Les femmes casques bleus jouent un rôle unique et essentiel en RDC

Les femmes sont essentielles à l'efficacité du maintien de la paix car elles ont souvent un meilleur accès aux communautés par le biais des femmes et des enfants. / Photos MONUSCO

16 nov 2022

Les femmes casques bleus jouent un rôle unique et essentiel en RDC

Erin Kennedy

Chauffés par un soleil accablant et entourés par le paysage verdoyant de la vallée de Kiwanja au Nord-Kivu, trente et un casques bleus marocains se sont tenus au garde-à-vous, rangés dans une file continue, en attendant de recevoir leurs médailles d'honneur. Alors que le chant des oiseaux s'entremêlait avec le chœur de l'hymne national de la République démocratique du Congo, un sentiment de fierté, de courage et d'honneur emplissait l'air de cette journée de septembre 2022.

Dans la file composée de jeunes gens expérimentés, deux saluts féminins ont attiré l'attention des spectateurs, car ils reflétaient l'espoir d'une poursuite d’interactions conjointe incessante entre les hommes et les femmes à travers le monde pour assurer la présence de femmes dans les missions de paix et de sécurisation.

En décembre 2021, les femmes représentaient 7,8 % de l'ensemble du personnel militaire, policier, judiciaire et pénitentiaire en uniforme dans les missions de terrain des Nations Unies : une augmentation de 6,8 % depuis 1993. Malgré ces progrès, l'ONU est encore loin derrière les objectifs de 20 % de femmes pour les postes d'agents de police individuels et 30 % pour le personnel judiciaire et pénitentiaire.

Le major Soumia Badi, cheffe de l'équipe d'engagement féminin (FET) de la base marocaine de déploiement rapide (MORRDB), a partagé un sourire éclatant alors que Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la MONUSCO, épinglait une médaille d'honneur sur sa tenue en reconnaissance de sa bravoure et son sacrifice.

« Ce fut un grand honneur et un moment de fierté pour moi et mon pays lorsque j'ai reçu un certificat d'appréciation [et une médaille] de la RSSG », a déclaré le major Badi. Auparavant assistante sociale à Agadir, au Maroc, et officier adjoint à la fondation Hassan II pour les retraités, le major Badi a apporté avec elle une connaissance, une expérience et des compétences importantes dans les questions sociales et le travail avec le personnel.

« En tant qu'assistante sociale, je dois accompagner les personnes vulnérables quelles que soient leur origine, leur couleur, leur religion ou leur nationalité. Servir à l'extérieur de mon pays a été une expérience formidable », a-t-elle poursuivi.

Les femmes sont essentielles à l'efficacité du maintien de la paix : elles ont un meilleur accès aux communautés par le biais des femmes et des enfants, elles contribuent à la promotion des droits de l'Homme et à la protection des civils et encouragent les femmes à faire partie des processus de paix. Grâce aux diverses compétences des femmes en matière de prise de décision, de planification et de résultats, ainsi qu'à leur capacité à instaurer la confiance au sein des communautés, les femmes sont essentielles au succès du maintien de la paix.

Pourtant, il existe bel et bien des obstacles à surmonter pour assurer l'efficacité de l'expertise des femmes dans le maintien de la paix, notamment dans le contexte congolais : « La communication avec la population locale peut être difficile, surtout avec celles qui ne parlent pas français. Dans de tels cas, un assistant linguistique masculin apporte son aide, car nous n'avons pas de traductrice. Cependant, lorsqu'il s'agit de sujets sensibles comme les cas de violences sexuelles par exemple, la victime se sent [souvent] mal à l'aise de parler à un homme. De plus, lors des manifestations anti-MONUSCO, la plupart de nos activités ont été interrompues en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région », a-t-elle ajouté.

Avec un soutien important apporté au major Soumia et au FET dans leur travail, un sentiment d'autonomisation a filtré à travers la base marocaine. « J'ai pu réussir ma mission grâce aux conseils et directives du colonel et à l'étroite collaboration que j'ai partagée avec les membres du contingent », a expliqué le major Badi. « Ma plus grande réussite est de gagner la confiance de la population et d'encourager les femmes à briser le silence et à parler de leurs problèmes et de leurs rêves. Il est très important que les femmes servent au sein de l'ONU, pour parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».

L'ONU s'efforce d'assurer le déploiement d'un plus grand nombre de femmes en uniforme dans des hautes fonctions par le biais de l'Agenda pour les femmes, la paix et la sécurité, la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies (UNSCR1325), qui plaide pour la participation égale des femmes dans tous les secteurs des opérations de maintien de la paix, et l’Action pour le maintien de la paix (A4P), Déclaration d'engagements partagés, par laquelle l'ONU a appelé à un élargissement du rôle et de la contribution des femmes dans ses opérations. Cependant, la responsabilité du déploiement des femmes dans la police et l'armée incombe en dernier ressort à la volonté et à la proactivité des États membres.