Nord-Kivu : la MONUSCO facilite des consultations pour prévenir les tensions communautaires
Des travaux de consultation et de sensibilisation des communautés du Nord-Kivu sur l’importance de la cohabitation pacifique ont eu lieu à Goma du 2 au 4 septembre. Une activité organisée par la division des Affaires civiles de la MONUSCO, en collaboration avec plusieurs partenaires, notamment le gouvernement provincial, la société civile et le Baraza La Wazée intercommunautaire du Nord-Kivu.
L’objectif annoncé de ces assises était de réfléchir avec les délégués des dix communautés ethniques du Nord-Kivu à la meilleure façon de prévenir les conflits et de maintenir la cohésion entre les communautés. Selon Pauline Wamaria Sebujangwe, membre du barza intercommunautaire du Nord-Kivu, « cela fait des années et des années qu'il y a ce conflit-là et aujourd'hui nous nous disons, en tant que tribu, qu’est-ce que nous pouvons faire pour que chacun apporte sa contribution, pour qu'on fasse une fondation durable pour cette paix que nous recherchons tant. Ici, chaque communauté ou chaque tribu s’est engagée à parler de ce qui a été bien fait, de ce qui a été mal fait et de ce qu'il faut faire différemment pour arriver à une cohésion sociale au Nord-Kivu ».
Durant trois jours, les thématiques abordées ont essentiellement porté sur l’état des lieux général de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu avec son impact sur la cohésion sociale. Les participants ont échangé et discuté des causes et de l’impact des tensions communautaires sur le vivre-ensemble. Ils ont aussi proposé des pistes de solutions et des recommandations. Au cours du troisième et dernier jour des travaux, les experts ont abordé des notions portant sur les mécanismes de prévention et de résolution des conflits.
« Le but ici n'est pas de nous attarder sur ce qui divise ; c'est plutôt d'identifier les facteurs déclencheurs et voir ce que nous pouvons faire, chaque communauté à son niveau, en ayant déjà compris le problème. On nous demande d'être plus coopératifs entre nous et c'est cela qui nous intéresse. On est venu pour réfléchir à une solution. C’est cela notre intention première », explique le professeur Pacifique Mulonda, l’un des experts qui ont pris part aux discussions.
Engagement citoyen
Environ soixante personnes ont pris part à cet exercice : des leaders et autres représentants communautaires, des acteurs de la société civile du Nord-Kivu. Aux termes de débats animés, les délégués des communautés ont apposé leur signature sur l’acte d’engagement pris d’un commun accord.
Les délégués des communautés ethniques -Tutsi, Hutu, Nande, Hunde, Tembo, Kano, Mbuti, Kumu, Nyanga et les CAP (communautés des autres provinces) - s’engagent, entre autres, à : (1) promouvoir la convivialité pour une cohabitation pacifique, par des actions concrètes de coopération et de collaboration, tout en recourant aux moyens pacifiques de règlement des conflits, dont le dialogue ; (2) plaider auprès des institutions étatiques ayant en charge le rôle régalien de la sécurité des personnes et de leurs biens, pour qu’elles jouent correctement leur rôle en vue d’une cohésion sociale effective ; (3) promouvoir des stratégies appropriées de lutte contre les discours de haine, la désinformation, la rumeur et la méfiance ; (4) promouvoir la gestion équitable des institutions provinciales ; (5) promouvoir les mariages inter-ethniques comme «facteur de connection».
Le président du Baraza La Wazée intercommunautaire du Nord-Kivu, le professeur Alex Bahuma Balingene, est persuadé que ces engagements connaîtront une adhésion citoyenne. « D’abord, argumente-t-il, nous avons procédé à des consultations communautaires séparées et plus tard nous sommes passés à la mise en commun. Donc, je présume et je suis d'ailleurs convaincu que nous avons tout collecté, nous avons tout traité ensemble et, comme les recommandations ont été adoptées par tous les participants, je suis sûr qu’il y aura un engagement citoyen ».
Cette activité s’est clôturée sur une note de satisfaction tant du côté des participants que de celui des organisateurs. Et Pauline Wamaria Sebujangwe de conclure en évoquant les jeunes générations : « Nous devons enseigner à nos enfants que ce qui nous a divisés doit cesser afin que cela ne se répète plus jamais».