Absence de prison : un déficit notoire dans la lutte contre l’impunité dans le Bas-Uélé

18 déc 2013

Absence de prison : un déficit notoire dans la lutte contre l’impunité dans le Bas-Uélé


Kisangani, 17 décembre 2013 - Le district du Bas-Uélé en province Orientale vit encore un des moments difficiles liés à l’impunité dont "jouissent" un nombre important de violeurs des droits de l’homme. Pas de prison digne de ce nom ni à Buta, chef-lieu de district, ni dans les cinq autres territoires de ce même district. Les personnes condamnées sont libres de rester dans une maison de détention de fortune tenant lieu de prison ou de s’évader. La population crie son ras le bol et appelle la MONUSCO à la rescousse.

Le 20 décembre 2013, la petite Sostaine aura un an. Mais déjà, elle a été violée le 13 novembre par un homme de 25 ans. Ce viol s’est passé à Maliputa, à 15 km de Buta, dans la chefferie Guru, au moment où la mère de ce bébé de 12 mois est allée puiser de l’eau.

Le violeur a été certes appréhendé par la police pour être jugé conformément à la loi, mais il ne s’inquiète pas, puisqu’il sait qu’il ne purgera pas sa peine, faute d’une prison normale dans ce secteur.

A cela s’ajoute le cas de Boniface qui, dans la nuit du 6 novembre 2013 dans un hameau à 7 km de Buta, a poignardé sa femme qui lui a refusé un rapport sexuel. Arrêté par la police, condamné par la justice et détenu dans ce qu’on appelle "prison" à Buta, il s’est évadé le lendemain.

Il en est de même pour plusieurs autres personnes, auteurs d’infractions ou de crimes, condamnés mais qui circulent librement dans les six territoires que compte le Bas-Uélé, après leur vasion. « L’absence d’une vraie prison dans notre district donne libre cours à l’impunité… Surtout les plaignants, les victimes et les défenseurs des droits de l’homme sont dans l’insécurité quand ils retrouvent dans la cité le lendemain une personne contre qui une plainte a été déposée et condamnée par la justice », se plaint Patric Awata, activiste des droits humains et membre de la société civile à Buta.

Depuis des années, c’est un ancien dépôt de coton, en état de délabrement avancé et propriété privée de la défunte société CODENOR qui sert de lieu de détention des personnes condamnées par la justice dans le Bas-Uélé, personnes communément appelées à Buta "prisonniers volontaires ou de bonne foi".

Profitant d’une descente sur le terrain à Buta dans le cadre des 16 jours d’activisme des Nations Unies contre les violences sexuelles et de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, une équipe conjointe de la MONUSCO conduite par le Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) a sensibilisé le comité local de sécurité, le personnel de la justice civile et militaire du district et les membres de la société civile pour le renforcement de la lutte contre l’impunité dans cette partie de la province Orientale. L’équipe a relevé que le Bas-Uélé demeure encore un cas particulier avec l’absence d’une prison moderne, une chaine pénale en mal de fonctionnement en raison de la corruption et le tribunal de Buta n’existe que de nom depuis des mois à cause de l’insuffisance du nombre de juges.

Dans le cadre de ses projets à impact rapide, la MONUSCO, à travers ses sections Pénitentiaires et Appui à la Justice à Kisangani, s’active déjà pour que, dans un délai raisonnable, le district du Bas-Uélé soit doté d’une prison adéquate afin que les condamnés purgent normalement leur peine.

Codjo Houegniglo/ MONUSCO