Bukavu : Forum interprovincial sur la persistance des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu

Bukavu : Forum interprovincial sur la persistance des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Photo MONUSCO/Alain Likota

17 sep 2018

Bukavu : Forum interprovincial sur la persistance des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu

Alain LIKOTA

 

 

Bukavu, le 13 septembre 2018 - Du 12 au 13 septembre 2018 s’est tenu à Bukavu le forum sur la persistance des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Lancé par Hilaire Kasosa Kikobya, Vice-Gouverneur du Sud-Kivu, l’activité s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Internationale de Soutien à la Sécurité et à la Stabilisation (ISSSS) mise en œuvre par le Programme National de Stabilisation et de Reconstruction (STAREC) et l’Unité d’Appui à la Stabilisation (UAS) de la MONUSCO.

 

Le forum de deux jours a réuni des représentants des communautés de Kalehe, Masisi et Walikale, les gestionnaires des provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu ainsi que des acteurs du niveau central dont des représentants de la Présidence de la République, de l’Assemblée Nationale, de l’Unité d’Exécution du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (UEPNDDR), ainsi que des experts militaires et civils autour de la question des groupes armés dans ces deux provinces.

 

Environ 132 groupes armés encore actifs sont comptés dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu. Un nombre important de ces groupes opère dans le triangle Kalehe (Nord du Sud-Kivu), Masisi et Walikale (Sud du Nord-Kivu), trois territoires choisis comme pilotes pour ces réflexions visant, entre autres, à dégager des approches alternatives susceptibles de renforcer le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des éléments des groupes armés. Ce sont aussi des zones où sont exécutés des projets de stabilisation par des partenaires internationaux comme ONU-Habitat et des ONG nationales dont Action pour la Paix et la Concorde (APC).

 

La tenue de ce forum trouve pleinement son sens car, comme l’a reconnu le vice-gouverneur Hilaire Kikobya, « la recrudescence des groupes armés et l’insécurité qui persistent dans nos deux provinces mettent en évidence l’impact limité des interventions de stabilisation » entreprises jusqu’à ce jour. Hilaire Kikobya a cité l’approche des opérations militaires, l’approche politique ou diplomatique (des dialogues et conférences sur la paix), l’approche de proximité telle que le processus DDR… Toutes, des approches qui ne sont pas parvenues à démanteler complètement les groupes armés à l’Est de la République Démocratique du Congo.

 

Selon Karna Soro, Chef de Bureau de la MONUSCO Sud-Kivu et Maniema, le Forum est l’occasion, « en toute humilité, de relire ce que nous faisons ensemble comme partenaires afin de mettre fin à la persistance de ces groupes armés, de revoir la stratégie, de revoir le concept, de nous entendre sur ce qu’il faut corriger et, ensemble, de venir avec des solutions nouvelles qui permettent à ces populations-là une fois pour toutes de pouvoir vivre dans la paix. »

 

Pour plusieurs observateurs, si certaines actions ou opérations vis-à-vis des groupes armés ont porté des fruits, globalement les approches jusque-là utilisées ont échoué quant à l’éradication effective de ces groupes. Aussi fallait-il harmoniser la compréhension des participants sur les causes profondes de la persistance de ces groupes nuisibles sur plus d’un plan. Parmi les causes de l’échec évoquées, il y a le fait que les actions menées contre les groupes armés n’ont pas pris en compte les « tireurs de ficelles » qui, selon les participants, ne sont pas en brousse mais tout près de nous ou avec nous, dans les villes, dans les centres de décisions. La non-implication des communautés locales dont sont issus des membres des groupes armés a également corrodé les efforts. D’autres défis tiennent du refus pour les membres des groupes armés de suivre le long processus DDR à Kamina et Kitona suite aux conditions difficiles ainsi que de l’insuffisance des initiatives d’encadrement socio-professionnel, sans oublier la réconciliation entre démobilisés-victimes-communauté.

 

A l’issue du forum, des innovations quant à l’approche et aux actions à mener ont été proposées sous forme d’une feuille de route, qui doit être validée aux niveaux provinciaux et national, avant de muer en arrêté interministériel. Le but ultime de la feuille est d'obtenir du Gouvernement central qu'il valide l'option d'un DDR à base communautaire. Un Comité Interprovincial devrait être rapidement constitué pour la mise en œuvre et le suivi de la feuille de route.

 

Déjà, le ministre provincial du Plan et coordonnateur du Programme STAREC au Sud-Kivu Muller Ruhimbika appelle à l’implication de toutes les parties prenantes dans la démobilisation des ex-combattants. De son côté, le Chef de Bureau de la MONUSCO Sud-Kivu et Maniema Karna Soro a rappelé que la Mission onusienne travaille avec les autorités congolaises et persistera à leurs côtés jusqu’à trouver une solution.