Ituri : à Tchomia, l’aquaculture comme solution pour éloigner les jeunes des groupes armés
Cent jeunes de la localité de Tchomia en Ituri participent à un projet d’aquaculture initié par la section Désarmement, Démobilisation et Réinsertion et Stabilisation (DDR-S) de la MONUSCO depuis avril dernier. L’objectif du projet est de les éloigner de la tentation de rejoindre des groupes armés, faute de perspectives d’avenir.
Ces jeunes à risque, parmi lesquels on compte cinquante femmes vulnérables, sont employés pour créer des fermes piscicoles sous forme de cages flottantes. La commercialisation des poissons produits grâce à cette initiative devrait leur permettre d’avoir des revenus et les sortir de la précarité.
A terme, ce projet de réduction de la violence communautaire, financé à hauteur de 99 000 dollars américains, bénéficiera à une population estimée à plus de 60 000 personnes, dont au moins 40 000 femmes de la région.
Favoriser le «vivre-ensemble»
Les objectifs immédiats de cette initiative sont donc la lutte contre le chômage des jeunes et des femmes vulnérables, la prévention du recrutement des jeunes par les groupes armés et le soutien à la cohésion au sein de la communauté Nywagi-Hema-Alur grâce.
« A Tchomia, explique un jeune employé, nous avons différentes personnes. Il y a des démobilisés, des personnes âgées et des étudiants qui n’ont pas d’emploi. Il y aussi des diplômés, des licenciés qui n’ont pas d’emplois non plus. Nous avons l’espoir que ce travail nous sera bénéfique. Moi, par exemple, je n’avais pas d’emploi et ce travail va m’aider pour l’avenir de mes enfants. Ici, tout le monde est content ».
Ce projet balise, dans le fond, le chemin pour le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement communautaire et Stabilisation (PDDRC-S) par la sensibilisation des jeunes détenteurs d’armes à désarmer et à s’inscrire dans le processus de paix en cours.
Les activités de ce projet d’aquaculture prévoient la préparation et la fertilisation d’une ferme piscicole de 25 cages flottantes, l’insémination artificielle des alevins améliorés, l’installation de lampadaires pour l’apport en suppléments nutritifs ainsi que l’installation d’une chambre froide.
Les bassins piscicoles vont permettre la récolte et la commercialisation de plus de 62 000 kg de poissons au bout des six mois d’expérience.
Tout au long de ce projet de six mois qui est exécuté par une association locale, le Réseau des associations pour le développement durable (RAD), les bénéficiaires recevront également un soutien psycho-social, une formation aux techniques d’aquaculture, de nutrition halieutique et bromatologique (étude des aliments).
Une présence qui rassure
Par ailleurs, les Casques bleus de la MONUSCO, en appui aux FARDC, sécurisent le secteur où est exécuté ce projet, grâce aux patrouilles qui rassurent les populations. La région étant souvent la cible d’attaques de groupes armés locaux qui recrutent parmi les jeunes désœuvrés.
« Nous constatons que la présence de la MONUSCO rassure. Les Casques bleus mènent des patrouilles partout. Ce qui assure notre sécurité. Les populations commencent à regagner leurs domiciles, les activités commerciales, le marché, tout a repris. Ainsi, la quiétude s’est rétablie et nous ne voulons plus entendre de tirs », relève Beauduin Alyegera Muhigi, employé à la chefferie de Bahema Banywagi.
« En l'absence de la MONUSCO, renchérit Germain Buna Dhelo, chef du site des déplacés de Nyamusasi, à l’entrée du centre de Tchomia, nous étions dans l'insécurité. Les femmes à la recherche du bois de chauffage en brousse étaient régulièrement menacées par les [miliciens de la] CODECO. Depuis l'arrivée de la MONUSCO et des FARDC, nous vivons dans la quiétude au site des déplacés. La solution durable est de regagner nos villages ».