Major Thobeka Mswane, femme soldat de la paix d’origine sud-africaine, s'est engagée à faire de la RDC un endroit plus sûr pour les femmes et les enfants

30 mai 2023

Major Thobeka Mswane, femme soldat de la paix d’origine sud-africaine, s'est engagée à faire de la RDC un endroit plus sûr pour les femmes et les enfants

Erin Kennedy

Dans les profondeurs du nord-est de la République démocratique du Congo, dans l'ouest du parc national biologiquement diversifié des Virunga, à Beni, les Casques bleus sud-africaines se sont mises au garde-à-vous pendant que les drapeaux flottaient haut dans la brise fraîche et que la poussière d'argile se déposait sous les ailes de l'avion qui venait d’atterrir ; un sentiment de solidarité africaine était visible.

En montant les marches de la piste menant à la base du bataillon sud-africain de la MONUSCO, les visiteurs en provenance de Kinshasa furent accueillis par les salutations des Casques bleus : la solennité de la circonstance s'est rapidement adoucie par un sourire chaleureux et une poignée de main de la Représentante spéciale du Secrétaire général (RSSG), Mme Bintou Keita. En serrant la main de la RSSG, une femme soldat de la paix afficha un sourire qui reflétait un sentiment unique de gratitude et le respect profond pour l’hôte de marque. Son nom : major Felicia Thobeka Mswane, coordonnatrice de l'appui-feu pour la brigade d'intervention de la Force.

Major Thobeka est arrivée en fin de mandat après avoir servi la population congolaise, ayant été chargée de coordonner l'appui-feu pendant les opérations et d'assurer la sécurité de tous ceux qui étaient impliqués dans les opérations. Une immense responsabilité en effet pour le major Thobeka qui a montré sa passion pour son travail ; « Le maintien de la paix des Nations Unies aide les pays à naviguer sur le chemin difficile du conflit vers la paix. Ma décision de me porter volontaire pour servir comme soldat de la paix de l'ONU vient de l'amour que j’ai pour mon pays, en reconnaissance de ce que ce dernier a investi en moi comme compétences pour rendre de meilleurs services dans l'armée et sur le plan individuel, au sein des organisations comme l'ONU, en exécutant les tâches de maintien de la paix. »

C'est avec cette passion, en appui à son bataillon et à son organisation, que Major Thobeka a surmonté les défis auxquels sont confrontées les femmes casques bleus : « L'armée, en tant qu'organisation, est dominée par les hommes », a-t-elle déclaré, « [Certains] pays n'ont même pas de femmes commandantes dans leurs corps de combattants : j'étais la seule femme soldat déployée avec des hommes dans [certains cas], avec toutes les difficultés d’accès à des installations d'hébergement et d'ablution. » Major Thobeka a en outre déclaré que "l'ONU respecte les femmes casques bleus et a mis en place un mécanisme pour leur soutien, avec des commandants pour les assister au mieux de leurs capacités".

En décembre 2021, les femmes représentaient 7,8 % de l'ensemble du personnel militaire, policier, judiciaire et pénitentiaire au sein des missions sur le terrain des Nations Unies. Les femmes jouent un rôle important dans les missions de maintien de la paix : elles ont un meilleur accès aux femmes et aux enfants dans les différentes communautés ; elles possèdent diverses compétences en matière de planification et de prise de décision et encouragent les autres femmes à faire partie des processus de paix et politiques.

"Ayant eu l'opportunité de me déployer sur le terrain, [je me suis rendue compte que] le fait d'avoir des femmes dans les équipes militaires permet aux femmes et aux enfants dans les zones d’opérations de se sentir plus facilement en sécurité et de faire confiance à l'ONU qui œuvre pour la protection des femmes et des enfants. En période de troubles et de conflits, les installations militaires de l'ONU en RDC deviennent des refuges pour les femmes et les enfants », a déclaré le major Mswane.

Travaillant dans des situations souvent instables et dangereuses, les soldats de la paix, comme tout autre citoyen ordinaire, accomplissent des choses parfois extraordinaires, en s'appuyant sur le soutien de leurs proches, ce qui amène le major Thobeka à dire que "servir et s'engager auprès des communautés congolaises et les écouter attentivement a été ma plus grande réalisation, au moment où j’achève ma mission sans incidents majeurs avec mes proches. Je n'y serais pas parvenue sans le soutien de ma famille : de mes frères et sœurs, de ma mère [et] de mon fils de dix ans, qui m'envoyaient chaque matin un message de soutien", a-t-elle poursuivi.

L'ONU s'efforce d'assurer le déploiement d'un plus grand nombre de femmes en uniforme grâce à l'Agenda pour les femmes, la paix et la sécurité, suivant la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies (UNSCR1325), qui plaide pour la participation égale des femmes dans tous les secteurs des opérations de maintien de la paix, et l’Action pour le maintien de la paix (A4P), la  Déclaration d'engagements partagés, par lesquels l'ONU appelle à l’élargissement du rôle et de la contribution des femmes dans ses opérations. Cependant, la responsabilité du déploiement des femmes de la police et de l'armée dépend en dernier ressort de la volonté et de la proactivité des États membres.