Nord-Kivu : la MONUSCO appuie un projet pour renforcer la participation des femmes dans la résolution des conflits

La MONUSCO et l’association RAPDFEM lancent un projet visant à appuyer le renforcement du leadership des femmes dans la résolution des conflits et la gouvernance sécuritaire dans le Petit Nord.

13 mar 2023

Nord-Kivu : la MONUSCO appuie un projet pour renforcer la participation des femmes dans la résolution des conflits

Marylène Seguy

A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de la femme, le bureau de la MONUSCO/Goma, en collaboration avec l’association RAPDFEM (Réseau d’Associations pour la Promotion des Droits de la Femme), a organisé le 8 mars 2023 une rencontre marquant le lancement du projet visant à appuyer le renforcement du leadership des femmes dans la résolution des conflits et la gouvernance sécuritaire, à travers le réseau des femmes médiatrices et ambassadrices de la paix dans le Petit-Nord, dans la province du Nord-Kivu.

Ce projet est appuyé techniquement et financièrement par l’unité Genre de la MONUSCO/Goma. Une trentaine de femmes leaders venues des territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et de la ville de Goma ainsi que les autorités politico-administratives y ont pris part, notamment les représentants de la division provinciale du Genre, famille et enfant du Nord-Kivu, de la Maison de la femme et du Secrétariat provincial de la résolution 1325.

Ces femmes ont été mandatées pour se rendre sur le terrain, dans leurs communautés respectives, afin de participer aux dialogues intercommunautaires communautaires portant sur la résolution des conflits.

Isabelle Pendeza, présidente de CAFED (Collectif des Associations Féminines pour le Développement), explique : « Nous avons identifié les femmes médiatrices et ambassadrices ainsi que les partenaires au niveau provincial qui vont nous aider. Nous savons qu’ensemble ils effectueront un travail de qualité sur le terrain ».

Pas de paix sans les femmes

L’est de la RDC est touché par différents types de conflits tels que les conflits interethniques, la violence communautaire, les conflits liés au contrôle du pouvoir et/ou de la terre, avec l’activisme de plusieurs groupes armés. Les acteurs de la paix, y compris l’ONU, les organisations nationales et internationales prennent donc des initiatives telles que des dialogues communautaires et des négociations de paix pour réconcilier et favoriser la cohésion sociale au sein des communautés locales.

Ephrem Zihalirwa, coordonnateur et chef de projet au sein de RAPDFEM, explique l’objectif visé : « Le but est que les femmes puissent participer efficacement dans tous les mécanismes de résolution des conflits que ce soit au niveau local, au niveau territorial et également au niveau régional ».

Au cours de cette rencontre, il a été souligné que dans ces instances de règlement des conflits, les femmes qui représentent 52% de la population sont largement sous-représentées ou quasiment non représentées. Par ailleurs, les femmes des milieux ruraux ne s’impliquent pas dans les différentes initiatives de paix. Leur faible représentation et leur faible leadership pourraient s’expliquer par le fait que les femmes dans les zones de conflit et post conflit sont souvent perçues comme des victimes ayant besoin de protection et non pas comme des actrices au processus de paix.

IL existe également la perception selon laquelle peu de femmes et de jeunes filles manifestent leur intérêt ou seraient compétentes pour travailler en tant que médiatrices et apporter leur contribution à la construction d’une paix durable dans leur milieu.

Conséquences de l’exclusion des femmes

« On désire que les femmes des milieux ruraux ne soient plus exclues de tout ce qui se fait en matière de contribution à la paix, que les femmes ne soient plus victimes mais qu’elles soient des actrices de la paix. Lorsque ce réseau sera installé, les femmes participeront chaque jour à contribuer à la résolution des conflits dans leurs communautés, leurs chefferies, leurs groupements et à toute l’échelle des territoires ciblés par le projet », a ajouté Ephrem Zihalirwa.

Cette exclusion des femmes entrave par conséquent la qualité et la durabilité des résultats des processus de paix, car les préoccupations et les priorités sont différentes pour les hommes et les femmes, et personne ne peut parler des besoins et des priorités des femmes mieux qu’elles-mêmes.

Les expériences passées ont prouvé que les accords de paix qui excluent les femmes, entraînent souvent une appropriation limitée par les populations ou sont incomplets, car certains aspects, en particulier ceux qui touchent les femmes et jeunes filles, peuvent être laissés de côté, ou ne sont inconsciemment pas prioritaires.

Pour sa part, la cheffe de bureau de la MONUSCO/Goma a affirmé que « ce projet veut donner aux femmes médiatrices et ambassadrices cette visibilité et cet espace afin d’amplifier leur influence, leur potentiel, leurs bienfaits et, surtout en cette période fort tourmentée, les aider à mettre en œuvre leurs propres solutions ».