Beni : militants de partis politiques, journalistes et administrateurs de groupes WhatsApp sensibilisés aux fake news

Lors d'un atelier de trois jours tenu à Beni, la MONUSCO a plaidé auprès des participants afin qu'ils ne soient plus des vecteurs de désinformation. Photos MONUSCO

12 juil 2023

Beni : militants de partis politiques, journalistes et administrateurs de groupes WhatsApp sensibilisés aux fake news

Joel Bofengo

Jonas Mbango fait partie des 60 participants que la MONUSCO a sensibilisés aux dangers de la désinformation. Jonas est administrateur d’un groupe WhatsApp qui rassemble plus de 200 membres à Beni.

Lui comme d’autres acteurs sociaux venus de de Lubero, Butembo, Oicha et Beni, a été édifié sur la nécessité de vérifier les informations avant de les partager. Il réalise qu’il ne l’a pas toujours fait, pourtant il draine un grand nombre de personnes dans son groupe.

Pendant les trois jours d’atelier, la MONUSCO a plaidé auprès des participants afin de ne plus être des vecteurs de désinformation. « Vérifier avant de diffuser », a martelé Jean-Tobie Okala, responsable de l’information publique du bureau de la MONUSCO à Beni.

Après avoir écouté ce message, Jonas s’est dit confus : « C’était de l’ignorance », plaide-t-il, avant d’ajouter : « Je reconnais que, par le passé, j’ai laissé se propager des informations que je n’avais pas vérifiées et dont j’ai appris, par la suite, qu’elles étaient fausses ».

Maintenant, M. Mbango dit avoir compris qu’on peut, grâce à Photoshop, fabriquer le logo d’un grand média et y associer une information qu’il n’a jamais diffusée.

« Tout le monde se croit journaliste »

Personne n’est à l’abri de la désinformation. Pas même les journalistes. Dieubon Mughenze travaille dans la presse depuis 2016. D’abord à la radio, puis aujourd’hui pour le media en ligne election-net.com.

Il regrette que de nos jours n’importe qui, à l’aide de son smartphone, peut s’improviser journaliste et partager des contenus que de nombreuses personnes vont prendre pour parole d’évangile. « Même des journalistes formés tombent dans ce piège ».

Il en veut pour preuve des images partagées notamment dans des groupes WhatsApp au lendemain des massacres à Beni il y a quelques mois. « Certains journalistes ont dressé le bilan des victimes sur la seule base d'images qui circulaient sur les réseaux sociaux ».

Dieubon Mughenze avoue que la pratique du journalisme est plus complexe ces dernières années. « Les nouveaux médias, les outils numériques de traitement et de création de contenus visuels ainsi que la multiplication des acteurs de l’information obligent le journaliste à être plus vigilant ».

Conviction

Comme Dieubon Mughenze et Jonas Mbango, la jeune journaliste Divine Kavira reconnaît avoir accusé à tort les casques bleus du contingent népalais de fournir des armes blanches, notamment des machettes aux ADF. Elle affirme avoir vu les soldats de la paix népalais acheter des machettes au grand marché, sans savoir ce à quoi ce matériel était destiné. Pour elle, c’était suffisant.

Elle a convaincu ses proches que les rumeurs sur le soutien de la MONUSCO aux groupes armés étaient avérées. C’est pendant sa participation à cet atelier qu’elle a réalisé qu’elle faisait fausse route : « Je me suis plantée sur toute la ligne. Désormais, je vais tout vérifier avant de partager ».

Le chef de bureau intérimaire de la MONUSCO, Abdourahamane Ganda, a rappelé les « énormes dégâts sociaux et humains que provoquent la désinformation et les discours de haine ou incitatifs à la haine ». Il a « demandé » aux participants de mettre en pratique ce qu’ils ont reçu comme enseignements afin de devenir des « gladiateurs de la désinformation ».