Les femmes de la province de l’Ituri décidées à sortir de l’ombre

Les femmes de la province de l’Ituri décidées à sortir de l’ombre

Les femmes de la province de l’Ituri décidées à sortir de l’ombre. Photo MONUSCO/Guy Karema

4 nov 2017

Les femmes de la province de l’Ituri décidées à sortir de l’ombre

Le 17eme anniversaire de la Résolution 1325, du Conseil de sécurité des Nations unies, sur les femmes, la paix et la sécurité, a été célébré à Bunia le 31 octobre 2017. Cet événement,  organisé conjointement par la section Genre de la MONUSCO et le Forum des Mamans de l’Ituri (FOMI), a vu la participation de 80 personnes (dont 67 femmes et 13 hommes). Les orateurs du jour ont rappelé les grands axes de cette résolution et une évaluation de la situation, à ce jour, en termes de sa mise en œuvre dans la province de l’Ituri, a été faite.

Les participants ont noté qu’un nombre limité de progrès a été accompli ces dernières années, en Ituri, en particulier depuis sa transformation en province. En pour preuves, la nouvelle province compte deux femmes ministres et les postes influents de rapporteur adjoint de l'Assemblée provinciale, de chef de cabinet du Gouverneur et d'adjoint au Maire de Bunia sont tous occupés par des femmes. En avril de cette année, ont constaté les participants, le Gouvernement provincial a également franchi une étape importante dans la promotion des questions féminines et l'intégration du genre en établissant, au sein du ministère du Genre, quatre sous-groupes thématiques axés sur les affaires féminines. Il s'agit notamment du sous-groupe sur la participation politique et le leadership des femmes et des sous-groupes sur la violence sexuelle et sexiste, l'autonomisation des femmes et le statut juridique des femmes.

Mais, pour les mamans de la province de l’Ituri, ces réalisations, bien qu'importantes, en elles-mêmes, sont néanmoins limitées et relativement insignifiantes par rapport à l'ensemble de la situation. Selon Madame Jeanne Alasha, présidente du sous-groupe thématique « Participation Politique et Leadership Féminin » (PPLF), les femmes de l'Ituri sont encore nettement sous-représentées dans les postes de direction et de prise de décision dans la vie politique. Par exemple, explique-t-elle, « même si deux des ministres provinciaux sont des femmes, cela ne représente que 20% du gouvernement provincial. Le même pourcentage, 20%, se trouve dans le bureau de l'Assemblée provinciale où un seul des cinq membres (le rapporteur adjoint) est une femme, et parmi les cinq administrateurs territoriaux (un sur cinq) et leurs adjoints (deux sur 10). Les femmes sont encore moins représentées parmi les parlementaires d'Ituri. Seuls deux des 26 députés nationaux (7,6%) et l'un des 30 députés provinciaux (3,3%) sont des femmes. Les quatre sénateurs sont tous des hommes. Dans le domaine de l'administration publique, si au moins 20% des chefs de division sont des femmes, seuls 10% des postes de chef de bureau sont occupés par des femmes. Quand il s'agit de diriger des partis politiques, la situation est encore plus sombre. Sur une vingtaine de partis politiques représentés à Bunia, un seul (MSR-Majorité) est dirigé par une femme: il ne représente qu'environ 5% ».

Selon toujours Madame Jeanne Alasha, parmi les facteurs à l’ origine de cette discrimination, le plus important d'entre eux est l'aspect culturel. « En effet, les filles et les garçons, dès leur plus jeune âge, sont éduqués dans les rôles et les mentalités traditionnels. Ce conditionnement culturel limite les femmes aux rôles domestiques, privés et subordonnés, colore les attitudes et les attentes et mine la confiance en soi dans la mesure où les filles et les femmes hésitent même à tenter de participer à des rôles publics de leadership », dit-elle.


De plus, ajoute-t-elle, l’ignorance, parmi les femmes et les hommes, des droits accordés aux femmes par les divers textes juridiques internationaux et nationaux pertinents, ne fait que miner davantage la participation des femmes aux rôles de prise de décision, en général, et à la vie politique plus spécifiquement. « Les femmes sont en outre freinées par le manque de volonté politique de leur accorder de la place dans les sphères publique et politique », conclue-t-elle.

Face à ces obstacles au progrès, le Forum des Mamans de l’Ituri (FOMI) affirme s’être déjà engagé dans une série d'activités visant à stimuler la participation et l'inclusion des femmes dans la vie politique et publique en Ituri. La MONUSCO, qui était représenté dans ce débat par le chef de bureau MONUSCO-Bunia, a promis d’accompagner ces organisations féminines en organisant pour elles deux ateliers de renforcement des capacités. Le premier abordera la question de la participation des femmes à la vie politique, de manière plus générale, couvrant des domaines clés tels que les compétences en leadership ; le second visera à encourager la participation des femmes aux élections en leur fournissant des compétences et des connaissances clés à cet égard.

Guy Karema