RD Congo: l’ONU publie les résultats préliminaires sur les viols massifs commis à Walikale

24 sep 2010

RD Congo: l’ONU publie les résultats préliminaires sur les viols massifs commis à Walikale

KINSHASA, le 24 Septembre 2010 – Les Nations unies publient en ce jour le Rapport préliminaire de la mission d'enquête spéciale sur les viols massifs et autres violations des droits de l'homme qui ont été commis suite aux attaques de groupes armés entre le 30 juillet au 2 août 2010 dans le territoire de Walikale, province du Nord-Kivu. L'équipe d'enquête du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (BCNUDH)* s'est rendue du 25 août au 2 septembre 2010 dans les 13 villages de l'axe Kibua-Mpofi pour mener une enquête approfondie.

Les principaux résultats préliminaires de l'enquête spéciale** font état d'au moins 303 civils, victimes de viol, parmi lesquelles 235 femmes, 13 hommes et 52 filles et 3 garçons. Le rapport indique que « ces chiffres pourraient être revus à la hausse dans la mesure où plusieurs victimes ne se sont pas faites connaître à ce jour en raison du poids des coutumes locales y compris le risque de rejet et d'abandon par leurs communautés. Par ailleurs, la moitié de la population vit toujours dans la brousse par crainte d'une nouvelle attaque. » L'enquête rapporte également qu'au moins 116 civils ont été enlevés et soumis à des travaux forcés.

Auparavant, une équipe conjointe de protection de la MONUSCO s'était rendue dans cette zone, du 13 au 17 août 2010, pour évaluer la situation sécuritaire et analyser les besoins de la population civile en matière de protection, avait initialement confirmé au moins 154 cas de viols.

Les attaques, principalement nocturnes, ont été perpétrées par une coalition d'environ 200 éléments de Maï Maï Cheka, des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ainsi que d'éléments du Colonel Emmanuel Nsengiyumva, ancien FARDC ex-CNDP. Armés d'AK47, de grenades et de machettes, les assaillants ont d'abord justifié leur présence pour répondre aux besoins de sécurité de la population avant d'attaquer, par petits groupes, la population. Ils ont ensuite coupé les routes et pris le contrôle de la colline de Bunangiri, seul endroit à partir duquel il est possible accéder au réseau téléphonique dans la zone, empêchant ainsi la population de donner l'alerte.
« Nous condamnons fermement toutes les attaques à l'encontre de la population civile », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Roger Meece. «La MONUSCO continue d'enquêter pour faire toute la lumière sur ce grave incident. Elle a déjà augmenté le nombre de ses bases opérationnelles dans les zones concernées. Elle va aussi renforcer sa collaboration avec les forces congolaises pour mieux assister les populations et répondre aux réels défis d'accès aux villages les plus enclavés» a-t-il ajouté.
Le BCNUDH a par ailleurs appris que dans la province du Sud-Kivu, les FDLR auraient attaqué, entre le 1er et le 20 août dernier, 19 villages au nord-est de Shabunda centre causant au moins 214 viols. Ces allégations n'ont pas pu être confirmées par le BCNUDH suite à des difficultés d'accès aux lieux de ces attaques notamment dûes à l'enclavement de ces villages et à l'insécurité de la zone. Si ces dernières allégations sont confirmées, le total des victimes de viol liées aux attaques de groupes armés dans le Nord et Sud-Kivu au cours des mois de juillet et août 2010 s'élèverait alors à plus de 500 cas.
Le rapport en anglais sera disponible prochainement.

(**) Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme, crée en février 2008, intègre la Division des droits de l'homme de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et le Bureau du Haut-commissariat aux droits de l'homme en République démocratique du Congo (HCDH RDC).

FIN
Pour de plus amples informations sur ce rapport, merci de contacter Margot Tedesco, BCNUDH, Kinshasa (Tel: +243 (0)81890 4528 / email:tedescom@un.org