L’ONU se mobilise en faveur de la stabilisation au Tanganyika en prélude au retrait de la MONUSCO

2 oct 2021

L’ONU se mobilise en faveur de la stabilisation au Tanganyika en prélude au retrait de la MONUSCO

Nana Rosine Ngangoue et Marcelline Comlan

La MONUSCO a entamé le processus de son retrait de la Province du Tanganyika depuis quelques mois. Conformément au plan de retrait élaboré à cet effet, la Mission des Nations Unies n’aura plus aucune présence dans cette province de la République Démocratique du Congo (RDC) au 30 juin 2022.

Dans cette perspective, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, Coordonnateur résident et Coordonnateur humanitaire, David McLachlan-Karr, a conduit une délégation des Nations Unies du 29 septembre au 1er octobre 2021, au Tanganyika.

L’objectif de cette mission était de participer auprès des acteurs locaux à l’identification des priorités sur lesquelles les Nations Unies et les autorités nationales et provinciales doivent se concentrer dans le cadre du retrait échelonné, responsable et durable de la mission. « Cette mission visait également à identifier les domaines pour lesquels un soutien accru des partenaires bilatéraux et multilatéraux sera nécessaire, ainsi qu’un renforcement de la présence de l’Equipe de pays des Nations Unies dans le Tanganyika, notamment dans le domaine du développement », avait indiqué, mercredi, le Porte-Parole de la Mission.

Arrivée à Kalemie, le chef-lieu de la province, le 29 septembre dernier, la délégation a rencontré les autorités provinciales, divers acteurs de la société civile, des groupes de femmes et des représentants de la jeunesse, des ONGs nationales et internationales, ainsi que des Agences, Fonds et programmes déjà présents dans la province.

Les discussions avec l’ensemble des interlocuteurs ont porté sur la durabilité de l'appui de l’équipe pays des Nations Unies à l’ensemble des partenaires locaux, après le retrait de la MONUSCO.

Menaces Mai-Mai sur les populations civiles

Le 30 septembre, David Mclachlan-Karr et sa délégation se sont rendus à Kabeya Mayi (34 km au nord de Nyunzu) pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire dans cette zone où des miliciens locaux également connus sous le nom de Mai-Mai sont toujours actifs.

 

Ici aussi, la délégation a rencontré les autorités locales et des représentants de la société civile. Les interlocuteurs ont informé le chef adjoint de la MONUSCO de la situation sécuritaire et humanitaire globale.

Selon les informations recueillies auprès des leaders communautaires de Kabeya Mayi, les éléments du groupe Mai-Mai Apa Na Pale (MMAP) continuent de poser une menace à la sécurité des populations dans la zone de Nyunzu. Leurs exactions ont provoqué le déplacement d'environ 1 651 ménages (plus de 7 000 personnes) vers Kabeya Mayi.

La société civile de Kabeya Mayi a recommandé que la Force de la MONUSCO soit déployée dans la région de Kalima (53 km au nord-est de Nyunzu), où des éléments Mai-Mai Apa Na Pale sont très s actifs.

La force se déploie à Kabeya Mayi

L’ensemble de ces demandes avait trouvé un écho favorable auprès du Commandant de la Force de la MONUSCO, le général Marcos Afonso Da Costa.  En effet, la MONUSCO a déployé un détachement statique de Combat (SCD) à Kabeya Mayi à 34 km au nord de Nyunzu) le 10 septembre dernier.

Afin de se rendre compte de l’opérationnalisation de cette base, le commandant de la force de la MONUSCO s'était rendu à Kabeya Mayi le 24 septembre dernier. Au cours des discussions avec les acteurs de la société civile et la population de Kabeya Mayi, il s’était engagé à soutenir les efforts de de sensibilisation des groupes armés pour leur reddition.

Les casques bleus indonésiens déployés temporairement dans cette zone vont soutenir les efforts de sensibilisation des groupes armés locaux, afin qu’ils rejoignent le programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation des ex-combattants (PDDRC-S). "Nous sommes très fiers de la tenue de cette rencontre avec les deux responsables de la MONUSCO et une telle initiative doit être pérennisée pour que nous travaillions ensemble dans l'intérêt bien compris de tous pour une paix définitive et durable dans nos localités", a déclaré un habitant de la localité.

Renforcer la cohésion entre communautés en conflit.

Il faut souligner que depuis le déploiement d’une base temporaire de la MONUSCO dans la zone, une équipe multisectorielle du bureau de la MONUSCO travaille dans le groupement de Kabeya Mayi en territoire de Nyunzu pour soutenir la mise en œuvre du processus de stabilisation de la zone.  L’objectif visé est d’améliorer l’environnement sécuritaire et inciter les éléments armés à participer au Programme PDDRC-S. Il s’agit aussi de renforcer la cohésion communautaire et l'autorité de l'État dans les zones du secteur Nord-Lukuga, dans le contexte de la sortie de la MONUSCO de la province du Tanganyika.

Par ailleurs, pour la MONUSCO, il est important de consolider les efforts issus du partenariat MONUSCO-Autorités provinciales dans le cadre de la résolution du conflit entre les communautés Twa et Bantou survenu en janvier 2020 et qui accentue la vulnérabilité des populations.

Pour ce faire, plusieurs activités ont été planifiées avec les autorités locales et les partenaires locaux.  Elles portent principalement sur le volet sensibilisation et renforcement des capacités sur le processus de pacification. La résolution des conflits, la cohabitation pacifique, le dialogue et le vivre ensemble sont des aspects qui sont mis en exergue de même que la redynamisation des mécanismes et outils de protection.

Pour les Nations Unies, le territoire de Nyunzu reste une zone prioritaire pour la mise en œuvre de la stratégie de retrait de la MONUSCO du Tanganyika. C’est l’ONU reste attentive à la situation sécuritaire et humanitaire dans cette zone.