Beni : la MONUSCO prépare les détenus(es) à leur réinsertion socio-économique

Le terrain de plus de deux hectares, situé à flanc de colline dans le village Kangbayi, en commune de Beu, est entièrement clôturé par un mur de pierres érigé par la MONUSCO. Photo MONUSCO/Sy Koumbo

28 fév 2022

Beni : la MONUSCO prépare les détenus(es) à leur réinsertion socio-économique

Sy Koumbo S. Gali

Vendredi 18 février, lorsque la délégation de la MONUSCO arrive à l’Etablissement de Garde pour Enfants de Beni (EGE), aux environs de 10 heures, les enfants gardés en ces lieux sont un brin surexcités, parce que c’est jour du sport. Tous, en tenue de sport - les maillots bleus contre les verts - les enfants ont tenu à démontrer tout leur talent en matière de volleyball et de basketball.  

Pour peu, on se croirait sur un terrain normal de jeu. Pourtant, nous sommes dans une « prison », celle des enfants en conflit avec la loi que l’Etat tente de remettre sur le droit chemin. L’un d’eux se dit chanceux, « parce qu’ici nous jouons au volley et au basket grâce au terrain mis à notre disposition par la MONUSCO ».  

Ces enfants, 21 garçons au total, disposent aussi de livres - pour poursuivre leur apprentissage scolaire - et de jeux de société tels que les cartes ou encore le lido pour occuper leur journée.  

Mieux, pour améliorer leur quotidien alimentaire, la section d’Appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO les a aidés à monter un projet avicole avec une centaine de poussins. Dix enfants ont été formés par un technicien vétérinaire pour assurer le suivi du projet.  

L’un d’eux s’en réjouit : « Nous savons déjà comment élever des poussins. C’est vraiment avantageux. Moi-même, je veux qu’en quittant ce lieu je puisse monter mon propre projet. Quand j’étais entré ici, je ne savais rien, mais aujourd’hui j’ai appris un métier. Je remercie les initiateurs du projet, notamment la MONUSCO et leurs agents de supervision qui passent chaque jour pour surveiller l’évolution du projet ».  

Le directeur de l’EGE n’est pas moins fier de ses protégés dont certains, une fois libérés, ont pu s’installer à leur propre compte.

Il précise que sur les 15 enfants formés l’année dernière en mécanique (réparation de motos et groupes électrogènes) par l’Institut National de Préparation Professionnelle, INPP, au moins trois ont pu sortir du lot et monter leur propre business. « Tout le travail que nous avons fait avec la MONUSCO a porté ses fruits », indique Sefu Kambale. 

Les détenues femmes formées à l’élevage de pondeuses

Juste derrière le bloc réservé aux enfants, il y a la prison pour femmes. Ici aussi, la MONUSCO tente de sortir les femmes de la routine et de l’oisiveté. Dix parmi elles ont été ainsi formées à l’élevage de poules pondeuses. Elles sont très fières d’avoir appris un métier en prison.  

L’une d’entre elles raconte que c’est une aubaine, car sa famille a promis de l’aider avec un petit capital, une fois sortie, pour capitaliser le projet : « Mes parents ont été contents quand ils ont vu que j’ai appris un métier en prison. Ils ont promis de m’aider une fois que je serai à l’extérieur pour monter mon business afin que je ne retombe pas dans le travers de ce qui m’a amenée en prison ». 

Des multitudes de projets à Kangbayi 

A la prison centrale de Kangbayi, la MONUSCO a aussi initié plusieurs projets dont le suivi est assuré par la section d’Appui à l’administration pénitentiaire. Déjà, l’environnement de la prison a été radicalement transformé par rapport aux années précédentes. Le terrain de plus de deux hectares, situé à flanc de colline dans le village Kangbayi, en commune de Beu, est entièrement clôturé par un mur de pierres érigé par la MONUSCO.  

Une solution durable au problème récurrent d’évasions auquel la prison de Kangbayi était souvent confrontée. Certains riverains que nous avons rencontrés se disent même aujourd’hui rassurés, parce que, plus en sécurité depuis qu’il y a le mur autour de la prison. 

A l’intérieur des cellules, c’est aussi un changement radical en termes d’hygiène : au moins 16 toilettes ont été construites et 21 douches réfectionnées, permettant ainsi aux prisonniers d’avoir un environnement plus hygiénique et sain, malgré la promiscuité. 

Pour solutionner un tant soit peu le problème de prise en charge alimentaire auquel est confronté la prison, un champ pénitentiaire a été créé. Il s’agit de champs de maïs, choux, patate douce et manioc dont les récoltes permettent d’améliorer le repas des prisonniers. 

En plus de cela, un projet de pisciculture a été réalisé avec deux bassins de 100 alevins chacun, tout comme un moulin a été monté, aujourd’hui ouvert aux riverains pour générer un peu de ressources. 

Un jeune prisonnier de 23 ans, formé à la gestion du moulin, estime qu’aujourd’hui son avenir est tout tracé. « J’ai appris pendant une semaine l’utilisation de cette machine. Depuis que je suis ici, je vis très bien car je ne manque pas d’argent de poche. Nous recevons aussi les gens de l’extérieur pour les servir. Aujourd’hui, même si je quitte la prison, je vais me retrouver dans la vie parce que j’ai appris quelque chose. Pour ça, je remercie la MONUSCO », a-t-il dit 

Satisfait de tout cet accompagnement, le directeur de la prison Kangbayi, Tsongo Makelele, remercie la MONUSCO et pense déjà à d’autres projets qui requièrent, dit-il, son soutien. « Nous sommes en train de concevoir un projet de menuiserie pour lequel nous demandons l’accompagnement de la MONUSCO. On pourra sélectionner certains détenus qui pourront être formés et, au sortir de la prison, ils pourront continuer à exercer ce métier. Ça va les aider à se réinsérer dans la société ».