La MONUSCO facilite la cohabitation pacifique et le dialogue social entre Babembe et Banyamulenge du Sud Kivu

La MONUSCO facilite la cohabitation pacifique et le dialogue social entre Babembe et Banyamulenge du Sud Kivu
10 nov 2016

La MONUSCO facilite la cohabitation pacifique et le dialogue social entre Babembe et Banyamulenge du Sud Kivu

Uvira, le 10 Novembre 2016  -  Les deux communautés du territoire de Fizi ont été massivement représentées dans cet atelier de deux jours. Les leaders locaux et chefs coutumiers, les chefs des secteurs, les acteurs de la société civile, les députés provinciaux originaires d’uvira et de Fizi, et les autorités territoriales administratives, près de 100 personnes ont pris part à cette rencontre. Le gouverneur de province du Sud Kivu, Marcelin Cishambo, a mobilisé de sa part près d’une dizaine de ses ministres dans ces assises qui se sont déroulées à l’hôtel Villa Ilac à Uvira, avec l’appui de la Mission de l’organisation des nations unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo, MONUSCO, à travers sa section des affaires civiles d’Uvira et de Bukavu. L’objectif était de contribuer à la résolution des conflits, à vivre en paix, se convenir sur les règles élémentaires pour la gestion de la transhumance en territoire de Fizi ainsi que dans les hauts et moyens plateaux d’Uvira et à Itombwe.  L’activité, avec plus d’une centaine de participants, était inscrite dans la ligne droite du mandat de la MONUSCO selon la résolution 2277 du conseil de sécurité des nations unies demandant à la mission onusienne de s’investir pour la protection des civils sous tous ses aspects. Le chef du sous bureau de la MONUSCO, Mohamed Abdellahi Ould Mohamed, s’était clairement exprimé à l’ouverture de cet atelier de voir les participants sortir avec des résultats probants, pratiques et concrets aux problèmes vécus sur le terrain. « On a déjà essayé tout ce genre de rencontre. Il est donc temps que les gens prennent conscience de la nécessité de vivre en paix et de façon cohérente », avait-il souligné. 

Les deux jours ont permis aux uns et aux autres de se dire des vérités en face. Quelles sont ces vérités ? À Bijombo, dans les hauts et moyens plateaux d’uvira par exemple, certaines communautés d’une part accusent d’autres d’être de mèche  avec des combattants banyamulenge du groupe GUMINO.  De leur côté, les banyamulenge se défendent et affirment au contraire que cette milice Gumino s’attaque plus à eux plutôt qu’aux autres tribus. Un climat de méfiance règne dans cette localité entre les habitants. Les assassinats ont élu domicile ainsi que l’instabilité de la gestion administrative.
Du côté du territoire de Fizi, la cohabitation entre les éleveurs et les résidents du secteur de Ngandja est souvent mise à l’épreuve autour de la question de transhumance. Derrière cette question liée à l’espace exploité pour le pâturage est caché un sérieux problème de cohabitation. Il règne un climat de méfiance et d’intolérance mutuelle entre Babembe et banyamulenge. Des cas d’assassinats, des tueries, des pillages de vaches, des administrations parallèles créées par les groupes armés et qui se substituent à l’état sont souvent signalés.

Les uns et les autres ont dressé ces tableaux des conflits. Pour les leaders traditionnels banyamulenges venus des hauts plateaux de Minembwe, les groupes armés doivent cesser d’insécuriser les espaces de pâturage. Leur porte-parole, Ndahinda Karojo, a souhaité que ce genre de dialogue se multiplie. Au nom de sa communauté, il a pris l’engagement en ces termes : « Je demande à toute ma communauté banyamulenge d’avoir de l’amour, et pourquoi pas autoriser nos enfants à se marier avec d’autres communautés locales pour briser les préjugés des autres sur nous. Nous irons apporter le même message à nos populations partout dans les hauts plateaux, dans la plaine de la Ruzizi pour respecter ce principe de cohabitation. »
De leur part, les chefs coutumiers Babembe, plus concernés dans cette question de la transhumance à Fizi, se sont engagés à sensibiliser leur base au respecter des accords signés entre les deux communautés en 2010. « Nous demandons à tous les  chefs des villages de cesser d’abattre les vaches et les lieux prévus pour le pâturage au moment de la transhumance, de respecter les accords signés avec les Banyamulenge », a insisté le porte-parole des chefs coutumiers Babembe, le Mwami Kasindi Kitongo, chef de groupement de Basimunyaka Sud, dans le secteur de Lulenge.

Cet atelier est une première étape d’une série d’activités de cohésion sociale qui va démarrer dans quelques mois dans la plaine de la Ruzizi et les hauts et moyens plateaux d’Uvira et de Fizi entre les communautés. Le gouverneur du sud kivu, Marcelin Cishambo a dit qu’ « il y a des grands projets pour la région. Nous avons déjà 7 millions de dollars américains à investir dans la plaine de la Ruzizi pour la recherche de la cohésion. Mais personne ne mettra son argent là où il y a la guerre. Nous avons un projet de la Banque Mondiale dans le domaine agricole (environ 67 millions de dollars américains) qui va de Bukavu jusqu’à Kalemie. Personne ne viendra mettre l’argent de la banque mondiale dans des zones en conflits, alors qu’on peut  travailler la paix et refaire de ce pays ce qu’il est en droit d’attendre de ses citoyens ! »
Comme le chef de l’exécutif provincial, le chef du sous bureau de la MONUSCO, Mohamed Abdellahi Ould Mohamed, a lancé l’appel aux représentants des communautés  en ces termes : «  sans vous, la paix ne peut pas subvenir. C’est  vous qui devrez d’abord créer la paix dans vos esprits et de façon sincère. C’est votre sincérité et votre engagement qui poussera les autres acteurs à donner la paix. Vous êtes les premières victimes. Et ceux qui ne sont pas avec vous sur le terrain sont les victimes secondaires. Si vous êtes exposés quotidiennement aux tracasseries, aux violations des droits de l’homme, à toutes sorte de brimade, hélas, c’est vous et vous seulement qui pouvez imposer la paix même si les autres ne le veulent pas ! »

Photos et Article : Fiston NGOMA/MONUSCO