Shabunda : les Nations Unies financent une radio communautaire et la case de la femme pour sensibiliser contre les violences basées sur le genre

Shabunda : les Nations Unies financent une radio communautaire et la case de la femme pour sensibiliser contre les violences basées sur le genre. Photo Monusco/ Mathilde Mihigo

18 juil 2022

Shabunda : les Nations Unies financent une radio communautaire et la case de la femme pour sensibiliser contre les violences basées sur le genre

Carine TOPE

Grace à un financement du Fonds du Secrétaire général de Nations Unies pour la consolidation de la Paix (Peace Building Found), à hauteur de 1 500 000 dollars américains, une radio communautaire et la case de la femme ont été installées à Kigulube, dans le territoire de Shabunda, au Sud-Kivu, dans le cadre du projet WOSH-Women of Shabunda.

Le projet a été mis en œuvre par le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) de la MONUSCO, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). 

La remise officielle de la case de la Femme, de la radio et du kit informatique par l’UNESCO est intervenue le 1er juillet 2022, en présence des autorités locales, du conseiller du ministre provincial de l'Intérieur, du conseiller de la Commissaire générale du Genre, de la cheffe de division provinciale du Genre et de la population locale.

 Une radio pour lutter contre les violences faites aux femmes

 L’installation de la radio communautaire vise prioritairement à sensibiliser la population sur la communication non violente, qui est une source de paix et de cohabitation pacifique.

 « Par cet instrument de masse média, les Nations Unies veulent permettre aux femmes de dénoncer toutes formes de violences et violations faites à leur endroit dans cette zone de la Rdc en proie à l’insécurité », a déclaré Mathilde Mihigo, représentante du BCNUDH à Bukavu présente à la cérémonie inaugurale. 

La radio communautaire de Shabunda a aussi pour rôle de consolider la paix à travers la Communication pour le Changement des comportements, et la promotion des droits de la femme de Shabunda, spécifiquement la Femme de Kigulube, dans le Sud-Kivu. 

 Mathilde Mihigo a souligné que la BCNUDH encourage « les femmes à s’approprier cette radio et traiter des questions profondes des droits qui les concernent pour leur épanouissement ».

 Une radio pour le changement des mentalités  

Les journalistes qui prestent à cette radio sont unanimes. L’avènement de cette radio va certes apporter un changement des mentalités grâce à la sensibilisation de la population, mais aussi apporter un changement personnel pour chacun d’entre eux.  

Témoignage de Benjamin Mpago:

En sensibilisant la population sur le changement des mentalités, nous devons nous faire le devoir d’être des acteurs de changement de mentalités. En parlant de la non-violence, nous devons d’abord nous-même être des acteurs qui prêchent par l’exemple. Nous sommes donc appelés à vivre constamment dans le changement positif. 

Depuis le 30 juin, la radio communautaire de femmes de Kigulube émet sur FM 88,0.

Des tranches d'animation, en vue de tester la qualité et la distance de couverture, ont été organisées le 30 juin, jour du lancement officiel. A l'ouest de Kigulube, la radio émet jusqu’à 250 km et atteint certains villages du Maniema, alors que vers le nord, le sud et l’est, elle arrose à plus de 100 km, vers les territoires de Kabare, Kalehe, Walungu et Uvira, dans la ville de Bukavu.  

 La population, première bénéficiaire de ce projet, salue cette initiative des Nations Unies dans la région.  

Un kit informatique (ordinateur, imprimante-photocopieuse, quelques fournitures) a été remis au comité de gestion de la case de la femme dans laquelle est installée la radio communautaire.  

Après la cérémonie d’inauguration, des émissions interactives avec la population ont été lancées. 

L’animatrice a appelé les femmes à sortir de leur silence et briser les mythes et dénoncer tout cas de violence et violations faites à leur endroit. 

« Cette radio est un instrument qui va nous permettre de délier nos langues, et dénoncer toutes formes de violence. Les bourreaux ne s’en prendront qu’à eux même », a déclaré une des femmes venues participer au lancement officiel du signal de la radio communautaire de Shabunda. 

  La case de la femme pour vulgariser les textes légaux

 Le Bureau conjoint des Nations aux Droits de l’homme a équipé la case de la femme avec une bibliothèque dite « des droits de l’homme ». 

Les femmes ont vivement été encouragées à consulter les manuels pour s’informer sur ce que prévoient les textes légaux sur les violences sexuelles et autres formes de violence basées sur le genre. Cette maison a aussi pour rôle de faire le référencement des victimes. 

Des groupes de femmes ont été mis en place pour travailler à la case de la femme, dont les coopératives minières des femmes et les femmes vectrices de changement. 

L’OIM accompagnera les femmes dans le volet gouvernance minière sur les sites miniers à Shabunda, l’UNESCO veillera à la Communication pour le Changement des Comportements (CCC) et le BCNUDH veillera à la promotion des droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de violence. 

 La cheffe de division en charge du Genre, Famille et Enfant de Shabunda se félicite de l’installation de la case de la femme dans ce territoire enclavé de la RDC.  Madame Kumingi Nigo soutient que cette maison permettra au gouvernement provincial du Sud-Kivu d’avoir une base de données fiables des cas de violence et de mutualiser les efforts dans la lutte contre les violences sexuelles. 

La maison de la femme comporte trois branches : 

Le club de la femme, qui se focalise sur la sensibilisation, l’éducation sur les droits de la femme ; 

Le cadre de concertation, pour le suivi des violences sexuelles, se rapprocher des survivantes de viol, et les orienter vers les structures de prises en charge appropriées ; 

Le club des droits des femmes qui s’occupera de la sensibilisation des droits des femmes. 

Madame Kumingi Nigo indique que le territoire de Shabunda enregistre plusieurs cas de viols et violence basée sur le genre. De janvier 2020 à septembre 2021, la division a enregistré 804 cas de viol. 

D’octobre 2021 à ce jour, 65 cas de femmes survivantes de viol ont été signalés.