La Monusco organise un atelier sur la gestion pacifique des conflits liés à la transhumance à Uvira.

La Monusco organise un atelier sur la gestion pacifique des conflits liés à la transhumance à Uvira.
11 avr 2017

La Monusco organise un atelier sur la gestion pacifique des conflits liés à la transhumance à Uvira.

Quelque cent participants issus de trois Provinces vont y prendre part pendant trois jours. Avec pour objectif : le renforcement des capacités des autorités locales dans la gestion des conflits liés à ce phénomène qui entretient un climat d’insécurité permanent.

Uvira, le 10 mars 2017 – A l’initiative de sa Section des Affaires civiles, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, Monusco-Uvira, organise depuis ce lundi 10 avril 2017 un atelier de trois jours sur la problématique de la transhumance ; ce mouvement saisonnier de bétails qui se déplacent d’une région à une autre, à la recherche de pâturages. Avant, la transhumance était temporaire ; mais depuis ces dernières années, elle est devenue permanente : en clair, les vaches restent sur place au lieu de retourner dans leurs milieux d’origine, créant ainsi de fortes tensions avec les Communautés locales. En août 2016 par exemple, ces tensions ont résulté en la mort d’un éleveur dans la localité de Lubonja en Territoire de Fizi où ce problème se pose avec acuité, selon la Section des Affaires civiles de la Monusco-Uvira. En 2010, au plus fort des tensions entre éleveurs et agriculteurs, un Accord avait été signé. Malheureusement, celui-ci n’a jamais été respecté. On accuse les Chefs de Groupements de percevoir des redevances coutumières (sorte de compensations) sans en informer les agriculteurs ; du coup, la transhumance reste synonyme d’insécurité et de tensions. Elle fait ainsi partie des nombreuses menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité des populations des Territoires d’Uvira et de Fizi au Sud-Kivu.

C’est ainsi que dans le cadre de sa mission de protection des civils et d’appui à la stabilisation de la RDC, la Monusco organise cet atelier inter-provincial. Trois jours durant, des délégués venus des Provinces du Tanganyika, du Maniema et du Sud-Kivu vont plancher sur les mécanismes de gestion pacifique de ce phénomène. A terme, il s’agira d’identifier les causes profondes des conflits, puis de proposer des solutions durables à travers un plan d’action global pour tenter d’enrayer la violence qui accompagne toujours la transhumance dans les trois Provinces concernées. Armand Forster, Chef de la Section des Affaires civiles de la Monusco-Uvira se veut optimiste : « les chances de succès sont bonnes et élevées. Il y a d’abord la pression politique que nous n’avions pas avant. Les autorités s’impliquent désormais et nous en sommes heureux. Ensuite, il y a la pression militaire. La Monusco va établir 2 bases temporaires à Iseke et Lulimba, cela va beaucoup aider à limiter les affrontements éventuels entre agriculteurs et éleveurs. Enfin, il y a le fait que pour la première fois, trois Provinces vont s’impliquer pour tenter de résoudre ce problème qui a fait tant de mal à la région ». A ces trois facteurs s’ajoutent des sensibilisations tous azimuts des populations et Communautés locales, sur par exemple la nécessité de ne pas se rendre justice à soi-même, l’aménagement des parcours pastoraux : pâturage, point d’eau, piste de transhumance, etc., l’indication aux éleveurs des endroits paisibles pour la transhumance et le respect desdites zones pour le pâturage, la participation à des rencontres préparatoires sur la transhumance, le retour du bétail à leur lieu d’origine après la transhumance…

L’objectif poursuivi par ces assises, c’est donc d’amener tout le monde au respect de l’Accord global de 2010 qui définissait pour chacune des parties prenantes (Chefs coutumiers, Eleveurs, Agriculteurs, Etat et Monusco) des droits et (surtout) obligations. Il sera également question pendant ces trois jours de voir si ledit Accord doit être amendé pour l’adapter à la réalité actuelle.

A noter que c’est le Ministre provincial de l’Intérieur, représentant du Gouverneur de Province du Sud-Kivu empêché qui a présidé la cérémonie d’ouverture des travaux. Eciba Mboko Luto a beaucoup insisté sur la nécessité d’atteindre l’objectif de « zéro violence » pour la transhumance 2017. Il a ainsi invité les participants (éleveurs, agriculteurs, Chefs de Groupements…) à travailler ensemble et surtout, à répercuter auprès de leurs Communautés les messages de paix et résolutions qui seront issus des présentes assises ; car a-t-il conclu, « il n’est pas normal que la transhumance continue à faire chaque année des morts inutiles ». Pour sa part, le Chef de Bureau ad intérim de la Monusco Sud-Kivu, Amadou Amani, a invité les participants « à faire des efforts considérables pour sortir d’ici avec des solutions durables pour une transhumance apaisée ».

Texte et Photos: Jean-Tobie Okala