RDC : Des femmes accèdent aux responsabilités locales grâce à un projet de stabilisation appuyé par la MONUSCO

Des femmes accèdent aux responsabilités locales grâce à un projet de stabilisation appuyé par la MONUSCO

4 mar 2020

RDC : Des femmes accèdent aux responsabilités locales grâce à un projet de stabilisation appuyé par la MONUSCO

Fiston Ngoma

Dans la plaine de Ruzizi, dans la province du Sud-Kivu, une centaine de femmes et des jeunes ont bénéficié, pendant 2 ans et demi, d’un projet destiné à rétablir la cohésion sociale entre des communautés en conflit et les autorités locales, à travers la mise en place des solutions de paix de façon concertée et participative. Le projet a notamment permis aux femmes de recouvrer une place de choix dans leurs communautés.

Dénommé en swahili “Tujenge pamoja kwa ajili yaa amani”, en français « Construisons ensemble pour la paix », ce projet dont la cérémonie de clôture a eu lieu le 21 février dernier, a bénéficié de l’appui technique permanent de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Il a été exécuté par un consortium d’organisations non-gouvernementales, piloté par l’ONG Alert International.

Le pilier relatif au Genre est parmi les domaines à succès du projet. Joséphine Mulogoto, présidente de la société civile du groupement de Kamanyola, une entité coutumière où les femmes n’ont pas droit à la parole en présence des hommes, témoigne : “Chez nous par exemple, 57 femmes ont été nommées comme cheffes d’avenue par le chef de groupement grâce aux actions de plaidoyer et de sensibilisation de ce projet. Nous commençons petit à petit à aspirer au pouvoir, grâce à ce projet Tujenge pamoja kwa ajili ya amani”, reconnait-elle.

Comme à Kamanyola, la chefferie de Bafuliiru, dans le territoire d’Uvira a aussi expérimenté pour la première fois, à travers ce projet, la nomination par le grand chef coutumier, de trois femmes dans la gestion de la chefferie. L’une d’elles a même été élevée au rang de la présidente du grand marché local de Rubanga, dans les moyens plateaux du groupement de Lemera. “ Chaque semaine, je participe à la réunion du conseil de sécurité de la chefferie à Lemera au même titre que les hommes, avec mes autres compagnes. En tout cas, c’est quand même quelque chose”, dit-elle.

Une centaine de jeunes de différentes communautés de la plaine de Ruzizi ont aussi bénéficié de ce projet, à travers la mise en place des coopératives économiques.  Autrefois, ces jeunes étaient plutôt mobilisés contre le pouvoir coutumier de la chefferie locale.  “Certains parmi nous exercent l’agriculture dans la filière riz. D’autres font la briqueterie. D’autres encore parmi nous ont reçu des moulins dans le cadre des activités génératrices des revenus. Et c’est grâce à ce projet”, se réjouit Byamungu Maliyamutu, 29 ans. Il ajoute : “dans un mois, vous passerez ici, et vous aurez du lait frais traité ici localement. Je vends déjà ce lait aux voyageurs qui viennent à bord des bus de Bukavu ou d’Uvira-ville’’.

Ce projet a été financé à hauteur de sept millions de dollars américains par les “Fond de cohérence pour la stabilisation”, représenté au sein de la MONUSCO par l’Unité de Support à la Stabilisation des Nations Unies (USS).

“Notre travail, en tant que MONUSCO consistait à venir en appui à l’Etat congolais à travers la commission STAREC (Stabilisation et Reconstruction) du ministère provincial du Plan au Sud Kivu.  Nous avions facilité les différents points de vue des acteurs, nous avions aidé à débloquer les situations là où c’était nécessaire par nos services de bons offices et nos actions de plaidoyer jusqu’au sommet de l’Etat congolais”, a précisé Ganda Abdourahamane, chef du sous bureau de la MONUSCO à Uvira.

En dépit de ce succès, les défis à relever demeurent encore dans ce contexte local et au regard de la dimension sous régionale du conflit intercommunautaire marquée par la présence des groupes armés étrangers dans la zone.  A ce défi s’ajoute l’enclavement de la zone.

 “ Nous sommes conscients des problèmes actuels. Mais je pense qu’il est important qu’il y ait une suite du projet, parce que dans la stabilisation, il faut investir pendant plusieurs années. Ce n’est pas après-demain qu’on peut changer l’homme, car il faut aussi un changement de comportement”, reconnait Christine Buesser, directrice d’Alert International à Goma, au Nord Kivu.