La Journée Mondiale de la Liberté de presse a aussi été commémorée à Uvira, sous le signe de revendications

3 mai 2017

La Journée Mondiale de la Liberté de presse a aussi été commémorée à Uvira, sous le signe de revendications

Uvira, le 3 mai 2017 - Il n’y a pas que l’activisme des groupes armés (locaux et étrangers) et l’insécurité qui caractérisent la Cité d’Uvira : les entraves à la liberté de presse aussi. C’est ce que les professionnels des medias d’Uvira au Sud-Kivu  ont voulu mettre en avant en ce 24e anniversaire de la Journée Mondiale de la Liberté de presse, à travers une série d’activités organisées par la Synergie des Medias d’Uvira et de Fizi (SyMUF) et auxquelles la Section de l’Information publique de la Monusco-Uvira s’est associée : marche pacifique, dépôt de Mémorandum auprès de l’Administrateur du Territoire, Exposés sur des thèmes aussi divers que l’accompagnement des medias dans le processus électoral (présenté par le Chef d’Antenne locale de la CENI), l’exercice de la liberté de la presse face aux délits de presse (Procureur de la République) ou encore sur le rôle des medias dans la promotion des sociétés pacifiques, justes et inclusives, exposé présenté par le Coordinateur de la Synergie des Medias d’Uvira et de Fizi.

Si tous les intervenants et participants ont reconnu aux medias un rôle social en tant que vecteur de développement et de reconstruction des Etats, un rôle fédérateur et formateur en ce qu’ils informent et forment, tous ont aussi reconnu les difficultés qui entravent le bon exercice du métier de journaliste à Uvira et Fizi : formation insuffisante voire inexistante des journalistes et animateurs, intimidations et arrestations arbitraires de journalistes, manque de moyens (humains, financiers, matériels…), abus d’autorité et de position de certaines autorités qui pour un oui ou pour un non ordonnent la fermeture ou l’arrestation de tel chevalier de la plume, la pénalisation des délits de presse. Il y a encore plus, selon Aubert Mwibakeca, Coordinateur de la SyMUF : « difficulté d’accéder aux sources d’informations officielles, surtout des informations qui concernent la transparence dans la gestion de la chose publique ; diffusion gratuite et sous intimidation des communiqués des Services de l’Etat alors que l’Etat ne donne aucune subvention aux medias communautaires et que la diffusion desdits communiqués constitue notre principale source de revenus ; multiplicité des Services de l’Etat dans les medias au nom de la fiscalité, etc. ».

La Section de l’Information publique de la Monusco-Uvira, partenaire de cette activité (appui financier et matériel) est intervenue dans le cadre de la liberté de presse et la protection des journalistes. Pour son responsable, c’est au journaliste d’assurer d’abord sa propre sécurité au travail, en revendiquant ses droits (contrat de travail, salaire…), surtout, « en respectant la Bible de la profession », entendez le code d’éthique et de déontologie journalistique. « On ne mettra jamais un policier ou un militaire derrière chaque journaliste, mais si vous respectez les règles qui régissent la profession, alors, vous aurez ainsi enlevé 80 à 90 % la possibilité aux prédateurs de la liberté de presse de vous harceler… », leur a-t-il lancé. Un message repris par l’Administrateur de Territoire a.i. d’Uvira venu clôturer la Journée. Sephanie Milenge a invité à son tour les chevaliers de la plume d’Uvira et de Fizi « à œuvrer dans l’impartialité et le respect des règles de la profession pour l’émergence de la RDC ». L’Autorité territoriale a promis son implication pour aider les professionnels des medias d’Uvira/Fizi à trouver des solutions à certaines de leurs doléances contenues dans le Mémorandum qu’il a réceptionné à l’issue de la marche pacifique qui avait ouvert cette Journée. Les journalistes ont promis d’y veiller et de faire un bilan à mi-parcours le 3 mai 2018 !

Texte & Photos: Jean-Tobie Okala