Lutte contre la désinformation et les discours de haine : la MONUSCO forme des journalistes à Mahagi

Les journalistes doivent également être les artisans de la paix et non les fossoyeurs de celle-ci. Photos MONUSCO / Jean-Tobie Okala

5 nov 2022

Lutte contre la désinformation et les discours de haine : la MONUSCO forme des journalistes à Mahagi

Jean-Tobie Okala

Une quinzaine de journalistes, dont une femme, de Mahagi et sa périphérie représentant trois radios locales ont suivi, samedi 5 novembre 2022, une formation sur la lutte contre la désinformation et les discours de haine à Mahagi-centre, à plus de 180 km de Bunia en Ituri. Cette formation était organisée par la section de l'Information publique de la MONUSCO à Bunia. Le coup d'envoi de cette activité a été donné par l'administrateur de territoire militaire adjoint de Mahagi qui s'est félicité de cet appui de la MONUSCO dans son entité. Le colonel Claude Tumba Kalala a ensuite loué l'abnégation et les efforts de cette presse locale qui, bien que dépourvue de moyens, "a contribué à stabiliser le territoire en cette période d'état de siège".

« Les dix règles d'or du parfait journaliste »

Quant à la formation proprement dite, elle a commencé par le rappel de quelques notions de base du journalisme : les "dix règles d'or du journalisme" et le code d'éthique : ce qu'un.e journaliste devrait faire ou ne pas faire. Ensuite, les exposés ont passé en revue les différents types de formats journalistiques (ce qu'on appelle dans le jargon une brève, un papier, un enrobé, un vis-à-vis, un dossier, un magazine etc.), le traitement de l'information (y compris en zone sensible) de la collecte des données à sa diffusion, les techniques d'interview, comment écrire une phrase journalistiquement correcte, les principes à respecter... Puis a suivi une partie pratique qui a duré tout l'après-midi et qui s'est focalisée sur l'écriture de certains des formats passés en revue, sur bases d’exercices pratiques.

Médecins de la désinformation

La formation a également abordé le phénomène de la désinformation dont les médias se rendent souvent coupables à cause, entre autres, de l'absence d'une bonne formation, mais aussi du manque de moyens, d'une certaine inclinaison communautaire qui fait que certains font du "journalisme militant" et propagent de fausses informations détruisant ainsi le tissu social et portant atteinte à l'intégrité et à l’image des individus ou organisations ; le cas de la MONUSCO accusée de tous les maux. S'ils sont parmi les principaux acteurs de la désinformation, les journalistes ont aussi appris qu'ils devaient être des "médecins de la désinformation" qu'ils doivent combattre chaque jour dans l'exercice de leur métier. Cela passe par un travail professionnel et une remise en question permanente qui doivent faire prendre conscience aux chevaliers de la plume de leur rôle social : celui d'être des artisans de la paix et non des fossoyeurs de celle-ci.

Le comité local de l'Union nationale de la presse congolaise, UNPC/Mahagi, s'est dit "extrêmement satisfait" de cette formation qui va améliorer la prestation des journalistes dans cette partie du territoire. 

« Pour notre génération, c'est une première ce genre de formation. Nos aînés avaient peut-être suivi des formations similaires avant nous, mais pour nous, c'est la toute première fois depuis de nombreuses années que nous bénéficions d'un renforcement de capacités. A coup sûr, cette formation va nous permettre d'améliorer notre rendement et notre façon de travailler. Nous ne sommes pas nombreux, mais comptez sur nous pour aller restituer ce que nous avons appris ici à l'intérieur du territoire, à Djalasiga, Ngote, Magiport, Ndrele... Nous entendions seulement que la MONUSCO avait formé des journalistes à Aveba, Komanda, Bunia... Mais jamais ici chez nous à Mahagi. Aujourd'hui, c'est une joie immense qui nous habite, nous qui avons eu la chance de prendre part à cette formation. Nous remercions la MONUSCO pour tout ce qu'elle a fait pour ce territoire. Avant cette formation, la dernière assistance de la MONUSCO fut l'installation de panneaux solaires, ce qui a permis de réduire très sensiblement la criminalité dans la cité », a déclaré Samuel Atido, au nom des participants.