La MONUSCO accompagne le gouvernement pour le retour des ex combattants FDLR dans leur pays

Rencontre de la délégation mixte Gouvernement-MONUSCO avec des ex combattants FDLR à Kisangani. Photo MONUSCO/Jacques MOKONKOLE

9 mar 2018

La MONUSCO accompagne le gouvernement pour le retour des ex combattants FDLR dans leur pays

Jacques MUKONKOLE

Kisangani, le 6 mars 2018 – Les ex combattants FDLR, en transit au camp Lieutenant Général BAHUMA, ont quelques semaines pour se préparer à rentrer dans leur pays d’origine, le Rwanda. Un message clair leur a été adressé dans ce sens le mardi 6 mars 2018 par une délégation mixte Gouvernement-MONUSCO.

Cette délégation était composée de six personnes, dont un représentant de la MONUSCO (DDRRR) et cinq issues des différents services étatiques, notamment la Primature, l’Agence nationale des renseignements, la Direction Générale des migrations, les Renseignements militaires et l’Etat-major Général des FARDC.

Aussitôt arrivée de Kinshasa via Goma, cette délégation s’est dirigée directement au Camp Lieutenant Général BAHUMA où sont cantonnés les Ex combattants FDL et leurs dépendants.

Ici, le chef du camp de transit, madame SIFA ZAWADI, a informé les membres de la délégation des conditions de vie dans ce centre et surtout des difficultés enregistrées ainsi que les réclamations des Ex combattants. Parmi ces difficultés, elle cite :

  • Le dépassement du temps de séjour des FDLR dans le camp de transit. Prévu pour dix jours au départ, ils se retrouvent aujourd’hui à plus de 39 mois ;

  • Le camp est transformé à un camp résidentiel bloquant ainsi les activités militaires de routine ;

  • l’insatisfaction des Ex combattants par rapport à la qualité et à la quantité des aliments qui leur sont fournis alors qu’ils se livrent eux-mêmes à troquer cette ration ;

  • la position radicale et sceptique des FDLR d’adhérer au processus de rapatriement ;

  • la non-réalisation par la communauté internationale de son soutien aux ex combattants afin de les pousser à s’inscrire dans la logique du retour au pays natal, etc.

Les messages forts de la délégation

Après avoir pris connaissance de la situation générale du Centre, la délégation s’est rendue d’abord au site Bravo où sont logés 47 leaders Ex combattants. Ensuite, elle a rencontré au site Alpha, les 775 personnes qui y sont hébergées. Dans ces deux sites, le message de la délégation est sans équivoque, à savoir regagner le Rwanda natal sans atermoiement puisque ce camp doit être fermé.

Gilbert LIKONDO Edjokola, chef de la délégation, estime que le message est passé.

«Il y a un temps où vous pouvez rester chez quelqu’un et il y a un temps où vous devez rentrer chez-vous. La fermeture du camp peut se faire dans un mois ou dans un délai bref nous n’avons pas à préciser la date. Comme vous savez, le rapatriement est volontaire nous devons réunir tous les éléments pour voir dans quelle manière volontairement ils peuvent rentrer chez eux», a-t-il affirmé.

Du côté de la MONUSCO, partenaire du Gouvernement, son Directeur en charge du  Désarmement, Démobilisation, Rapatriement, Réintégration et Réinstallation, Ian ROWE, a exhorté les Ex combattants à regarder la réalité en face. Il n’est pas allé par le dos de la cuillère pour expliquer les difficultés de la MONUSCO à pouvoir poursuivre son assistance humanitaire en leur faveur.

«Le niveau d’appui que vous avez reçu au début de ce processus, en 2014, a fortement diminué au point qu’il ne reste plus rien. Il faut prendre une décision par rapport au rapatriement et c’est le moment de le faire. Comme le gouvernement a indiqué qu’il y aura fermeture de ce camp dans les prochains jours, avec ça, il y aura aussi un arrêt de l’appui de la MONUSCO.  Avec les coupes budgétaires que la mission a souffert récemment durant les années passées et que nous attendons durant les prochaines années fiscales, il n’y aura pas l’argent pour continuer. Toutefois, il y a un kit de réinsertion communautaire qui sera octroyé aux rapatriés volontaires», a-t-il expliqué.

Intransigeance des leaders ex-combattants

Au regard de l’intransigeance chronique des leaders ex-combattants FDLR vis-à-vis des différents messages leur adressés par différentes délégations, cette délégation n’a pas préféré échanger avec eux. Il était question tout simplement de faire passer un message clair.

Par rapport à leur retour, leur porte-parole, Faustin MUGISHA, avait déclaré le 8 septembre 2017 à l’attention d’une délégation composée de l’Envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies pour les Grands lacs, le Comité d’appui technique pour la RDC, la CIRGL et le Gouvernement Congolais venue les sensibiliser pour rentrer au bercail, qu’ils étaient disposés à le faire, mais craignent pour leur sécurité. Faustin MUGISHA avait même clamé tout haut que si la RDC ne veut plus d’eux, qu’on leur trouve un autre pays d’accueil.

Rappelons que ces Ex combattants ont été installés dans ce camp depuis le 24 novembre 2014. 198 ex combattants, dont une femme, ont été rapatriés. Actuellement, leur nombre est de 822. Depuis leur arrivée, 110 naissances ont été enregistrées.