décrété par le chef de l'État congolais, pour éradiquer les groupes armés qui endeuillent l'Ituri. 

Dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, une cinquantaine de civils ont ainsi été massacrés par des assaillants identifiés aux ADF à Boga et Tchabi, dans le sud du territoire d’Irumu.


Plus récemment, depuis samedi 12 juin, le centre de Fataki, à 85 km de Bunia, dans le territoire de Djugu, est le théâtre d'affrontements entre les FARDC et des miliciens de la Codeco.


Solidarité avec les Congolais

Khassim Diagne a affirmé être venu à Bunia pour discuter avec le gouverneur militaire de la meilleure façon dont la Mission peut encourager les efforts de l’armée afin qu’elle puisse remplir sa mission. Mais pas seulement.

« Je suis venu présenter toute ma solidarité et ma sympathie, mes condoléances les plus sincères au gouverneur, à l’ensemble de l’administration de la province ainsi qu’aux populations ituriennes, à la suite des récentes attaques dans la nuit du 30 au 31 mai, dans les localités de Tchabi et de Boga », a-t-il affirmé.

Il a rappelé que « ces tueries ont été condamnées au plus haut de la hiérarchie onusienne et [que] le Secrétaire général des Nations Unies a condamné ces tueries et donc réitéré au gouvernement et aux autorités militaires et civiles la disponibilité des Nations Unies et de la MONUSCO, présentes ici aujourd’hui, à accompagner les efforts du gouvernement congolais et de sécurité pour enfin neutraliser ces groupes armés. »

« C’est vraiment une visite de solidarité et de compassion et également de soutien à l’action des autorités et de la province. Je rends un vibrant hommage, ce n’est pas un travail facile, dans un terrain difficile, ce combat qu’ils mènent avec les forces asymétriques, pour venir à bout de ces forces négatives », a-t-il assuré.

« La MONUSCO est là en renfort »

Interrogé sur ce que peut apporter de plus la MONUSCO pour aider les autorités à gagner ce combat, Khassim Diagne a rappelé que « le mandat de protection est un acte souverain, donc la première responsabilité de protection des civils incombe aux autorités congolaises ; la MONUSCO est là en renfort, en soutien. » 

« Nous organisons des patrouilles, nous donnons un soutien logistique et au point de vue opérationnel face aux autorités congolaises, nous mutualisons nos efforts pour pouvoir protéger la population ; ce n’est pas une tâche facile, les défis sont là, mais nous faisons ce que nous pouvons avec les moyens dont nous disposons pour accompagner les forces congolaises », a-t-il ajouté. 

Khassim Diagne quitte Bunia ce jeudi pour Tchabi où il bouclera sa visite en Ituri.