Beni : la société civile s’engage à vulgariser le plan de transition de la MONUSCO

Les participants à la rencontre demandent à la MONUSCO de communiquer davantage afin de vulgariser au mieux le plan de transition. / Photos MONUSCO

7 mai 2023

Beni : la société civile s’engage à vulgariser le plan de transition de la MONUSCO

Jean-Tobie Okala

«La transition est en marche, la MONUSCO est en train de partir du Congo. Cela est acté. Nous venons de fermer nos bureaux au Tanganyika et à Tshikapa. Ici même à Beni, nous venons de fermer trois bases militaires à Mamove, Mutwanga et Kamango. Le plan de transition est en cours d'exécution». 

C'est ce qu'a déclaré James Tsok Bot, directeur de la division des Affaires civiles de la MONUSCO, le 4 mai dernier à Beni-ville devant les représentants d'une douzaine d’organisations de la société civile de la ville et du territoire de Beni.

James Tsok Bot dit être venu évaluer le niveau de collaboration avec ces structures citoyennes d'une part; et d’autre part pour échanger avec différents acteurs sur le plan de transition en vue du départ programmé de la MONUSCO du Congo.

Au cours des échanges, il a sollicité l'implication de la société civile dans la vulgarisation de ce plan conjointement élaboré par le gouvernement congolais et les Nations Unies. Il a invité la société civile à être actrice et non spectatrice de ce processus : « Pour ce travail de suivi et d'évaluation des priorités et des indicateurs de ce plan, nous souhaiterions que vous soyez actifs ; engagez des discussions avec les autorités, organisez-vous en tant qu'acteurs, donnez la bonne information aux populations et appropriez-vous ce plan de transition ».

Pour un départ responsable et graduel

Si le message a bien été reçu par les participants à la rencontre, ces derniers ont de leur côté demandé à la MONUSCO de communiquer davantage pour vulgariser ce plan. Ils ont rappelé combien il est important de ne pas « brusquer le départ de la MONUSCO, juste pour faire plaisir à certains ».

Noella Katongerwaki est coordonnatrice de l’ONG locale CAFVU, Collectif d’Actions des Femmes pour les Vulnérables. Elle invite à son tour le gouvernement congolais et la MONUSCO à vulgariser eux aussi ce plan de transition dont peu ont entendu parler.

« La population n’a pas d’informations claires par rapport à ce plan et au départ annoncé de la MONUSCO. C’est à nous, société civile, de sensibiliser cette population ; mais aussi au gouvernement de le faire, parce que c’est la MONUSCO et le gouvernement qui ont élaboré ce plan de sortie. Nous comprenons que la sortie ne sera pas brusque, mais graduelle. La MONUSCO va partir progressivement et c’est à nous, société civile, d’expliquer cela à la population ».

Ne pas entraver le travail de la MONUSCO

Si le départ de la MONUSCO est acté, pour autant la Mission onusienne a un mandat qu’elle continue d’exécuter jour après jour. Dans des conditions difficiles dues entre autres à la désinformation et la manipulation de certaines couches de la population à qui on fait croire le contraire du travail de la MONUSCO. Noella Katongerwaki demande à ceux-là de ne pas se tromper de cible et surtout de permettre à la MONUSCO, « invitée du peuple congolais », de faire son travail d’appui aux autorités.

« Avec la MONUSCO, nous sensibilisons les populations à comprendre le processus de son retrait de la RDC. Mais même sans la MONUSCO, nous organisons seuls des sensibilisations. Nous demandons à ces populations de ne pas menacer la MONUSCO, de ne pas entraver son travail et d’attendre son départ. Parce que notre gouvernement a signé des accords avec la MONUSCO, et il faut les respecter. Nous devons dialoguer avec les communautés pour expliquer ce retrait progressif de la MONUSCO ».

Préserver les acquis de la présence de la MONUSCO

Chacun devra donc jouer sa partition pour expliquer aux populations qu’une Mission ne peut ranger ses avions, hélicoptères, matériel roulant, biens immobiliers et autres en une journée et mettre la clé sous le paillasson. C’est bien pour cela que l’on parle de processus, de départ ordonné, progressif et graduel. Dans le cas contraire, affirme Noella Katongerwaki, il y a risque de perte des acquis de la présence de la MONUSCO.

« Nous sommes dans une zone opérationnelle, la MONUSCO appuie la PNC et les FARDC, du point de vue logistique et de différentes manières… Aujourd’hui, la MONUSCO est en train de construire de grands bâtiments au profit de la Police nationale congolaise au niveau de la ville et du territoire de Beni ; elle a construit un camp de militaires ici à Beni, tout le monde le sait, ici à Mayangose. Il y a tellement d’appuis de la part de la MONUSCO… C’est progressivement que la MONUSCO va partir ».

Et de s’interroger par rapport à ceux qui demandent une date précise pour ce départ annoncé : « Oui, certains demandent une date pour ce départ, mais est-ce que, avec la situation actuelle caractérisée par des attaques des ADF, c’est le moment de précipiter le départ de la MONUSCO ? Nous autres sommes pour un départ ordonné, graduel et responsable de la MONUSCO du pays, pour ne pas entraver les acquis qui sont là».