Ituri : la MONUSCO renforce les capacités des journalistes

C'est précisément pour les aider à acquérir des connaissances minimales dans la pratique du journalisme que la MONUSCO a organisé cette formation. Photo MONUSCO

6 mar 2022

Ituri : la MONUSCO renforce les capacités des journalistes

Jean-Tobie Okala

Vingt-trois journalistes (dont sept femmes) des quatre radios communautaires de la chefferie des Walendu Bindi, dans le territoire d'Irumu en Ituri, ont bénéficié d'une formation pratique sur l’exercice du journalisme dans une zone de conflit. 

La formation a été organisée par la MONUSCO du 3 au 4 mars 2022 à Aveba, localité située à 75 km de Bunia, et où la présence de groupes armés reste une réalité. Cet appui de la MONUSCO à travers sa section de l'Information publique répondait à un besoin plusieurs fois exprimé aussi bien par la société civile locale que par les journalistes eux-mêmes.

Presse amatrice

Comme dans la plupart des zones reculées du pays, l'exercice du métier de journaliste à Aveba, Gety et Bavi, trois localités des six groupements de la chefferie des Walendu Bindi qui compte quelque 300.000 habitants est confronté à de nombreuses difficultés. Parmi celles-ci, on note le manque de ressources humaines, matérielles et financières ; l'insécurité qui empêche les journalistes d'exercer librement leur métier, et surtout le manque de formation des journalistes. Pour la plupart d’entre eux, ce métier constitue la deuxième, voire la troisième occupation professionnelle.

C'est précisément pour les aider à acquérir des connaissances minimales dans la pratique du journalisme que la MONUSCO a organisé cette formation. Celle-ci a ainsi porté entre autres sur la collecte et le traitement des informations, l'importance d'une conférence de rédaction, la typologie des formats journalistiques, la structuration d'un "papier" journalistique, les techniques d'écriture journalistique, les "10 règles d'or" pour les journalistes ou encore les "trucs et astuces" pour le traitement d'une information sensible. Les participants ont par ailleurs été soumis à de nombreux exercices pratiques durant ces deux jours d’intense formation, dont la présentation d'un journal parlé.

Lutter contre la désinformation

Pour la MONUSCO, ce renforcement de capacités avait aussi un autre objectif : former ces journalistes afin qu'ils soient en mesure de mener la chasse aux rumeurs qui pullulent sur les réseaux sociaux. "Le rôle d'un journaliste n'est pas de relayer des rumeurs ou de fausses informations, mais de dire la vérité en s'appuyant sur des faits avérés et vérifiables", ont souligné les formateurs, en attirant leur attention sur leur responsabilité sociale, surtout dans des zones aussi sensibles que celles d'Aveba, Gety ou Bavi, où une rumeur peut facilement constituer une étincelle pour embraser la communauté. 

Les participants ont aussi eu droit à une demi-journée de sensibilisation exclusivement axée sur le mandat de la MONUSCO et le plan de transition conjointement élaboré par le gouvernement congolais et la Mission des Nations Unies au Congo pour une sortie progressive et responsable de la MONUSCO du pays. Car la méconnaissance ou l’ignorance du rôle de la MONUSCO dans le volet protection des civils de son mandat a parfois été à l’origine de nombreuses incompréhensions et même d’un sentiment anti-MONUSCO dans certaines localités du pays : Aveba et les Walendu Bindi en font partie.

« Avant, on se débrouillait tout seuls, on faisait tout, n’importe comment… »

Au terme de ces deux jours de formation, les participants ont fait part de leur gratitude à la MONUSCO qui leur a permis d'accroître leurs compétences et connaissances du métier de journaliste. Ils se sont engagés à ne plus travailler comme des aveugles sans repères, maintenant qu'ils disposent d'outils qui leur permettent de devenir des professionnels de médias. 

« Je remercie grandement la MONUSCO pour ce qu’elle vient d’apporter aux journalistes de la chefferie des Walendu Bindi à travers cette formation. C’est grâce à elle que nous connaissons maintenant ce que nous ne savions pas. Avant, nous déraillions chaque jour sans le savoir, à cause de l’ignorance. Nous allons mettre en pratique ce que nous avons appris. Je remercie la MONUSCO parce que, avant, nous ne connaissions rien aux différents formats journalistiques, on faisait tout, n’importe comment, personne ne nous avait jamais rien appris, on se débrouillait tout seuls », a déclaré Vinciane Imani Mapenzi, journaliste à la radio communautaire Pax Umoja à Gety.

Reste maintenant la tout aussi nécessaire question de l’équipement de ces radios en matériel adéquat pour leur permettre de prendre définitivement leur envol.