La Monusco invitée à plaider pour le dialogue entre le gouvernement et les Mai-Mai Yakutumba

15 sep 2017

La Monusco invitée à plaider pour le dialogue entre le gouvernement et les Mai-Mai Yakutumba

Uvira, le 14 septembre 2017 – La nouvelle société civile congolaise (NSCC) de Baraka et  le représentant du chef de collectivité secteur de Mutambala, en territoire de Fizi, province du Sud-Kivu, invitent la Monusco à plaider auprès du gouvernement congolais en vue de privilégier le dialogue ou la négociation avec le groupe rebelle Mai-Mai Yakutumba.

Ils l’ont fait au cours d’une réunion conjointe de sécurité tenue mercredi 13 septembre 2017 au camp des casques bleus pakistanais de la Monusco à Mushimbakye, dans la cité de Baraka. Cette réunion fait suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’ensemble du territoire de Fizi.

La nouvelle société civile congolaise (NSCC) de Baraka et le représentant du chef de collectivité secteur de Mutambala craignent une éventuelle contre-attaque des FARDC qui exposerait la vie des civils dans les villages peuplés.

Douze partenaires de la sécurité ont pris part à cette réunion. Il s’agit d’une part des représentants de la section des affaires civiles et des affaires politiques de la Monusco/Uvira, du commandant des casques bleus pakistanais PakBatt-3 de la Monusco ainsi que du chef ad intérim du sous bureau de la Monusco/Uvira ; et d’autre part de coordonnateurs de la société civile-forces vives et de la nouvelle société civile congolaise NSCC de Baraka, du représentant du chef de collectivité secteur de Mutambala, du commandant FARDC SOKOLA 2 au sud du Sud-Kivu, le général Bwange Safari Gustave, du commandant du 3301e régiment des FARDC basées à Baraka, de chefs des services de migration DGM, et de sécurité civile ANR ainsi que des agents du district de la PNC Fizi.

Situation sécuritaire volatile

Dans une description succincte faite à tour de rôle, les participants ont  montré que la situation sécuritaire globale reste volatile. C’est  principalement à Ubwari, à Kazimia, à Kilembwe ainsi qu’à Baraka-cité où à deux reprises les Maï-maï ont tenté d’attaquer la cité via le lac Tanganyika, créant ainsi une grande psychose au sein de la population.

Les services de sécurité renseignent que plusieurs centaines de déplacés, fuyant les zones des combats, ne sont pas assistés. Ils sont logés dans des familles d’accueil (ce qui renforce la famine) à Baraka tandis que d’autres ont traversé le lac Tanganyika pour trouver refuge au Burundi et en Tanzanie. Les acteurs de la société civile ont de leur côté condamné des cas d’arrestations arbitraires des jeunes par les FARDC, des jeunes soupçonnés d’appartenir aux groupes Maï-Maï.

Cette situation entraine un impact négatif sur le contexte économique de la cité de Baraka, car «les commerçants ou fournisseurs qui utilisent le lac comme voie de communication craignent les arrestations illégales des FARDC au niveau des marchés», a affirmé Lusambya Wa Numbe, coordonnateur de la société civile-forces vives de Fizi, avant d’ajouter :« Nous recommandons à la MONUSCO de faciliter, par les activités de rapprochement, la confiance et la franche collaboration entre FARDC et population civile dans notre milieu ».

Privilégier une cessation pacifique des hostilités

L'équipe de la Monusco a saisi l’occasion pour sensibiliser les acteurs, civils et militaires, à se faire confiance entre eux en décourageant les fauteurs des troubles au sein des FARDC et des civils, une situation qui détériore l'image de l'Etat.

Dans son intervention, le chef ad intérim du sous bureau de la Monusco Uvira, Armand Forster,  a rappelé le soutien de la Monusco au gouvernement congolais et les possibilités d'intervenir. Il encourage une cessation pacifique des hostilités pour éviter d'exposer la population.

«Nous cherchons, si c’est possible, à respecter notre mandat comme il faut, sans état d’âme, car la population paisible n’a rien à faire avec les combats entre protagonistes. Mais au cas où la médiation échouait, on est là pour appuyer les autorités de l’Etat. Dans notre réponse, on a effectué certains vols de reconnaissance sur le territoire de Fizi avec les FARDC qui nous ont permis d’avoir pas mal d’informations. On a aussi installé une base de « statut de combat » aujourd’hui même à Sebele, d’autres bases SCD vont être établis dans le territoire de Fizi pour prévenir toute éventualité et protéger les civils », a déclaré l’autorité onusienne Armand Forster.

Après la réunion, l'équipe Monusco a également informé le général Safari et le général Kasereka, en mission à Baraka, respectivement commandant du secteur opérationnel SOKOLA 2 Sud du Sud Kivu et commandant de la 3e zone de défense de l’Etat-major des FARDC, des plaintes de la population contre leurs troupes.

Elle a plaidé pour que ces officiers généraux instruisent leurs bureaux dans les opérations zones de trouver des mécanismes de renforcement de la confiance avec les habitants. Le partage de l'information via le réseau d’alerte précoce (CAN) a été encouragé entre les parties prenantes pour garder le même contexte souvent sous-estimé.

Photo : Prosper Safari Tabaro/CAS MONUSCO
Article : Fiston NGOMA