Nord-Kivu : session de sensibilisation et de dialogue intercommunautaire facilitée par la MONUSCO à Masisi

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'engagement de la Suisse, via son ambassade en RDC, à promouvoir la paix et à réduire et prévenir les violences en République démocratique du Congo.

18 juin 2024

Nord-Kivu : session de sensibilisation et de dialogue intercommunautaire facilitée par la MONUSCO à Masisi

James Nzabara

La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO) par le biais de sa section des Affaires civiles, en collaboration avec l’ambassade de Suisse à travers sa division paix et droits de l’Homme, a organisé du 10 au 11 juin 2024 à Goma une session de sensibilisation et de dialogue pour la réduction des tensions intercommunautaires en territoire de Masisi, au Nord-Kivu.

Délocalisée à Goma en raison de l’insécurité grandissante dans le territoire de Masisi, cette activité pilotée par le comité de suivi de l’acte d’engagements du dialogue de Masisi et mise en œuvre par l’ong REID a rassemblé une cinquantaine de participants, dont sept femmes, originaires de Masisi. Étaient également présents les autorités locales, les services de sécurité, les notables et leaders communautaires, les commandants des jeunes volontaires connus sous le nom « Wazalendo », les activistes de la société civile et les représentants des personnes déplacées.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'engagement de la Suisse, via son ambassade en RDC, à promouvoir la paix et à réduire et prévenir les violences en République Démocratique du Congo. En collaboration avec la MONUSCO, elle soutient le travail du comité de suivi de Masisi dans ses efforts de vulgarisation des actes d'engagement pour la cohabitation pacifique et dans la conduite de dialogues inclusifs visant à réduire les tensions intercommunautaires dans le territoire de Masisi.

Soutenir le plan d’action d’urgence du gouvernement provincial

Dans son mot de circonstance, le vice-gouverneur de la province a indiqué que l’organisation de ces assises s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action d’urgence du gouvernement provincial du Nord-Kivu pour la réduction de la criminalité et du banditisme armé en ville de Goma et ses environs. « Comme vous le savez, la MONUSCO est pleinement engagée dans la recherche de la paix, de la stabilité et de la protection des civils en République démocratique du Congo et nous sommes conscients des souffrances endurées par les communautés déplacées. C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités provinciales et les partenaires locaux pour essayer d’apporter une réponse satisfaisante aux préoccupations relevées dans les sites », a mentionné le représentant du chef de bureau de la MONUSCO à Goma. Pour sa part, le représentant de l’ambassade suisse a notamment appelé les parties au respect du droit international humanitaire et à préserver le caractère civil et humanitaire des camps de déplacés internes.

Abondant dans le même sens, le représentant du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) a éclairé les lanternes des participants sur le droit international humanitaire et les violations graves des droits de l'Homme dans et autour des sites des déplacés à Goma. Il a exhorté les commandants des unités des forces armées et les jeunes résistants à veiller à la protection des civils. Saisissant cette occasion, le colonel Mokoli, coordonnateur de la sécurisation des sites des déplacés, a axé son intervention sur l’état sécuritaire actuel et les conditions de vie dans et aux alentours des sites. « Nous devons promouvoir la paix et la cohésion dans les sites des déplacés. Nous devons préparer notre retour car nous sommes convaincus que la guerre prendra fin et que les enfants de Masisi retourneront dans leurs villages », a déclaré Thomas d’Aquin Muiti, notable de Masisi et président du comité de suivi de l’acte d’engagements du dialogue de Masisi. 

Des solutions pour faciliter la paix et le vivre-ensemble dans les sites de déplacés

Lors de groupes de discussion, les participants ont réfléchi sur des pistes de solution visant à créer un environnement paisible et protecteur dans les sites des déplacés. Parmi les propositions figurent : l’éloignement des positions militaires des sites des déplacés, la promotion et le respect du caractère civil des sites des déplacés par toutes les parties, l’interdiction et la surveillance stricte des boissons alcoolisées et drogues dans les sites, l’intensification de la sensibilisation à la paix et la cohésion sociale auprès des communautés, l’éloignement des sites des routes pour prévenir les accidents, ainsi que l’amélioration du dispositif sécuritaire autour des sites par la police nationale, etc.

Par ailleurs, une attention particulière a été portée sur les allégations d’infiltration d’éléments armés incontrôlés dans les sites. À cet effet, le vice-gouverneur a appelé les participants à la vigilance et à la collaboration avec les services de sécurité pour dénoncer tout cas suspect, dans le cadre de l’opération «Chunguza jirani» (Surveillez votre voisin) initiée par les services de sécurité pour juguler la criminalité dans la ville.

Notons que la ville de Goma compte dix sites accueillant plus de 600 000 personnes déplacées, arrivées depuis l’an dernier pour fuir les violents affrontements qui ont enflammé les territoires de Masisi et de Rutshuru à la suite de la reprise de l’offensive armée de la rébellion du M23. Les Nations Unies ont condamné les bombardements de sites de déplacés le 3 mai 2024 à proximité de la ville de Goma qui ont fait de nombreuses victimes civiles, y compris des enfants, ainsi que de nombreux blessés.