CONFERENCE DE PRESSE MONUSCO DU MERCREDI 10 NOVEMBRE 2010

10 nov 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUSCO DU MERCREDI 10 NOVEMBRE 2010

Sylvie van den Wildenberg, porte-parole a.i: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de la Radio Okapi qui nous suivent en direct. Au cours de cette conférence de presse, nous vous parlerons des points suivants:

- Visite du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC à Matadi
- Inauguration du bâtiment du commissariat de la police nationale congolaise à Sake dans le cadre du STAREC
- Activités des composantes de la MONUSCO
- Situation militaire
- Situation humanitaire (OCHA)

Le Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo, M. Roger Meece a effectué, hier, mardi 9 novembre, une visite d'une journée à Matadi. C'était la première visite du Représentant spécial au Bas Congo depuis son entrée en fonction. Cette dernière était donc essentiellement une visite de prise de contacts avec le Gouverneur, les autres autorités politico-administratives, judiciaires et militaires du Bas Congo, ainsi qu'avec la société civile, d'autres acteurs locaux et la famille des Nations Unies basée dans cette province.

Au cours de ses échanges, M. Meece et ses interlocuteurs ont évoqué la situation politique, économique, sécuritaire et humanitaire dans la province, et bien entendu, l'appui de la MONUSCO aux autorités congolaises. A cet égard, le Chef de la MONUSCO a réitéré l'engagement de la Mission à continuer d'œuvrer, en partenariat avec les institutions de l'Etat, au renforcement de leurs capacités, en particulier en matière de formation de la police et dans les domaines de la justice civile et militaire. S'agissant du processus électoral, il a souligné que de la Mission continuerait d'apporter un important appui logistique pour assurer la tenue des prochaines élections et que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), poursuivrait son appui technique à la commission électorale indépendante.
M. Meece a fait remarquer que même si la Mission a concentré son action à l'Est de la RDC en raison de la présence continue des groupes armés, les problèmes que rencontrent les provinces de l'Ouest comme le Bas Congo n'en sont pas moins importants, et qu'à ce titre, il convenait de saluer le rôle des Agences du système en collaboration avec la MONUSCO en contribution à la stabilisation dans la province.
Au cours de ses rencontres, plusieurs interlocuteurs, ont fait part de leurs préoccupations par rapport à la situation des expulsés d'Angola qui se trouvent également au Bas Congo et aux atteintes graves à la dignité humaine de ces derniers, en particulier des femmes et des filles. Interpellé sur ces expulsions, le Représentant spécial a souligné combien il était essentiel que de telles actions soient menées dans le plein respect du droit international et des droits humains. Il a invité les deux pays concernés à chercher des solutions à ce problème par le dialogue et la négociation, et a souligné la nécessité urgente pour la RDC et l'Angola de créer des forums de discussion sur cette question avec l'implication de la Société Civile.
S'agissant de la préoccupation des Nations Unies sur la question des expulsions massives d'Angola et en particulier la question des violences sexuelles associées à ces expulsions, le Représentant spécial souligne combien il est important d'établir les faits avec précision et de mettre fin aux violences sexuelles.
Inauguration du Commissariat de police de Sake, dans le cadre du STAREC
Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Fidèle Sarassoro, qui effectue une visite de travail de 48h au Nord Kivu, participe aujourd'hui à l'inauguration du nouveau bâtiment du Commissariat de la Police nationale congolaise (PNC) de Sake, localité située à une vingtaine de Km au Nord de la capitale du Nord Kivu. La construction de cette infrastructure s'inscrit dans le cadre de la stratégie de stabilisation pour les zones sortant des conflits dans l'Est de la RDC (STAREC).
Grâce au partenariat de 11 bailleurs de fonds et des agences spécialisées du système des Nations Unies, quelque 180 millions de dollars américains ont pu être alloués au STAREC. La troisième composante de ce programme de stabilisation pour l'Est prévoit notamment des appuis importants de la composante police de la MONUSCO à la réforme de la Police Nationale Congolaise.
