Ituri : des jeunes de Bunia sensibilisés aux exploitations et abus sexuels

Photo MONUSCO / Jean-Tobie Okala

11 oct 2022

Ituri : des jeunes de Bunia sensibilisés aux exploitations et abus sexuels

Jean-Tobie Okala

« Cette activité nous a permis d’élargir nos connaissances et de mieux comprendre ce que c’est que l’exploitation sexuelle, et comment la prévenir. Avant, on avait quelques vagues notions de ce phénomène, mais grâce à cette sensibilisation, on comprend mieux maintenant ». 

C’est ainsi qu’a réagi Patience Mapenzi, 25 ans, étudiante de 2e année de Licence en Développement rurale et Planification régionale à l’Université Shalom à Bunia, à l’issue d’une sensibilisation des jeunes de cette ville à la lutte contre les abus et exploitations sexuels commis par le personnel des Nations Unies (SEA).

Cette sensibilisation a été organisée par l’équipe de conduite et discipline de la MONUSCO pour marquer la première « Journée mondiale des jeunes filles » célébrée ce mardi 11 octobre 2022, en partenariat avec Campus Pour Christ International, un mouvement évangélique interconfessionnel qui encadre les étudiants à travers le monde et du Réseau communautaire de rapportage de plaintes (Community Base Complaint Network), CBCN. 

Cinquante jeunes, dont 25 filles, ont pris part à cette activité dont l’objectif était de former les participants aux différentes méthodes de signalement et de rapportage de plaintes pour abus et exploitation sexuels commis par des agents des Nations Unies afin de prévenir ce phénomène qui a longtemps terni l’image et la réputation de l’organisation. 

 

Au cours de l’activité, une vidéo intitulée « To Serve with Pride », « Servir avec fierté » en français, a été projetée aux participants, avant un jeu de questions-réponses qui a mis en avant la responsabilité de chacun de signaler les cas d'abus et d’exploitation sexuels par l'intermédiaire des partenaires de la MONUSCO que sont les membres du CBCN.

« Nous nous sommes engagés à lutter contre ce fléau, en dénonçant tout cas d’abus et d’exploitation sexuels dont nous pourrions être témoins ou victimes. On nous a présentés des membres du réseau de rapportage de plaintes, nous avons reçu leurs numéros de téléphone. Maintenant, en cas d’abus sexuels commis par le personnel de l’ONU, nous savons à qui nous adresser, qui contacter, comment porter plainte. On a aussi reçu des numéros verts de la MONUSCO (49 55 55 ou 081 890 77 44 ou encore 09 97 05 80 00) », affirme Mlle Mapenzi.

Depuis 2016, un réseau a été mis en place au sein de la Mission onusienne pour faciliter le rapportage de plaintes pour abus sexuels. Avant cela, il avait été constaté que certaines personnes rechignaient à dénoncer ce phénomène à la MONUSCO pour diverses raisons (peur, problèmes de langue, stigmatisation, ignorance de l’endroit où rapporter ce genre de plaintes, etc.).  

Ce réseau visait donc à faciliter aux membres de la communauté le signalement des cas d’abus et d’exploitation sexuels (SEA). A Bunia, il compte à ce jour une soixantaine de membres, tous des leaders d’opinion connus de la communauté. Ils avaient été formés par la Mission au rapportage de plaintes pour SEA, à l’accompagnement des victimes, à la prise en charge psycho-sociale, etc.  

Au cours de cette activité qui visait à accroître les connaissances des participants en matière de SEA, le rôle et le fonctionnement du CBCN ont été expliqués à ces jeunes ainsi que les différents mécanismes de rapportage. 

« Cette sensibilisation était très importante dans le cadre de la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels parce que cela nous emmène à des conséquences imprévues et parfois dramatiques : grossesses non désirées, maladies sexuellement transmissibles, stigmatisation par la communauté si on tombe enceinte à 13 ou 14 ans ou si on arrive à décrocher un petit emploi en échange de faveurs sexuelles, sans oublier la déperdition scolaire. C’était important pour nous, surtout jeunes filles, d’être outillées pour éviter de connaître ce genre de mésaventure qui hypothèque lourdement notre avenir », a conclu l’étudiante de 25 ans.