Sud-Kivu : 57 millions de dollars, au moins, pour soutenir la Feuille de route de la transition

La réalisation de cette Feuille de route exige de mobiliser pas moins de 57 millions de dollars américains, selon les chiffres communiqués par le vice-Premier ministre Guylain Nyembo. / Photos MONUSCO

16 aoû 2024

Sud-Kivu : 57 millions de dollars, au moins, pour soutenir la Feuille de route de la transition

Alain Likota

L’atelier d’alignement des partenaires du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) sur la Feuille de route du plan de désengagement de la MONUSCO et de la transition, pour la province du Sud-Kivu, s’est tenu les 13 et 14 août 2024 à Bukavu, chef-lieu de la province éponyme.

Y ont participé, virtuellement depuis Kinshasa le vice-Premier ministre du Plan et de la Coordination de l'aide au développement, Guylain Nyembo, et le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général et Coordonnateur résidant du système des Nations Unies en RDC, Bruno Lemarquis. A Bukavu, une soixantaine de membres de l’équipe provinciale intégrée de transition (EPIT), du Groupe de coordination des partenaires (GCP) et d’autres parties prenantes ont pris part aux assises.

Quatre axes principaux

Cette Feuille élaborée par l’EPIT en précise les objectifs, les actions prioritaires, les entités responsables de mise en œuvre, les bénéficiaires, la localisation et le budget prévisionnel pour chaque activité. Elle a été revue par le Secrétariat technique conjoint, puis validée le 22 juin 2024 par la Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, et la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, coopération internationale et francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner. Quatre axes principaux la soutiennent : le renforcement de la sécurité et de la protection des civils, le renforcement de l’autorité de l’Etat et de l’Etat de droit, le renforcement du PDDRC-S et, enfin, la logistique et les opérations.

« Un des objectifs les plus importants de l’atelier sera de clarifier la coordination des interventions, en appui à la Feuille de route […] Il s’agira de déterminer comment le gouvernement central, le gouvernement provincial, les Nations Unies, les partenaires techniques et financiers, la société civile, les ONG nationales et internationales travailleront ensemble à la mise en œuvre de la Feuille de route, de manière coordonnée, avec une recherche d’impacts, en termes de stabilisation, de paix et de sécurité, fondements du développement de la province », a précisé Bruno Lemarquis à l’entame de l’atelier.

C’est justement à quoi se sont attelés les participants, répartis conformément aux quatre axes de la Feuille de route. Sous chaque axe, plusieurs actions sont prévues. Certaines permettront, entre autres, de renforcer le déploiement et la présence effective des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans les zones prioritaires, de soutenir la prévention, la gestion et la transformation des conflits.

Contributions « volontaires »

La réalisation de cette Feuille de route exige de mobiliser pas moins de cinquante-sept millions de dollars américains, selon les chiffres communiqués par le vice-Premier ministre Guylain Nyembo. Le gros des prévisions porte sur le renforcement de la sécurité et la protection des civils, à financer à hauteur de 29.281.228 dollars américains, soit 50,83% du montant total attendu. Il faudra mobiliser 17.245.136 dollars américains, soit 29,93% du budget, pour le renforcement de l’autorité de l’Etat et l’Etat de droit. Le troisième axe, celui du Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S), exigera 885.740 dollars américains, soit 1,53% du budget attendu. Pour l’axe relatif à la logistique et à l’opération, il s’agira de 10.182.816 dollars américains.

Selon Bruno Lemarquis, ces fonds sont à mobiliser par des contributions « volontaires » car, a-t-il précisé, « avec le désengagement de la MONUSCO du Sud-Kivu, nous quittons le monde des contributions statutaires dans lequel les Etats membres des Nations Unies contribuent tous au budget des Nations Unies et donc de la MONUSCO pour entrer dans le monde des contributions volontaires ». D’où la nécessité de « la contribution du gouvernement, tout d’abord, mais également de celle des partenaires techniques et financiers, y compris les institutions financières internationales ».

Contribution conséquente de l’Etat congolais

Pour sa part, le gouvernement central s’est engagé à disponibiliser 30.000.000 de dollars américains, selon le vice-Premier ministre Nyembo qui précise que sa « répartition sera à considérer dans le cadre des travaux du Secrétariat technique ».

Côté onusien, le coordonnateur résident Bruno Lemarquis a salué « le travail mené par le système des Nations unies, afin de concrétiser leur contribution à la mise en œuvre de la Feuille de route, par le biais du Plan d’appui des Nations Unies à la transition au Sud-Kivu, à hauteur de 23 millions de dollars », avant de préciser que « le gap financier qui reste à combler est donc raisonnable pour cette année ». La période de sa mise en œuvre est d’une année, à compter du 1er juillet 2024.

Soutien de la société civile pour la réussite de la transition

Maître Nene Bintou, présidente du Bureau de coordination de la société civile, estime que « le désengagement de la MONUSO doit correspondre au réengagement du gouvernement congolais ». D’où sa satisfaction au vu des efforts de l’Etat « à contribuer à ce que la Feuille de route soit effective ».

« Nous, jeunes de la province du Sud-Kivu, nous approprions la Feuille de route et nous serons là pour l’accompagner », a indiqué, pour sa part, Joëlla Sambo, présidente du Conseil provincial de la jeunesse au Sud-Kivu. Selon elle, « il y a beaucoup d’organisations de jeunes qui mènent des actions, dans les quatre domaines d’intervention énumérés ».

Pour le coordonnateur résidant du système des Nations unies en RDC, Bruno Lemarquis, « la transition au Sud-Kivu a le potentiel de devenir un prototype innovant de coordination programmatique, thématique et budgétaire et de fournir de nombreuses leçons positives, pour la suite du processus de retrait de la MONUSCO, mais également pour les processus de transition de missions de maintien de la paix dans d’autres pays ».

Le Sud-Kivu sert donc de province pilote dans la mise en œuvre du plan d’appui des Nations Unies, pour l’accompagnement de la transition après le départ de la MONUSCO.