La MONUSCO fournit des équipements à l’Observatoire volcanologique de Goma

Le chef du bureau de la Monusco Goma et le directeur de l'OVG après la remise de matériel solaire. Photo MONUSCO/Michael Ali

9 fév 2018

La MONUSCO fournit des équipements à l’Observatoire volcanologique de Goma

Marylène Seguy

Goma, le 8 février 2018La Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) a remis jeudi 8 février 18 panneaux solaires et 24 batteries à l’Observatoire volcanologique de Goma. Selon Daniel Ruiz, chef de bureau de la MONUSCO à Goma, ce don permettra notamment d’augmenter le niveau de sécurité de la population via les alertes précoces quant à l’activité sismique dans cette zone. Coût du projet : 51.346 dollars américains, dont 99% financés par la MONUSCO.

A la suite de l’éruption du volcan Nyiragongo en 2002, un observatoire sismique a été créé à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo. C’est le plus grand centre actif de surveillance des mouvements sismiques dans la partie orientale de la RDC. Branche détachée du département de géo-physique du Centre de recherches en sciences naturelles de Lwiro, l'Observatoire volcanologique de Goma (OVG) est situé sur le mont Goma, à proximité du centre de la ville éponyme. Le devoir principal de l’OVG est donc la surveillance des deux volcans actifs de la chaîne des Virunga : le Nyiragongo (3.470 m) et le Nyamulagira (3.058 m)

«L’alerte précoce pour l’éruption du volcan Nyiragongo peut sauver de nombreuses vies, comme cela a été démontré dans le passé. Cela ne peut être fait que s’il y a un équipement adéquat. Suite aux délestages que connaît la ville de Goma, la capacité de surveillance du volcan Nyiragongo s’avère particulièrement difficile pour notre structure et quand le courant électrique vient à manquer, nous craignons des pertes de données qui sont importantes pour l’alerte précoce», indique Katcho Karume, directeur général de l’OVG.

En effet, l’OVG recourt à un générateur pour parer à ce problème de délestage. Cependant, sa vétusté fait que l’observatoire a connu des ratés dans l’enregistrement et le suivi de l’activité sismique pouvant conduire à une mauvaise compréhension de la part de la population. Certaines personnes ont parfois lancé des alertes erronées sur l’activité des volcans créant de ce fait la panique au sein de la population.

En octobre dernier par exemple, des rumeurs sur une éventuelle éruption volcanique circulaient sur les réseaux sociaux et dans Goma, située à une vingtaine de kilomètres au sud du volcan. C’est ainsi qu’un projet à impact rapide (QIP) de la MONUSCO a été mis sur les rails en novembre et décembre 2017 afin qu’une alimentation permanente en énergie électrique augmente la capacité de l’OVG à suivre 24 heures sur 24 l’activité sismique, lui permettant de faire de l’alerte précoce si besoin était et ainsi aider à sauver des vies humaines dans les villes de Goma et de Gisenyi, ville frontalière située au Rwanda.

A travers ce projet à impact rapide, l’OVG a ainsi reçu 18 panneaux solaires et 24 batteries pour un montant total de 51.346 dollars américains, dont 49.829 USD ont été financés par la MONUSCO. «Nous sommes ravis», a indiqué Katcho Karume, directeur général de l’OVG. «Depuis que les panneaux ont été installés, ils prennent automatiquement le relais de la SNEL dès qu’il y a délestage. Ainsi, nous ne perdons aucune donnée par rapport aux volcans sous surveillance».

«En ce qui concerne la MONUSCO, ce projet à impact rapide (QIP) revêt trois motivations importantes, à savoir augmenter le niveau de sécurité de la population via les alertes précoces, promouvoir l’énergie alternative via l’utilisation de panneaux solaires et enfin favoriser le développement de la vulcanologie en RDC», a indiqué Daniel Ruiz dans son allocution à l’occasion de la remise de cet équipement.

Le certificat de conformité et de remise du projet a été signé jeudi 8 février 2018 entre l’observatoire, en la personne de son directeur général Katcho Karume, et la MONUSCO, en la personne du chef de bureau de Goma, Daniel Ruiz.

Rappelons que huit volcans se succèdent à travers la chaîne des Virunga située dans le rift est-africain. Deux forment la frontière entre la RDC et le Rwanda. Deux autres forment la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda ; l’un se situe à l’intersection entre les trois pays. Les trois restants s’élèvent sur le sol congolais, dont le Nyiragongo (3.470 m) et le Nyamulagira (3.058 m) qui sont actifs. Sur ces huit volcans, seuls ces deux derniers sont actuellement actifs. Le premier est situé à 18 km à vol d’oiseau de Goma et le second à 22 km. Autant dire que la ville de Goma se situe au pied de ces deux volcans en activité.

En 1977, une éruption a entraîné la vidange du Nyiragongo : 22 millions de m³ de lave se sont déversés en moins d’une heure, causant la mort d’environ 600 personnes à Goma. La dernière grande éruption eut lieu le 17 janvier 2002, déclenchant là encore une véritable catastrophe naturelle : environ 20 millions de m³ de lave ont coulé jusqu’à l’intérieur de la ville de Goma. Les coulées de lave ont traversé la ville - détruisant 13% de sa surface - avant de terminer leur course dans le lac Kivu. Une centaine de personnes a été tuée à la suite de cette éruption. Celle-ci a également occasionné quelque 100.000 sans-abris et ruiné 80% de l’économie locale. Une grande partie de la partie est de la ville avait été ensevelie par la lave, y compris la moitié de la piste de l'aéroport.