La MONUSCO lance des projets d’assistance aux victimes d’abus et d’exploitations sexuelles

Photo MONUSCO/Michael Ali

10 mai 2018

La MONUSCO lance des projets d’assistance aux victimes d’abus et d’exploitations sexuelles

Gabriel Wamenya, Amadou BA

Sake, le 08 mai 2018 – La MONUSCO a donné le coup d’envoi, ce mardi à Sake, à 27 km à l’ouest de Goma, dans le territoire de Masisi, de plusieurs projets d’assistance aux victimes d’abus et d’exploitation sexuels.

Financés par United Nations Trust Fund, à hauteur de 175 000 $dollars américains, sur contribution du Japon et de la Norvège, ces projets concernent les provinces du Nord et Sud Kivu, notamment les territoires de Sake, Bujovo, Munigi et Kavumu.

Ils seront exécutés par l'ONG SYAM (''Siri Ya Mazingira'', en Swahili, ''le secret de l'environnement'', en français), en partenariat avec les réseaux communautaires de signalement et protection contre les abus et exploitation sexuels (SEA) commis par le personnel de la MONUSCO en RDC.

Objectifs

Ces projets visent, entre autres, à renforcer la résilience des communautés en offrant des alternatives aux jeunes et femmes victimes et/ou exposées aux abus et exploitation sexuelles afin de réduire la prostitution, mais aussi de faciliter le retour et la réinsertion des jeunes et femmes victimes dans leur milieu d’origine.

En outre, il s’agit de renforcer les mécanismes de sensibilisation, de signalement et d’orientation des plaintes au niveau local tout en renforçant la capacitation des jeunes et femmes vulnérables à travers la formation professionnelle.

De plus, ces projets contribuent à la sensibilisation des victimes de l'exploitation sexuelle et de la population à risque, dans des zones reculées du Nord-Kivu, afin de les prémunir contre d’éventuels abus de la part des casques bleus de la MONUSCO.

Autonomisation

Au total, 4 réseaux communautaires de signalement et d’accompagnement des victimes des abus et exploitation sexuelles et 460 personnes vulnérables sont bénéficiaires du projet.

Un des temps forts de la cérémonie de lancement a été la remise officielle d’une bâtisse de 200 mètres carrés, construite en planches, où désormais une centaine de femmes vulnérables et victimes d’abus et d’exploitation sexuels reprendront leurs destins en mains.

Et cela, à travers plusieurs métiers comme la culture de champignons, la coupe et couture, la pâtisserie, la savonnerie, la cuisine améliorée, la coiffure et l’élevage, qui génèrera à la fois de la nourriture et des revenus à court et à long terme.

Mesures préventives

En ouvrant la cérémonie au nom de la Représentante Spéciale du Secrétaire Générale en RDC, Nancee Oku Bright, directrice du cabinet de Leila Zerrougui, a mis en garde tout le personnel du système des Nations-unies contre les mauvaises conduites.

«Certaines de ces relations sont considérées comme des violations graves et font l’objet d’une tolérance zéro. En particulier lorsqu’elles sont qualifiées d’exploitation et/ou d’atteinte sexuelle. Elles sont sévèrement punies par l’administration interne des Nations unies ; punition qui peut aller jusqu'à la radiation pour les fonctionnaires et le rapatriement pour les personnels en uniformes avec la non possibilité de revenir», a-t-elle rappelé.

Selon Mme Oku Bright, «un certain nombre de dispositions sont mises en place par le Système des Nations unies en général et la MONUSCO en particulier pour réguler ces relations, aussi bien dans le cadre des échanges purement professionnels, que des rapports personnels afin de prévenir les risques».

Ces mesures visent à «s’assurer que non seulement les populations, mais également les personnels sont efficacement protégés des conséquences dévastatrices qui pourraient découler de ces interactions», a-t-elle affirmé.

‘’Nous n’aurons plus besoin de passer sous les barbelés des camps de la MONUSCO pour chercher un dollar’’

De son côté, la directrice exécutive adjointe de l’UNICEF s’est dit très touchée par ces témoignages. Fatoumata Ndiaye a ajouté que ce programme contribuera sans doute à restaurer la dignité de ces femmes. Elle a rassuré les victimes qu’il y aura un suivi des agences spécialisées sur l’évolution des activités de ces projets.

Lui succédant, le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Luitahichirwa, a plaidé pour que le projet s’étende à d’autres agglomérations touchées par cette problématique.

Cette cérémonie, très émouvante, s’est déroulée en présence des victimes, des hautes personnalités de la MONUSCO, du gouvernement provincial ainsi que des responsables coutumiers.

Une des bénéficiaires n’a pas caché sa satisfaction : «Aujourd’hui, dans notre action nous venons de bénéficier d’un projet ayant trois volets ; notamment la coupe et couture, la pâtisserie, la culture des champignons. Maintenant, nous n’aurons plus besoin de passer sous les barbelés des camps de la MONUSCO pour chercher un dollar afin de nourrir nos familles», a-t-elle assuré.