La réhabilitation d’un tronçon routier par la Monusco génère une économie parallèle, non sans danger

La réhabilitation d’un tronçon routier par la Monusco génère une économie parallèle, non sans danger
7 avr 2017

La réhabilitation d’un tronçon routier par la Monusco génère une économie parallèle, non sans danger

Uvira, le 7 avril 2017 – Voilà exactement un mois, jour pour jour, que la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, Monusco, à travers sa compagnie des ingénieurs chinois, réhabilite le tronçon routier qui va du Rond-point Kavimvira à la frontière avec le Burundi dans la Territoire d’Uvira au Sud-Kivu.

Comme qui dirait, cette intervention de la Monusco joint l’utile à l’agréable : outre la route qui fait peau neuve et améliore les conditions de vie des usagers, est venue se greffer une petite activité économique parallèle : la collecte et vente de pierres.

L’activité n’est pas sans risques. Les ingénieurs chinois de la Monusco se plaignent de la présence permanente d’enfants et de femmes (principalement) sur les parties en chantier où ils récupèrent les pierres déterrées par les engins lourds de la Monusco.

Un Casque bleu chinois confirme : « nous avons un sérieux problème avec les populations riveraines qui envahissent tout le temps la route ; c’est vraiment difficile de travailler, on est obligé de les chasser en permanence, au risque d’un accident mortel ».

De fait, ces Casques bleus sont obligés de déployer une dizaine de leurs collègues le long de la voie à réhabiliter, munis de sifflets et de drapeaux rouges et verts. Leur rôle : empêcher qu’un riverain ne se fasse écraser par les engins de la Monusco.

Ceux qui s’adonnent à cette activité avancent trois principales raisons. D’abord le manque d’occupation à la maison en cette période de vacances de Pâques. De voir d’énormes engins lourds et blancs des Nations Unies travailler sous leurs yeux est tentant de les approcher… 

Adolphine Byamungu, 16 ans et élève de 4e année secondaire à l’Institut Esperance d’Uvira, affirme « qu’on est ici parce qu’il n’y a rien à faire à la maison, on s’ennuie… Pour nous, c’est comme une distraction ».

Seconde raison, économique : il s’agit de se faire un peu d’argent en ramassant les pierres détaillées qui sont ensuite revendues aux nombreux constructeurs de maisons ici. Un tas se négocie entre 200 et 3000 Francs congolais, selon sa taille. Le fruit de la vente sert à nourrir sa famille, comme ce garçon de 19 ans rencontré sur place ce vendredi après-midi et qui affirme avoir « vendu pour 2000 Francs congolais de pierres hier jeudi, et avec cet argent, j’ai acheté à manger à la maison ».

Enfin, certains parmi ceux qui ramassent les pierres affirment le faire pour pouvoir disposer gratuitement de matériaux de construction. Au lieu d’aller acheter des pierres pour construire sa propre maison, ils viennent ici les ramasser, de toutes les tailles. Ils se disent heureux de pouvoir le faire plus facilement et depuis que la Monusco réhabilite ces 6 kilomètres de route.

A Uvira, si certains attendent avec impatience la fin des travaux de réhabilitation par la Monusco de la route Kavimvira-frontière RDC-Burundi, synonyme de fin de calvaire pour les automobilistes, d’autres en revanche, aimeraient voir ces travaux s’éterniser !

Rappelons que lesdits travaux de réhabilitation sont assurés par la Compagnie des Ingénieurs chinois de la Monusco, sous la supervision de l’Office des Routes congolais. Ils doivent durer 50 jours ouvrables.

Texte et Photos : Jean-Tobie Okala.