Bunia : des élèves sensibilisés à la politique de tolérance zéro des Nations Unies à l'égard de l'exploitation et des abus sexuels

Cette sensibilisation vise à éveiller la conscience de jeunes enfants et adolescents par rapport au phénomène d’exploitation et abus sexuels. Photo MONUSCO / Jean-Tobie Okala

18 mai 2022

Bunia : des élèves sensibilisés à la politique de tolérance zéro des Nations Unies à l'égard de l'exploitation et des abus sexuels

Jean-Tobie Okala

La MONUSCO et le réseau communautaire de mécanismes de rapportage des plaintes des cas d'exploitation et d'abus sexuels (CBCN) ont sensibilisé, mardi 17 mai 2022, les élèves de cinq écoles du quartier Bankoko à Bunia, en Ituri, à la politique de tolérance zéro à l'égard de l'exploitation et des abus sexuels commis par le personnel des Nations Unies.  

Cette sensibilisation entre dans le cadre de la campagne mondiale des Nations Unies appelée "Honouring our values" qui vise la prévention contre l'exploitation et les abus sexuels (EAS ou SEA de son acronyme anglais). L’activité s’est déroulée dans la cour de l’école Andisoma, à 3 km du centre de Bunia. Un endroit dont le choix se justifie par sa proximité d'avec un camp militaire qui héberge plusieurs contingents de casques bleus de la MONUSCO.  

« Certaines filles qui fuient l'école vont flâner autour du camp Ndoromo situé à 30 mètres d’ici, ce qui les expose à des risques de SEA. Il y a aussi le cas des jeunes garçons qu'on appelle PIMP en anglais : ce sont des sortes de commissionnaires du sexe qui servent d'intermédiaires entre certains agents de la MONUSCO et ces jeunes filles », déplore Marie Kabazaire, présidente du Réseau communautaire de mécanismes de rapportage des plaintes des cas d'exploitation et d'abus sexuels CBCN. 

Eveiller la conscience des jeunes 

Pour elle, cette sensibilisation vise à éveiller la conscience de ces jeunes enfants par rapport au phénomène des SEA, à prévenir ce fléau et, surtout, à savoir le dénoncer s’ils en sont témoins ou victimes. 

« L'objectif de cette activité est de prévenir les cas de SEA, à travers des sketchs ou la musique qui véhiculent des messages du genre : n'échangez pas votre corps contre de l'argent ou du travail, résistez et gardez votre dignité, dénoncez toute tentative de SEA... Pensez à votre futur, les enfants doivent garder leurs valeurs, quelle que soit la difficulté du moment », explique-t-elle. 

Marie Kabazaire veut aussi mettre ces jeunes en garde contre les maladies qu’ils peuvent attraper en plus des grossesses non désirées lors de ces rapports sexuels qui, selon elle, peuvent impacter irrémédiablement leur avenir. 

Ces messages ont été plutôt bien accueillis par la centaine d'élèves présents à cette cérémonie. « J’ai vraiment aimé cette sensibilisation. J’ai appris que les abus sexuels veulent dire coucher avec quelqu’un en retour d’une chose, un travail, un vêtement, de l’argent… Avant je ne le savais pas, même dans notre avenue, les gens ne savent pas que les agents de la MONUSCO sont strictement interdits de faire ce genre des choses avec les filles congolaises ou avec les prostitués de la RDC », explique Papiki Mwayuma, 16 ans, élève au complexe scolaire Maendeleo, à Bunia. A présent avertie, elle prend l’engagement de sensibiliser à son tour sa famille et ses amies du quartier où elle habite. 

« A partir d’aujourd’hui, j’ai bien compris que c’est interdit. Aujourd’hui, dès que je rentre chez nous, je vais d’abord informer ma grande-sœur, ma mère, et puis je vais sortir dans les avenues pour passer ce message », ajoute-t-elle. 

La sensibilisation s'est clôturée par un questionnaire qui a permis aux organisateurs de vérifier le niveau de connaissance de ces élèves en matière de SEA et de procédure de référencement des cas.