L'ouverture du Commissariat de Police de Sake doit beaucoup à l'engagement du Royaume des Pays-Bas qui a financé la construction, à l'est, de 14 commissariats de police ainsi qu'à l'implication de la Police Nationale congolaise, de la police des Nations Unies, de l'agence d'exécution – UNOPS et des hommes et des femmes qui se sont battus pour que le territoire de Sake soit doté d'un nouveau commissariat, moderne et fonctionnel. Tous les acteurs impliqués dans le renforcement des capacités de la police nationale sont animés du même idéal : garantir aux policiers congolais un cadre de travail favorable à l'exercice de leur mission et garantir à l'ensemble des citoyens congolais et aux victimes des conditions d'accueil dignes d'un service public.
Cette inauguration n'est qu'une première étape, puisque, dans les trois prochains mois, 13 commissariats seront remis à la Police Nationale Congolaise, au Nord Kivu, au Sud Kivu et en Ituri. La construction, autour de ces commissariats, de logements pour les policiers va également débuter incessamment, ce permettra aux éléments déployés dans ces structures de vivre décemment. Un programme de formation piloté par la police des Nations Unies et financé par le Fonds de consolidation de la paix de l'ONU va venir compléter les efforts afin que l'appui ne se limite pas à la fourniture d'infrastructures mais que les capacités des policiers eux mêmes soient renforcées.
Droits de l'Homme :
Du 4 au 6 novembre 2010, avec le soutien du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme (BCNUDH), le Tribunal militaire de garnison de Kananga a tenu une série d'audiences foraines à Tshumbulu, localité située dans le territoire de Dibaya, à quelque 120 km de Kananga.
Le 6 novembre 2010, ce tribunal a reconnu neuf agents de la Police nationale congolaise coupables des viols de 12 femmes, commis en juillet 2009 dans le village de Kumande, situé dans le territoire de Dibaya. L'un des accusés, présent à l'audience, a été condamné à 10 ans d'emprisonnement, tandis que les huit autres, qui sont toujours en fuite, ont été condamnés à 20 ans de prison. Ils ont également été condamnés chacun au paiement d'un million de francs congolais aux victimes.
A noter que ces audiences foraines s'inscrivaient dans le cadre du projet de renforcement de la lutte contre l'impunité des violences sexuelles en RDC financé par l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA).
Protection de l'Enfant :
Une quarantaine d'officiers FARDC des opérations Amani Leo suivent actuellement une formation sur le respect des Droits de l'Enfant, à Bukavu, au Sud Kivu. Cette formation est dispensée par la section de Protection de l'Enfant de la MONUSCO avec plusieurs partenaires dont l'UNICEF. Elle s'étendra bientôt aux officiers basés à l'intérieur de la province. Cette formation en est à sa deuxième phase, puisqu'elle a déjà été dispensée entre le mois de mai et le mois de juillet à 253 officiers FARDC au Sud Kivu.
Bureau du Genre : Renforcement de la stratégie de protection des femmes en RDC :
Constatant que le travail aux alentours des sites d'exploitation artisanale des diverses ressources naturelles constitue l'une des activités de survie principales pour un grand nombre de femmes en RDC et évaluant les dangers de cette activité, le Bureau Genre de la MONUSCO a entrepris, depuis septembre 2010, une étude (d'un coût de 20,700 USD) sur les implications socio-économiques pour les femmes et filles congolaises de l'exploitation artisanale des ressources naturelles en RDC.
L'étude est actuellement en train d'être menée dans sept provinces à savoir: la Province Orientale, le Nord Kivu, le Sud Kivu, l'Ituri, le Katanga, le Kasaï Oriental et le Maniema. Cette étude prendra fin le 25 novembre, Journée internationale contre la violence à l'encontre des femmes, et ses conclusions seront présentées devant les autorités nationales de la RDC, les représentants et représentantes de la MONUSCO et des agences du Système des Nations Unies ainsi que les partenaires internationaux.
Les objectifs immédiats et à court terme à atteindre sont, entre autres, établir une base de données fiable relative à l'implication de la femme dans l'exploitation des ressources naturelles en RDC et formuler des recommandations concrètes aux équipes conjointes de protection des provinces concernées. Dans le moyen et long terme, le bureau Genre recherche, avec cette étude, appuyer le développement économique, social et culturel durable de la femme et de la jeune fille en RDC, ainsi que promouvoir le respect des droits humains de la femme en RDC.
