Ituri : grâce à la MONUSCO, deux communautés en conflit s’engagent à mettre fin aux hostilités

"Les deux communautés ne se fréquentaient plus à cause des tensions. Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre devant nous. Nous nous sommes parlé et pardonnés mutuellement", ont déclaré de concert les deux chefs de chefferie. Photo MONUSCO / Debon Mwisa

9 fév 2022

Ituri : grâce à la MONUSCO, deux communautés en conflit s’engagent à mettre fin aux hostilités

Jean-Tobie Okala

Sous la facilitation de la MONUSCO et en collaboration avec l’administrateur du territoire d’Irumu, les communautés Bira d’Irumu-centre et Hema de Kangakolo dans le territoire d’Irumu en Ituri s’engagent à mettre fin aux conflits et violences qui ont endeuillé ces entités depuis plus de six mois. Elles ont pris cet engagement au terme des deux jours consultations et de dialogue structuré entre ces deux communautés qui se sont tenus à Irumu-centre et Kangakolo du 6 au 8 février 2022. Les deux communautés s’engagent ainsi à poursuivre ces consultations par un dialogue permanent pour une coexistence pacifique dans ce territoire. Il faut dire que la tension entre ces deux communautés avaient atteint son paroxysme avec mort d’hommes et des incendies de maisons et d’édifices publics, dont par exemple le bureau de l’administrateur de territoire. L’hostilité des uns envers les autres était telle que, par exemple, interdiction avait été faite aux membres de la communauté Bira de traverser la rivière Ituri pour aller exercer des activités minières et champêtres à Kangakolo ! A l’origine de ces tensions communautaires, des accusations mutuelles de soutien de chacune des deux communautés aux groupes armés FPIC (Force patriotique et intégrationniste du Congo pour les Bira) et Zaïre (pour les Hema), mais aussi des conflits de terre.

Face à la persistance des hostilités et des dégâts humains et matériels causés par les affrontements entre ces deux communautés, et afin de faire baisser la tension, la section des Affaires civiles de la MONUSCO et l’administrateur du territoire d’Irumu ont élaboré un plan d’action fin janvier 2022. Ces consultations et dialogues qui se sont clôturés le 8 février 2022 sont un des points dudit plan. Les chefs des chefferies de Bahema d’Irumu et de Mobala ne cachaient pas leur joie à l’issue de ces consultations qui leur ont permis d’enterrer la hache de guerre et d’envisager l’avenir avec optimisme.

« Les deux communautés ne se fréquentaient plus à cause des tensions. Il fallait une dose de bonne volonté de part et d’autre de cohabiter avec les autres. Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre devant nous. Nous nous sommes parlé et pardonnés mutuellement ; au nom de nos communautés, nous chefs de chefferie, avons demandé pardon et promis de vivre désormais en harmonie. On va poursuivre sur cette lancée en maintenant le dialogue entre nous. Désormais, nos frères Bira ne vont plus être vus dans les entités Hema comme des ennemis et réciproquement. Cependant, ces efforts devraient être soutenus par l’accélération du processus de désarmement. Cette paix retrouvée aujourd’hui ouvre aussi la voie au bon accueil par la population des projets annoncés par le chef de l’Etat dans le cadre du programme de développement des 145 territoires. Enfin, nous remercions la MONUSCO pour son implication dans la recherche de la paix et la promotion de la non-violence », a déclaré le chef de la chefferie de Bahema d’Irumu, David Bahinduka Bamuniga, complété par le chef de la chefferie de Mobala, Jean-Pierre Lemabo Kabaku : « Nous sommes obligés de vivre ensemble, en harmonie et dans la tolérance. Nous serons désormais en dialogue permanent entre les deux communautés ; cela va contribuer à chasser la méfiance et les extrémismes des deux côtés. Avec l’engagement que nous avons pris et les comités de jeunes des deux communautés, nous avons bon espoir que chacun dénoncera désormais les extrémistes de son camp qui créent la division entre les deux peuples. Nous demandons à la MONUSCO de ne pas se fatiguer et d’être au côté des FARDC pour les appuyer dans leurs efforts de restauration de la paix ».