Khassim Diagne : « La MONUSCO n’est pas responsable de la mort des manifestants qui ont pillé et vandalisé sa base à Goma »

Khassim Diagne : « La MONUSCO n’est pas responsable de la mort des manifestants qui ont pillé et vandalisé sa base à Goma ». Photo/Monusco

27 juil 2022

Khassim Diagne : « La MONUSCO n’est pas responsable de la mort des manifestants qui ont pillé et vandalisé sa base à Goma »

Carine TOPE R'RIDASI

« Nous avons un devoir de redevabilité. La Mission tient au respect des droits humains. Je vous confirme avec certitude que la MONUSCO n’est pas responsable de la mort des manifestants qui ont pillé et vandalisé sa base à Goma. Les enquêtes mixtes Gouvernement - MONUSCO le prouveront ».

Le Représentant spécial ad intérim du Secrétaire général de l’ONU en RDC, Khassim Diagne, répondait ainsi aux questions des journalistes congolais au cours de la conférence de presse conjointe Gouvernement-MONUSCO retransmise en direct sur la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) dans la soirée du mardi 27 juillet.

Le ministre congolais de la Communication et porte-parole du Gourvernement, Patrick Muyaya, a organisé cet exercice après deux jours de violentes manifestations des populations de Goma et Butembo, dans le Nord-Kivu, qui réclament le départ sans délai de la MONUSCO de la RDC, jugeant son bilan mitigé après 20 ans de présence dans le pays.

Plusieurs professionnels de la plume et du micro, qui ont participé à cette conférence, voulaient être notamment fixés sur les responsabilités dans la mort de cinq manifestants qui avaient pris d’assaut lundi et mardi la base de la Mission onusienne à Goma.

Khassim Diagne a été clair sur le sujet : « Les armes et munitions de nos forces sont traçables. Les commandants de la Force et de la Police des Nations-Unies m’ont tous assuré qu’aucun casque bleu n’a ouvert le feu sur la population civile ».

De la protection des installations et du personnel de la Mission

Ce rendez-vous avec la presse congolaise a d’abord été précédé d’une séance de travail entre le premier ministre Sama Lukonde et les responsables de la Mission. Parmi les résolutions sorties de ce tête à tête, le gouvernement a réitéré son engagement à renforcer la sécurité et à protéger toutes les installations de la Mission onusienne ainsi que le personnel national et international pris pour cible à leur domicile par des pilleurs et assaillants en furie.

« Il est du devoir du gouvernement de garantir la protection de la Mission et de tout son personnel», a soutenu Patrick Muyaya.

Et d’ajouter : « il y a eu plusieurs interpellations et ceux dont la culpabilité sera établie répondront de leurs actes et subiront la rigueur de la loi ».

Le ministre a mis en garde ceux qui ont lancé des tracts dans d’autres villes de la RDC pour appeler à des villes mortes et des manifestations anti-MONUSCO. « Aucune manifestation n’est autorisée. Les personnes qui vont outrepasser cette mesure feront face aux forces de l’ordre et ne s’en prendront qu’a eux-mêmes », a-t-il prévenu.

Appel à la paix et la non-violence

Le porte-parole du gouvernement congolais a aussi saisi cette opportunité pour lancer un message de paix et appeler les Congolais à la retenue. « La violence n’a jamais été une réponse adéquate pour résoudre les problèmes. Nous comprenons vos frustrations, chers compatriotes, et je peux vous assurer que la Mission est déjà en phase de retrait de la RDC », a-t-il déclaré.

Abondant dans le même sens, le numéro deux de la MONUSCO, qui assure actuellement l’intérim de la cheffe de la Mission, Bintou Keita, qui est en en mission, a soutenu qu’il est temps de passer à la désescalade « Rien ne peut se résoudre par le chaos et les troubles », a-t-il dit

Du retrait de la Mission

La question brulante du retrait de la Mission de la RDC, qui alimente tous les débats congolais et qui est à la base des manifestations, a aussi été évoquée au cours de la conférence.

Le chef a.i. de la MONUSCO s’est voulu rassurant : « La Mission est en phase de retrait. Nous venons de nous retirer de la province du Tanganyika depuis le 30 juin 2022. Notre retrait du Tanganyika entre dans le cadre d’un projet pilote du plan général de retrait de la Mission ».

La MONUSCO n’est désormais présente que dans les trois provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.

« Avec le gouvernement, nous avons déjà mis en place un plan de transition basé sur 18 jalons. Nous devons fournir des efforts pour communiquer sur ce plan pour que la population puisse être au même degré d’informations et comprendre ce qu’il en est exactement du départ de la MONUSCO », a-t-il dit.

De la pérennisation des acquis MONUSCO-Gouvernement

Dans son propos, Khassim Diagne a rappelé qu’il est temps de tourner la page, et de consolider les acquis et les succès des actions menées par la MONUSCO avec le gouvernement, tout en améliorant ce qui est à améliorer, et en réajustant les faiblesses.

Il a rappelé que la MONUSCO est venue en RDC sur invitation du gouvernement de la République. «Nous devons nous séparer sur une note de paix et pas dans les troubles», a-t-il souhaité.

Enfin, Monsieur Diagne a salué la mémoire des Congolais et des casques bleus qui ont perdu la vie au cours de ces échauffourées. « Nous nous engageons à coopérer avec les autorités compétentes dans toutes les enquêtes pour établir les responsabilités ».

Avant de clore son propos, Khassim Diagne a souligné que la MONUSCO a fait preuve de retenue dans la gestion des assaillants et des assauts violents dont ses bases et son personnel font l’objet.

Quant au porte-parole du gouvernement, il a interpelé les journalistes sur leur implication et engagement dans la lutte contre les discours de haine qui engendrent des troubles et brisent la cohésion sociale en République démocratique du Congo.

« Les conséquences des paroles et discours de haine sont néfastes et très fâcheuses pour notre société. Il est de votre devoir de sensibiliser la population », a-t-il insisté.

Il a tout de même affirmé que des tirs de sommation avaient été tirés pour dissuader les manifestations.