Elections : les femmes candidates rurales demandent protection et sécurisation du processus

Photo de famille après la séance de restitution d’une enquête menée par le Bureau de Consultation en Genre, Participation Citoyenne et Développement (BCGPCD sur les besoins particuliers des femmes candidates aux élections. Photo BCGPCD/Eddy Yav

12 oct 2018

Elections : les femmes candidates rurales demandent protection et sécurisation du processus

David Fundi

 

Kinshasa – le 04 octobre 2018. Les femmes candidates pour les élections présidentielle et législatives du 23 décembre, vivant dans les milieux ruraux ont besoin des mesures spéciales de sécurité, de renforcement de capacités et d’accompagnement en vue de mieux effectuer leurs campagnes et d’accéder aux populations électrices sur terrain.

C’est du moins l’appel crucial lancé, jeudi, par le Bureau de Consultation en Genre, Participation Citoyenne et Développement (BCGPCD), au cours des échanges qu’il a organisés dans l’Immeuble de la Territoriale de la commune de Lingwala, avec plusieurs membres du Gouvernement central et provincial de la RDC ainsi que des représentants des organisations de la société civile qui œuvrent dans les domaines d’éducation civique et de financement des projets.

Ce sont le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Henri Mova Sakanyi ; la Ministre du Genre, Enfant et Famille, Chantal Safu, et la Ministre provinciale de l’Education, Environnement et Genre, Thérèse Olenga Kalonda, qui ont personnellement, représenté le Gouvernement central et le Gouvernement provincial à cette rencontre de restitution des travaux d’évaluation de la sécurisation de la période préélectorale.

D’une enquête menée par le BCGPCD dans sept provinces du pays, dans le cadre de l’exécution du projet de renforcement des capacités des femmes sur le développement des organisations de la société civile, il ressort que la situation d’insécurité récurrente sur le terrain, empêche le bon déroulement des activités préélectorales. 

Pour Madame Faida Mwangilwa, coordonnatrice de BCGPCD, les femmes candidates dans les provinces de Kwango, Kasaï Central, Kasaï Oriental, Maniema, Lualaba, Ituri et Tshopo, qui représentent 12% des candidatures aux élections législatives nationales sont de plus en plus confrontées entre autres : à la présence des groupes armés étrangers et locaux.  

Particulièrement dans l’Ituri, « ces groupes armés maîtrisent mieux l’environnement que les autorités locales et tissent des liens avec certaines d’entre elles ; l’insécurité ambiante vécue par les femmes candidates et les femmes rurales des provinces du Maniema et du Kwango, rend ainsi ces femmes vulnérables », affirme le BCGPCD.

Le BCGPCD a constaté, par ailleurs, une faible présence des femmes dans les instances de prise des décisions. C’est le cas du Maniema, par exemple, où « il n’y a aucune femme titulaire ou adjointe à la tête des sept territoires de la province ; le cas du mariage précoce et forcé des jeunes filles, mais aussi de leurs enlèvements dus aux pesanteurs socio-culturelles, aux faibles revenus des parents et au manque d’application des textes légaux.

Une autre étude, c’est celle conduite par l’organisation ‘’Open Society Initiative for Southern African. (OSISA), la fondation qui a financé le projet de renforcement des capacités des femmes sur le développement des organisations de la société civile. Selon son Directeur Pays, présent à cette rencontre, la sécurité est aujourd’hui l’un des défis majeurs de la participation de la femme congolaise au processus électoral.

« Les femmes candidates rencontrent beaucoup de difficultés. Pour accéder aux électeurs éparpillés dans l’arrière-pays, elles doivent utiliser soit l’avion, soit les pirogues ou les motos. Il est essentiel que leur sécurisation et leur accompagnement soient assurés » a-t-il témoigné.

Plusieurs autres témoignages sur l’insécurité, comme celui de madame Elysée Munembwe Questeur de l’Assemblée nationale, sont des plus illustratifs. Candidate aux élections législatives nationales, à Walikale dans la province du Nord-Kivu, elle a expliqué avoir reçu de nombreuses menaces de mort sur le terrain « pour avoir contribué à l’éradication des éléments du groupe armé Rahiya Mutomboki dans ce territoire ».

Des pistes de solutions

Plusieurs pistes de solutions ont été suggérées, au cours de ces échanges, pour remédier aux problèmes de l’insécurité pendant la période électorale. Madame Faida Mwangilwa a appelé le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité à prendre des mesures de sécurité adéquates, qui impliquent les autorités locales dans la masculinité positive.  Elle a, par ailleurs, proposé des plaidoyers, pour l’implantation des bureaux des agences du système des Nations Unies dans les nouvelles provinces du pays.

De son côté, OSISA recommande qu’un plan de sécurisation du processus électoral soit prévu, et exécuté avec la collaboration de la Commission Nationale Electorale indépendante (CENI).

Le représentant de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a informé l’assistance de l’existence d’un plan opérationnel d’organisation des élections. Les membres de cette structure se réunissent chaque jeudi pour évaluer la situation de la sécurisation des élections avec la MONUSCO.

Pour la MONUSCO, partenaire de BCGPCD invitée à cette matinée d’échanges, ses services spécialisés vont ensemble avec ceux du Ministère de l’Intérieur et Sécurité, travailler à l’application effective du plan de sécurisation des candidates sur le terrain.             

Dans sa réponse, la Ministre du Genre, Enfant et Famille, Chantal Safu, a reconnu que la femme est effectivement exposée. Elle a demandé que « l’homme affiche des comportements de masculinité positive à son égard ». La Ministre a annoncé la mise en œuvre, par son département, d’un plan d’action pour combattre le mariage précoce.

Pour le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité, Henri Mova Sakanyi, les pouvoirs publics doivent aussi sécuriser la femme rurale et candidate. Car le processus d’inclusion de la femme a connu des moments tragiques.  ‘’Une femme émancipée est un gain pour la société’’, estime-t-il, avant de conclure : « Il faut sécuriser le processus électoral ; le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité prend l’engagement de sécuriser les femmes engagées dans le processus électoral ».