Beni : UNPOL forme des policiers congolais à la conduite d’enquêtes criminelles
La police de la MONUSCO a lancé mercredi 5 avril, dans la ville de Beni, deux formations en faveur de vingt policiers congolais. Pendant dix jours, deux groupes de dix policiers seront formés respectivement sur la direction des enquêtes et la gestion des scènes de crime. Pour les responsables d’UNPOL à Beni, l’objectif est d’aider ces vingt policiers à mener efficacement des enquêtes et à savoir comment se comporter sur les lieux de crimes afin de faciliter le travail de la justice contre l’impunité.
Le major John Kitalebe Lutete a rejoint le parquet militaire en 2010. Il travaille à l’auditorat militaire de Beni depuis sept ans enquêtant notamment sur les crimes commis dans la ville. Il fait partie des vingt personnes formées.
«Cette formation va nous aider à savoir comment diriger une enquête sur le terrain parce que Beni est un terrain très complexe. On enregistre de nombreux crimes», constate l’inspecteur de police judiciaire.
Alors que cette partie du pays est encore en proie à l’activisme des groupes armés, responsables des massacres de civils, le major John Kitalebe fait savoir que cette formation est d’une grande utilité pour des enquêteurs dont le travail consiste notamment à recueillir des preuves afin de permettre à la justice d’effectuer correctement son travail.
«L’aveu n’est pas une preuve»
Parmi les formateurs, il y a le commissaire principal Israël Mumbere Mutoto, commandant de la police de Mbau. Cet officier de la police congolaise insiste sur le fait qu’en matière de crimes «l’aveu du criminel ne constitue plus la reine des preuves». Il est donc de la responsabilité des enquêteurs de chercher des preuves matérielles afin d’aider les juges à se prononcer sur base d’éléments objectifs. C’est toute l’importance de la formation organisée par UNPOL.
«La police technique utilise les moyens technologiques actuels pour recueillir les preuves qui permettront de déterminer l’auteur du crime», explique le commissaire principal.
Devant les policiers en formation, il martèle que l’une des choses qu’un enquêteur ne doit pas faire est de «souiller le lieu du crime» : «Il ne doit pas se précipiter sur le lieu du crime sans prendre de précautions. Il doit prendre la précaution de ne pas toucher n’importe quoi de peur de laisser ses empreintes».
Pour lui, il est nécessaire que des formations similaires soient organisées régulièrement. «On voudrait mettre à niveau les officiers qui sont appelés à diligenter des enquêtes sur des lieux de crimes pour qu’ils utilisent au mieux la technologie dans ce cadre-là», souligne-t-il.
Partage d’expérience
Présent lors du lancement de ces deux formations, le chef de bureau adjoint de la MONUSCO à Beni note que la police onusienne dispose d’une certaine expertise qu’elle se doit de partager avec la police congolaise.
«L’utilité de renforcer les capacités de la police congolaise est un élément du mandat de la MONUSCO», a rappelé Abdourahamane Ganda, avant de poursuivre : «Nous avons une police qui a beaucoup d’expertise qui vient de différents pays. Il serait utile de partager cette expérience avec les forces de défense et de sécurité congolaises. Dans tous les échanges, les autorités congolaises expriment le besoin de renforcer les capacités de sa police comme de son armée».
Les vingt participants à ces deux formations vont, à leur tour, former leurs collègues. «L’objectif principal est le renforcement des capacités professionnelles de nos partenaires de la police et de l’auditorat militaire», indique Amadou Barry, chef de l’unité de lutte contre la criminalité organisée.
Pour lui, à l’issue des dix jours de formation, les participants seront à mesure de constater les infractions, rechercher les criminels, rassembler des preuves et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes.
Ces deux formations font partie d’une série de neuf formations qui seront organisées par UNPOL tout au long de cette année à Beni. Au total, 147 policiers prennent part à ces séances de formation. L’objectif est de renforcer les capacités opérationnelles de la police congolaise pour lui permettre d’assurer efficacement sa mission.