Beni : le contingent tanzanien assiste des malades déplacés internes à l’hôpital de Mbau

Cette assistance composée, entre autres, de produits pharmaceutiques vise à soulager quelque peu les souffrances d’une population paupérisée par des années de guerre. / Photos MONUSCO

28 aoû 2023

Beni : le contingent tanzanien assiste des malades déplacés internes à l’hôpital de Mbau

Jean-Tobie Okala

Au cours d’une visite organisée vendredi 25 août 2023 au centre médical La Grâce de Mbau, localité située à une vingtaine de kilomètres de Beni dans la province du Nord-Kivu, la MONUSCO - à travers ses soldats de la paix - a apporté une assistance suite au plaidoyer mené par le médecin responsable de ce dispensaire qui héberge une soixantaine de malades. Cette assistance vise également à atténuer les souffrances des malades, lesquels malades sont composés majoritairement de déplacés de guerre manquant de tout.

« C’est un geste louable ; nous avons une carence en médicaments. C’est un besoin réel parce que la majorité des patients sont des déplacés. C’est à notre demande que ces casques bleus sont venus ici », se félicite le docteur Charles Sadi, médecin responsable du centre médical La Grâce à Mbau, pour qui cette assistance « arrive à point nommé ».

Fructueuse collaboration

Dalmas Kakule Nzingene est le rapporteur de la société civile dans le secteur de Beni-Mbau. Pour lui, ce geste humanitaire est l’une des preuves de la bonne collaboration entre la MONUSCO et la population, victime des affres de la guerre : « Cette assistance prouve la collaboration entre la population et la MONUSCO, qui a compris à quel point la population vit dans la misère. Nous remercions grandement ces casques bleus pour ce geste au regard de la souffrance de la population ».

Dalmas Kakule souhaite que la paix revienne dans son secteur afin que les enfants vivent aussi comme ceux des autres régions du pays qui connaissent la paix car, dit-il, « la population est fatiguée de cette guerre interminable qui l’empêche d’avancer ». Fier de son rôle d’acteur social, il rappelle ici la contribution de la société civile au retour de la paix dans la zone : « Nous aidons beaucoup les services de sécurité pour ramener la paix dans notre région, à travers les mécanismes d’alerte précoce [mis en place par la MONUSCO]. Nous alertons toujours les autorités en temps réel, quand il y a des mouvements suspects, des victimes, ou même des attaques. Aux autorités d’apporter des réponses à ces alertes de la société civile ».

Une autre guerre à mener : les violences sexuelles

La visite s’est achevée par un échange entre des femmes casques bleus de la MONUSCO et une trentaine de femmes locales. L’échange a porté sur les violences sexuelles dont sont victimes les femmes de Mbau. Très peu osent les dénoncer, à cause de la honte, par peur de leurs maris. Les femmes casques bleus de la MONUSCO les ont invitées à briser le mur du silence pour dénoncer toutes les formes de violences sexuelles dont elles feront désormais l’objet dans la communauté ou leurs foyers. De quoi redonner le moral à ces femmes, comme l’affirme Masika Kivakwa, chargée de la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre à Mbau : « Elles nous ont donné beaucoup de conseils, nous avons acquis beaucoup de connaissances. Elles ne savaient pas qu’elles pouvaient dénoncer leurs problèmes, à cause de la peur de leurs maris. Je pense qu’elles vont changer de comportement après cette sensibilisation, elles vont désormais dénoncer, même à leurs amies proches qui. Nous avons beaucoup de cas de violences sexuelles ici, surtout aux champs. Malheureusement, nous les écoutons seulement, nous manquons de moyens pour les encadrer. Nous les détraumatisons seulement par des conseils ».

Cette assistance est composée, entre autres, de produits pharmaceutiques. Elle vise à soulager quelque peu les souffrances d’une population paupérisée par des années de guerre. Neema Neligwa est major au sein du contingent tanzanien de la MONUSCO : « Nous avons jugé utile d’apporter cette assistance dans cette structure sanitaire qui se trouve dans notre zone opérationnelle où nous nous battons chaque jour aux côtés de nos frères et sœurs congolais pour restaurer la paix. Et la paix va de pair avec les besoins primaires de la population ».