Nord-Kivu : des projets de stabilisation favorisent la cohésion sociale dans la chefferie de Bwito

La population et les autorités locales attendent à présent les retombées de ces projets. Photo MONUSCO / Miriam Izquierdo

6 aoû 2021

Nord-Kivu : des projets de stabilisation favorisent la cohésion sociale dans la chefferie de Bwito

Bernardin Nyangi

Au Nord-Kivu, la MONUSCO et ses partenaires dont le gouvernement congolais ont clôturé, la semaine dernière, les projets de stabilisation de la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru. Cette clôture a coïncidé avec l’inauguration du nouveau poste de la Police nationale congolaise (PNC) de Kikuku, chef-lieu de la chefferie, par Jean-Romuald Ekuka Lipopo, vice-gouverneur du Nord-Kivu.

Appelés respectivement «Njia za Makubaliano» (Chemin vers les accords) et «Pamoja Kwa Amani Na Maendeleo» (Ensemble pour la paix et le développement), ces deux projets ont permis de développer des activités de cohésion sociale comme des tribunes d’expression populaire et des dialogues intergénérationnels en ciblant surtout les jeunes à risque.

Le projet «Njia Za Makubaliano», qui a pris fin en février 2021, a abouti à la stabilisation de la chefferie, avec le retour du Mwami (chef coutumier qui avait quitté la contrée suite aux violences communautaires). Il a également permis la construction et l’équipement du commissariat de police ainsi que la construction et l’équipement du centre des jeunes de Bwito.

L’ensemble de ces projets a été exécuté entre 2017 et 2021 par les partenaires de la stabilisation, dont le consortium Alerte International et Pole Institute ainsi que UNHABITAT, FNUAP et UNESCO.

La population et les autorités locales attendent à présent les retombées de ces projets dans cette zone déchirée par divers conflits inter-ethniques exacerbés par l’activisme des groupes armés.

Selon le chef de mission du programme STAREC (programme de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés) au Nord-Kivu, Suni Matabaro, ce programme a contribué à atténuer l’instabilité qui existe depuis longtemps dans la chefferie. « L’activité de ce jour marque l’aboutissement d’un long processus communautaire, résultat d’un dialogue démocratique au sein des différents groupes ethniques et des recommandations pertinentes issues des assises tenues à Rutshuru et d’autres tables rondes. Grâce à cette activité, différentes sensibilités de la chefferie se sont mises ensemble pour discuter des problèmes qui fâchent la stabilisation et la paix dans la chefferie de Bwito ».

Emmanuel Yirankunda, président du conseil local des jeunes de Bwito, se réjouit des retombées positives de ces projets : « Avant, il y avait des attaques contre les villages. Les jeunes de telle tendance ethnique pouvaient attaquer les villages de ceux de telle autre tendance. On trouvait aussi un marché pour les Hutus par exemple à Nyanzale, un marché pour les Nandes à Kibirizi, un marché pour les Hundes à Kikuku. Il y avait aussi les incendies de villages. Lorsqu’on enregistrait la mort d’une seule personne, par vengeance on tuait tous les membres de la communauté de la personne suspecte du meurtre. Actuellement, il y a une réduction sensible des tueries ; il n’y a plus d’incendie de maisons ; les marchés sont devenus inter-ethniques. Au niveau des réunions et au niveau des églises, les gens cohabitent et collaborent. Ils travaillent ensemble : il y a cohabitation et communication entre ethnies et villages jadis divisés ».

Abondant dans le même sens, le vice-gouverneur du Nord-Kivu salue surtout la restauration de l’autorité de l’Etat dans cette entité. « Après le retour du Mwami, de la construction de sa maison et le retour des autres services, notamment l’ANR (agence nationale de renseignements), nous concrétisons par-là la restauration et la réinstauration de l’autorité de l’Etat dans la chefferie de Bwito » note à ce propos le commissaire divisionnaire Jean-Romuald Ekuka Lipopo. 

Au tour du chef de la chefferie de Bwito d’exprimer sa satisfaction de voir le renforcement des unités de la PNC dans le chef-lieu de son entité, qui ne comptait jadis que trois policiers. Le Mwami Raphaël Bukavu Kikandi III a déclaré : « Je pense qu’avec l’installation de ce nouveau commissariat, cela va renforcer la sécurité. On recourait même aux militaires pour maintenir la sécurité ici. Maintenant nous pensons qu’avec la police de proximité qui vient d’être installée, nous connaîtrons une sécurité totale ».

Rappelons que l’ensemble de ces projets a été financé par le Fonds de cohérence pour la stabilisation à travers la « Stratégie internationale de soutien à la sécurité et à la stabilisation » (ISSSS) et l’unité de Stabilisation de la MONUSCO. Une nouvelle phase du même programme est actuellement à l’étude pour la partie nord de la chefferie de Bwito.