Adama Dieng : « Il n’y a pas de génocide au Kasaï »

Adama Dieng :  « Il n’y a pas de génocide au Kasaï »
24 juin 2017

Adama Dieng : « Il n’y a pas de génocide au Kasaï »

Au terme de sa visite de 5 jours en République démocratique du Congo, le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Prévention du Génocide, Adama Dieng, a déclaré samedi 24 juin 2017 à Kinshasa, avoir été choqué par l’extrême violence dans le Grand Kasaï. S’exprimant au cours d’une conférence de presse tenue au Quartier général de la MONUSCO, M. Dieng a invité les autorités et tous les acteurs de la crise de cette partie du territoire congolais à tout mettre en œuvre pour que cesse cette violence et surtout pour que ses auteurs rendent compte de leurs actes devant la Justice.

Adama Dieng a bouclé, le  samedi 24 juin 2017, sa visite de cinq jours en RDC. Visite au cours de laquelle le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du Génocide s’est rendu à Kananga et Tshikapa dans le Grand Kasaï. Dans ces deux Capitales provinciales, M. Dieng a échangé avec les autorités provinciales, la Société civile, les leaders religieux, les activistes des Droits de l’Homme ainsi qu’avec des victimes de la violence qui secoue cette partie du territoire congolais depuis bientôt un an, avec les exactions de la milice Kamwina Nsapu mais aussi a-t-il dit, « l’usage disproportionné de la force par certaines Unités des forces de l’ordre ». Avec pour corollaires : des pillages, viols, incendies de maisons, déplacements massifs de populations, etc.

Pour le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du Génocide qui s’adressait à la presse à Kinshasa le samedi 24 juin 2017, sa visite dans la région du Kasaï « a malheureusement confirmé mes préoccupations. L’étendue des atrocités, des destructions et des souffrances infligées aux populations civiles, par les miliciens de la mouvance Kamwina Nsapu, des éléments de forces nationales de sécurité, et des groupes dits d’auto-défense, mobilisés sur base ethnique ou pour des règlements de compte, est tout simplement révoltante. J’ai été particulièrement touché par les témoignages des victimes et de leurs familles, qui m’ont décrit ce qu’elles ont subi, les décapitations de leurs proches, les décapitations de représentants de l’Etat, des exécutions sommaires en grand nombre, y compris de femmes et d’enfants, mais aussi le pillage de leurs biens ».

 Et d’ajouter qu’ « Il n’y aura pas de paix dans le Grand Kasaï sans la justice. Ce qui importe, c’est d’identifier les auteurs de cette violence pour qu’ils rendent compte devant la Justice ». M. Adama Dieng s’est félicité de ses entretiens avec les autorités congolaises, dont le Premier ministre et le Ministre de l’intérieur. A tous, il a réitéré son souhait de voir mis fin à cette violence aveugle et surtout, plaidé pour la tenue d’un Forum de paix et de réconciliation. Au moment où la RDC est, selon lui, à un moment critique de son histoire, avec des élections à venir, le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du Génocide a invité le Gouvernement, l’Opposition, la Société civile, bref, les Congolais dans leur ensemble, à tout mettre en œuvre pour arrêter cette violence.
 A la question de savoir si ce qui se passe au Grand Kasaï peut être qualifié de génocide, Adama Dieng s’est voulu catégorique : « il n’y a pas de génocide dans le Kasaï. Il y a une violence à laquelle on doit mettre fin immédiatement ».

Pour ce faire, Adama Dieng estime qu’il « est urgent de réduire aujourd’hui la militarisation de la réponse gouvernementale, et de privilégier la voix du dialogue avec toutes les parties au conflit, pour ouvrir l’accès humanitaire, obtenir la libération des enfants mobilisés par les milices, faciliter un programme de désarmement civil et progresser vers le règlement non-violent du conflit ». Enfin, Adama Dieng a promis que son Bureau restera actif sur le dossier Kasaien ainsi que sa disponibilité à travailler avec tous les Congolais pour accompagner la Transition vers la tenue d’élections libres, non-violentes et démocratiques. 

Par Jean-Tobie Okala/MONUSCO