Soutenir les communautés locales à combattre la pauvreté en Equateur

13 avr 2015

Soutenir les communautés locales à combattre la pauvreté en Equateur

En Equateur, les années de conflits, le manque de services sociaux de base, la mauvaise gestion, la faible productivité agricole et la pauvreté chronique ont perturbé l’équilibre des marchés locaux et ont exacerbé la vulnérabilité de la population face à l’insécurité alimentaire.

Le programme Achats pour le Progrès, en anglais Purchase for Progress (P4P), est un programme exécuté conjointement par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) visant à relancer l’économie agricole en appuyant les petits producteurs à augmenter leurs productions et à les vendre à des prix équitables afin d’augmenter leur revenu.

Une approcha innovatrice

Meissa Aw coordonne le projet P4P pour la province de l’Equateur : « Le projet a démarré à la fin de l’année 2011 dans le territoire de Bikoro et s’est étendu en 2014 au territoire d’Ingende. Le projet cible respectivement 3000 et 4000 bénéficiaires dans ces territoires. Le P4P est également mis en œuvre à Kabalo dans la province du Katanga », explique-t-il. En République Démocratique du Congo (RDC), l’une des principales caractéristiques du P4P est de rétablir les réseaux commerciaux en offrant des débouchés aux petits producteurs et en les rendant plus compétitifs. « Le PAM, qui en assure la coordination, intervient dans la commercialisation de vivres mais dans l’achat auprès des unions et organisations de petits producteurs qui participent au projet », ajoute Meissa. Les produits achetés sont utilisés pour les programmes d’assistance alimentaire, tels que l’assistance aux réfugiés centrafricains et aux personnes déplacées, les cantines scolaires et les activités « ‘vivres contre travail » du PAM.

En cinq ans, le projet a déjà obtenu des résultats concrets et a eu un impact positif sur la situation socio-économique des bénéficiaires dans les zones d’intervention : « En Equateur par exemple, P4P a contribué à la création de 294 organisations paysannes (OP) et 17 unions dont la reconnaissance juridique est en cours », affirme Meissa. « Le projet a aussi permis le renforcement des capacités de producteurs à travers la formation, l’appui aux intrants agricoles, à la commercialisation, la construction d’infrastructures de marché, d’entrepôts et d’abris, la réhabilitation de routes de desserte agricole, et l’acquisition d’unités de transformation (moulins et décortiqueuses). »

La problématique hommes-femmes

Etant donné qu’un grand nombre de petits producteurs sont des femmes, P4P accorde également une importance capitale à la question de l’égalité des sexes et à la parité hommes-femmes, en particulier dans les zones où l’autonomisation de la femme est problématique. Le projet privilégie une approche parité en faisant la promotion de la femme dans toutes les activités du projet et en assurant que les femmes et les hommes ont un accès égal à la terre, aux semences et aux engrais, à la technologie, aux moyens de transport, aux marchés et aux services d’appui. Grâce aux activités axées sur l’égalité des sexes, la participation des femmes aux activités du projet est passé d’environ 15% en 2009-2010 à plus de 32% aujourd’hui. Parmi les femmes avec qui nous travaillons, 37% sont des leaders dans les organes de gestion et de prise de décision au sein des OP et des unions, et 97% des apprenants du programme d’alphabétisation initié en Equateur par le P4P sont des femmes », commente Meissa. « P4P mène également des activités de renforcement de capacités pour les productrices agricoles en culture maraîchère et a mis en place un projet d’émissions de radio communautaires animées par les femmes sur des thèmes centrés sur la femme tel que l’accès à la terre, le droit au revenu du ménage, le mariage précoce, l’éducation des enfants, etc. »

De nationalité sénégalaise, Meissa est agroéconomiste de formation et a orienté sa carrière dans le secteur du développement rural et de la sécurité alimentaire: « J’ai travaillé avec les petits producteurs au Sénégal et acquis de l’expérience dans la coordination de projets avec les bailleurs de fonds, les autorités locales et les associations de producteurs.» Meissa affirme son engagement et sa détermination à accompagner les producteurs dans l’atteinte d’un des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui est la réduction de la pauvreté « dont l’incidence est plus manifeste dans le monde rural en RDC où 93% de la population vit sous le seuil de la pauvreté», explique-t-il. « Avec une superficie qui dépasse l’Europe Occidentale et qui comprend plus de 120 millions d’hectares de terre propice à l’agriculture, la RDC dispose d’un potentiel énorme en raison de la fertilité de la terre qui ne nécessite pas d’engrais. » Pour Meissa, sa contribution en tant que Volontaire des Nations Unies consiste à utiliser ses compétences et connaissances afin d’aider les petits producteurs du projet P4P à combattre la pauvreté. « Le volontariat m’a permis de réaliser un rêve d’enfance : J’ai vécu six ans en RDC quand j’étais enfant et j’avais envie de revenir et de mettre mes compétences au service des petits producteurs afin d’améliorer leur agriculture et, par conséquent, leur situation socio-économique. »