Chefs de groupes armés responsables de la recrudescence de la violence doivent rendre des comptes

8 juin 2012

Chefs de groupes armés responsables de la recrudescence de la violence doivent rendre des comptes


Genève,
31 mai 2012
– La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est dit alarmée de l'augmentation significative des atrocités à grande échelle commises par des groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo - y compris des meurtres, des viols, des pillages et incendies de villages entiers - et a appelé à une action urgente par le gouvernement pour arrêter la violence et assurer une justice pour les victimes.

Genève (31 mai 2012) – La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est dit alarmée de l'augmentation significative des atrocités à grande échelle commises par des groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo - y compris des meurtres, des viols, des pillages et incendies de villages entiers - et a appelé à une action urgente par le gouvernement pour arrêter la violence et assurer une justice pour les victimes.

Les officiers des droits de l'homme des Nations Unies en RDC* enquêtent, depuis la fin du mois d'avril, sur de nombreuses allégations faisant état de meurtres de civils par des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Orientale, et d'allégations de viols dans les territoires du Masisi, au Nord-Kivu, et de Mambasa, dans le district de l'Ituri, dans la province Orientale. Plusieurs victimes ont été tuées à l'aide de machettes, de marteaux, de haches, de lances ou de fusils. Des allégations de mutilation de cadavres par les groupes armés ont également été rapportées, ainsi qu'un cas non confirmé de cannibalisme.


La violence est perpétrée principalement par les groupes armés, y compris par diverses factions Maï Maï, par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), et par les déserteurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Chaque groupe revendique le recours à la violence comme représailles à des crimes commis par d'autres groupes. Des témoins oculaires ont également informé les enquêteurs des droits de l'homme que les victimes sont ciblées en raison de leur loyauté présumée, eu égard à leur origine ethnique, à l'un ou l'autre des groupes armés en conflit.
« Une solution doit être instamment trouvée afin de mettre fin à la violence inouïecommise contre des civils au cours de ce mois dans les provinces des deux Kivus et Orientale », a déclaré Mme Pillay. « Jusqu'à présent, il y a eu peu de réponse effective de l'Etat, ce qui pourrait exacerber le risque d'attaques du fait de la multiplication et la propagation des cycles d'attaques et de représailles, contre des civils, sur fond d'appartenance ethnique. »
La Haut-Commissaire a appelé à de promptes enquêtes sur les atrocités commises, en vue d'établir la responsabilité pénale individuelle des auteurs, d'assurer la justice aux victimes et de décourager les abus futurs. Mme Pillay a souligné que, comme en témoigne la récente condamnation de l'ex-chef rebelle Thomas Lubanga Dyilo, reconnu coupable de crimes de guerre par la Cour pénale internationale le 14 mars 2012, les chefs de groupes armés peuvent et doivent être tenus responsables des atrocités commises par les éléments placés sous leur commandement et a vivement encouragé la Cour pénale internationale, ainsi que les autorités judiciaires congolaises, à continuer d'enquêter et à poursuivre ces responsables en justice.
La recrudescence de la violence par des groupes armés peut être liée au vide sécuritaire laissé dans la région à la suite du redéploiement de l'armée congolaise dans d'autres endroits du pays afin de lutter contre un nouveau groupe armé, créé par des déserteurs des FARDC, connu sous le nom de « Mouvement du 23 mars » (M23).
« Nous avons appelé le gouvernement de la RDC à accorder la priorité à la réforme du secteur de la sécurité au sein de l'armée congolaise et des forces de police, afin d'établir l'autorité de l'État de façon effective et d'accroître sa capacité à protéger les civils », a déclaré la Haut-Commissaire. « Ces derniers incidents mettent en exergue l'urgence d'une telle réforme, ainsi que du déploiement de forces de sécurité professionnelles et responsables, là où les civils ont le plus besoin de protection. »
Mme Pillay a également souligné l'importance pour la Mission de stabilisation des Nations Unies en RDC (MONUSCO) d'être dotée d'un mandat fort et de ressources nécessaires lui permettant de maintenir une forte présence dans tout le pays, et en particulier dans les provinces de l'est, où la protection de la population civile constitue une priorité.
FIN