Projet à impact rapide de la MONUSCO en faveur de jeunes handicapés physiques du Nord Kivu
A Goma, la MONUSCO, à travers son contingent de Casques bleus indiens, a fait don d'une quarantaine de vélo tricycles à des jeunes handicapés physiques de Goma et de Rutshuru et ce dans le cadre d'un projet à impact rapide (QIP). Ce don est une réponse à la demande faite par l'Association des jeunes pour la promotion sociale (AJPS) à l'occasion de la journée de l'Enfant Africain 2010
Situation militaire
En Province Orientale, des violences attribuées aux éléments de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ont été rapportées. La Brigade Ituri de la Force de la MONUSCO a par conséquent maintenu toutes ses mesures sécuritaires dans le but d'assurer la protection des populations civiles.
En Ituri, la Force de la MONUSCO a également maintenu la semaine dernière ses efforts visant à protéger la population civile confrontée à la menace issue d'éléments de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) et des miliciens du Front Populaire pour la Justice au Congo (FPJC).
Au Nord-Kivu, la semaine passée, des rapports ont signalé des recrutements effectués par les éléments du groupe Mayi-Mayi Muniama, groupe armé estimé responsable de l'attaque menée le 23 octobre 2010 sur le poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Rwindi.
Le 30 octobre 2010, l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) avait signalé une concentration d'éléments Mayi-Mayi à environ 25 kilomètres au Nord-est de Rwindi, précisément à Ndwali, Tsunka et Luniyasinge. Des mesures sécuritaires immédiates et coordonnées par la Force de la MONUSCO ont contraint ces éléments Mayi-Mayi à abandonner leur funeste plan.
Par ailleurs, une source a rapporté à la Force de la MONUSCO des allégations selon lesquelles trente femmes ont été violées le 5 septembre 2010 dans les villages Kimbua et Kailenge situés à 36 kilomètres au Nord-est de Walikale. Ces exactions seraient imputées à des éléments suspectés appartenir au groupe Mayi-Mayi Cheka, et aux Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Une équipe de la MONUSCO et ''Heal Africa'' continuent à collecter des informations supplémentaires sur ces allégations.
Sur une note plus positive, il importe de signaler la reddition volontaire de deux éléments FDLR au camp DD/RRR de Minembwe le 30 octobre 2010. Le 31 octobre 2010, un élément Mayi-Mayi Cheka s'est rendu au poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Walikale. Le même jour, deux enfants soldats associés au groupe armé du Congrès National de la Défense du Peuple (CNDP) ont été reçus au poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Tongo. Le 1er novembre, c'est un élément FDLR-FOCA (Forces Combattantes Abacunguzi) qui s'est rendu au poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Katale, et trois autres FDLR-FOCA qui se sont rendus au poste opérationnel de Tongo. Le 2 novembre 2010, un élément FDLR-RUD s'est rendu au poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Nyamilima.
Au Sud-Kivu, la situation sécuritaire est restée calme pendant la période sous examen dans l'essentiel de la province. Les patrouilles conjointes spéciales impliquant la Force de la MONUSCO, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et la Police Nationale Congolaise (PNC), menées sur l'axe Shabunda-Matili dans le but de bien assurer la protection des populations civiles, ont été très appréciées par ces populations.
Au Katanga, la situation sécuritaire est restée calme au Sud-Katanga, mais elle est volatile et imprévisible dans les régions du Nord de la province. En effet, des tracts ont circulé dans les villages de Bendera et Mapanda, situés à quelque 120 kilomètres au Nord de Kalemie, qui évoquaient le 3 novembre 2010 une attaque imminente des FDLR. Les FARDC déployées dans la région étaient aussitôt mises en alerte et la 61ème Brigade des FARDC se tenait prête à réagir face à une telle attaque.
Par ailleurs, le rapatriement de Kasaji vers Goma de soixante-dix personnes dépendant d'ex-éléments FDLR démobilisés se poursuit avec le soutien de la Force de la MONUSCO.
Enfin, s'agissant des statistiques des patrouilles menées par la Force de la MONUSCO, elles s'élèvent à 1132 patrouilles armées menées, ainsi que 109 escortes fournies. 352 autres patrouilles ont été menées par les Observateurs Militaires de cette même Force.